Bilan de l'année scolaire de l'Association des psychologues du Québec : L'austérité en santé mentale est maintenant permanente dans nos écoles
MONTRÉAL, le 15 juin /CNW Telbec/ - Une fois de plus, nous devons malheureusement constater que l'année scolaire qui se termine fut marquée par un manque de psychologues et de services psychologiques pour nos jeunes. Les effets de ce manque de ressources sont multiples tant sur la prévention/promotion de la santé mentale que sur le dépistage précoce des jeunes ayant un trouble sur le spectre de l'autisme ou une déficience intellectuelle sans compter les délais de plus en plus longs pour l'évaluation des élèves et l'absence d'interventions psychologiques. Dre Mme Salha Saïda de l'Association des psychologues du Québec résume la situation ainsi : « Les psychologues scolaires ne peuvent pas aller vers les clientèles vulnérables et encore moins vers les jeunes en général pour parler de santé mentale car ils sont constamment occupés à gérer des urgences parfois de nature administrative ».
La fin des embauches malgré l'augmentation des clientèles et des enfants ayant des besoins spécifiques, l'abolition et la transformation des postes de psychologues, le non-remplacement des congés et des départs à la retraite et le recours au privé ne sont que quelques exemples des choix privilégiés par certaines commissions scolaires « Il n'y a aucune économie qui est faite quand on laisse se dégrader la santé mentale de nos jeunes les plus vulnérables et qu'on ne se donne pas les ressources pour prévenir leur décrochage. Les choix des décideurs ont des impacts considérables sur nos jeunes, leur famille et à terme, sur l'ensemble de la société. » de déclarer Dre Saïda.
En septembre prochain, rien ne changera.
Bien que le ministère de l'Éducation ait annoncé des réinvestissements importants en faveur des services aux élèves, nous n'assistons pas à une vague d'embauche de psychologues scolaires pour l'année 2017-2018. À titre d'exemple, selon les plans d'effectifs rendus publics il y a quelques semaines, la CSDM prévoit une augmentation de seulement 1 poste de psychologue pour la prochaine année. En comparaison, dans le même plan d'effectifs, on y prévoit 27 psychoéducateurs de plus et 76 éducateurs spécialisés. La CSMB ne fait pas mieux avec ses 3 postes de plus.
Or, la santé mentale et le bien être d'un enfant est une condition sine qua none de sa réussite scolaire. Il n'est pas donc malaisé de faire le lien entre réussite scolaire et accessibilité aux services psychologiques. Le bien être affectif a un caractère fondamental dans l'apprentissage des jeunes enfants[1]. Force est de constater que la situation dans les écoles du Québec est tout autre. Nos jeunes aux prises avec la radicalisation religieuse comme nos enfants qui vivent le décrochage se heurtent au manque voire absence de services psychologiques dans les écoles. Les listes d'attente s'étendant sur un à deux ans dans les milieux scolaires pour une évaluation d'une difficulté d'apprentissage ou d'un trouble sur le spectre de l'autisme ou encore de difficultés affectives en sont l'expression. Le ministère et les commissions scolaires semblent ignorer même l'ampleur et probablement aussi la nature des besoins de leurs élèves en difficulté[2].
Ainsi, si votre enfant est en situation de handicap ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, ce n'est malheureusement pas l'année prochaine où vous verrez les choses s'améliorer. « La fin de l'austérité annoncée par nos décideurs politiques ne sera pas une réalité pour les jeunes ayant besoin de services psychologiques. Nous avons encore une fois la preuve que la santé mentale n'est pas la priorité des décideurs qui oublient trop souvent qu'un psy n'est pas un luxe! » de conclure Dre Saïda.
[1] Vers un juste équilibre : pour promouvoir la santé mentale et le bien être des élèves. Ministère de l'éducation de l'Ontario, 2010-11 |
SOURCE Association des psychologues du Québec
Mme Salha Saïda, [email protected], Tel : 514-652-2909
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