Les «voies ensoleillées» s'assombrissent : le gouvernement de Justin Trudeau fait du surplace et laisse craindre pour la suite
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Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)22 mars, 2017, 17:16 ET
OTTAWA, le 22 mars 2017 /CNW Telbec/ - Si le Budget fédéral de 2016 avait ouvert la porte à un changement important quant la politique budgétaire canadienne, le Budget 2017 donne l'image d'un gouvernement qui repousse une fois de plus la réalisation du plan structurant pour l'économie qu'il a fait miroiter.
«Le gouvernement annonce un déficit de 28,5 milliards de dollars. En s'obstinant à maintenir celui-ci sous la barre des 30 milliards, il ne parvient pas à déployer un plan cohérent, voire un plan tout court. Le gouvernement se contente plutôt de mesures fragmentées et excessivement timides, qui ne tirent pas suffisamment profit de la marge de manœuvre budgétaire dont il bénéficie étant donné la faiblesse de son endettement - 31,6% du PIB - et le niveau historiquement bas des dépenses gouvernementales, soit 14,4% du PIB. D'ailleurs, il aurait pu dépenser davantage sans accroitre l'ampleur du déficit, par exemple en imposant pleinement les gains en capitaux qui profitent principalement aux plus nantis de la société.
«De plus, le budget ne donne aucun nouveau détail sur la Banque de l'infrastructure du Canada que le ministre Morneau avait annoncée lors de la mise à jour économique de décembre. Le flou entretenu relativement aux modalités de fonctionnement laisse craindre le pire étant donné qu'il est déjà établi que les investisseurs privés y joueront un rôle accru. Cette nouvelle BIC pourrait marquer une accélération importante de la privatisation des infrastructures canadiennes, ce qui entraînerait un coût plus élevé pour les utilisateurs et utilisatrices, ainsi que pour les finances publiques. En outre, cela orientera leur développement sur des impératifs de rentabilité plutôt que sur les besoins réels de la population.
«Le gouvernement se vante dans son budget de promouvoir les énergies propres et de combattre les changements climatiques. Or, il déçoit de nouveau à ce chapitre. Il réduit ses dépenses de 750 millions cette année et 500 millions l'année prochaine dans la prévention des changements climatiques, et supprime le crédit d'impôt pour le transport en commun, qui prive les contribuables de 150 millions. En ajoutant dans l'équation la question des pipelines ainsi que la reconduction des subventions de 1,5 milliard à l'industrie liée aux combustibles fossiles, l'action gouvernementale en environnement se limite visiblement aux relations publiques.
«Le budget déposé aujourd'hui ne propose que des mesures de faible envergure qui ne permettent pas de donner corps à une transformation attendue de l'économie canadienne. Plutôt que de livrer la marchandise, le gouvernement Trudeau fait du surplace. Pire, il entretient un flou qui laisse craindre quant à l'existence même d'un plan, tout en ouvrant la porte à une vague de privatisation», affirme Guillaume Hébert, chercheur à l'IRIS.
SOURCE Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)
Gabrielle Brais Harvey, responsable aux communications, 438 862-6662, [email protected]
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