« Le Québec doit s'attaquer au défi de la décarbonation du transport de marchandises », affirme le Comité consultatif sur les changements climatiques
QUÉBEC, le 20 sept. 2023 /CNW/ - La rentrée amène son lot de congestion et le transport des marchandises y contribue. Dans les grands centres, un camion lourd peut avoir jusqu'à sept fois plus d'impact sur la fluidité de la circulation qu'un véhicule de passagers. Les impacts sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont tout aussi significatifs. Les émissions de GES du transport routier de marchandises sont en forte croissance au Québec, ayant augmenté de 61 % entre 1990 et 2021. À eux seuls, les véhicules lourds routiers contribuent à 8,7 % des émissions totales du Québec.
Dans ce contexte, le Comité consultatif sur les changements climatiques (le Comité) rend public un avis, transmis au ministre responsable de la Lutte contre les changements climatiques, M. Benoit Charette. Le Comité recommande au gouvernement de faire preuve d'innovation pour rendre le transport des marchandises cohérent avec les objectifs de décarbonation, tout en répondant aux besoins des communautés sur l'ensemble du territoire.
Si des décennies d'investissements favorisant le camionnage ont augmenté le niveau de difficulté dans la décarbonation du transport de marchandises, le Comité est d'avis qu'il est encore possible d'emprunter la voie d'un avenir durable qui doit s'inscrire dans une trajectoire de carboneutralité.
Décarboner par l'approche réduire, transférer, améliorer (RTA)
Comme l'explique le président du Comité, le professeur Alain Webster, « la logique RTA est l'approche à privilégier dans le transport des marchandises, comme c'est le cas dans la Politique de mobilité durable - 2030 du gouvernement du Québec et dans la plupart des recommandations traitant de transport à l'échelle internationale. Appliquée au transport routier des marchandises, cela signifie qu'il faut réduire les déplacements par camion par des mesures d'écofiscalité et d'économie circulaire, effectuer un véritable transfert modal vers le train et le bateau et, pour les autres besoins de déplacement, améliorer les flottes de véhicules pour les décarboner, notamment par l'électrification. »
Dans son avis, le Comité formule un ensemble de recommandations visant à renverser des tendances lourdes :
- Instaurer, dans les meilleurs délais, une contribution kilométrique dans le transport routier de marchandises;
- Mettre en œuvre une stratégie ferroviaire et maritime favorisant un important transfert modal;
- Prioriser le transport de courte et de moyenne distance dans les efforts d'amélioration du transport de marchandises;
- Adopter une feuille de route sur le développement de l'économie circulaire pour contribuer à la réduction de la demande de transport;
- Accroître la capacité de planification et de réglementation du gouvernement du Québec en matière de décarbonation du transport.
La professeure Catherine Morency précise que « l'instauration d'une contribution kilométrique dans le transport routier des marchandises rend patent l'impact de chaque kilomètre parcouru sur le réseau; une telle mesure est un incitatif à l'optimisation du transport des marchandises et peut contribuer significativement à la réduction du kilométrage parcouru et des déplacements par camions, ce qui permet de faire des gains en termes de réduction de GES, de réduction de la congestion et de réduction des coûts économiques et de santé associés à ces déplacements ».
Pour la professeure Annie Levasseur, l'importance de « réduire nos besoins globaux de transport nécessite de revoir nos choix de consommation qui ont un impact direct sur les émissions de GES. Cela se traduit par une plus grande sobriété matérielle, une priorité accordée à la consommation de biens et services locaux et le développement d'une économie circulaire contribuant à réduire l'empreinte matérielle de nos choix de consommation. »
Finalement, le professeur Webster souligne « la contribution essentielle du transfert modal pour les déplacements de moyenne et longue distance tant à l'échelle nationale que continentale. Un véritable changement de paradigme doit alors s'opérer pour réorienter nos énergies et nos choix budgétaires et favoriser enfin la substitution du transport routier par le transport ferroviaire et maritime, des modes de transport plus efficients et essentiels à l'atteinte de nos objectifs environnementaux et économiques ».
À propos du Comité
Le Comité consultatif sur les changements climatiques est un organisme permanent indépendant créé en vertu de la Loi visant principalement la gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques et à favoriser l'électrification. Il a pour mission de conseiller le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, à la demande de ce dernier ou de sa propre initiative, sur les orientations, les programmes, les politiques et les stratégies en matière de lutte contre les changements climatiques.
Liens connexes
- Avis : Décarbonation du transport lourd de marchandises : construire une voie durable
- Feuillet résumé
- Information sur le Comité
Source et information :
Matthieu Mondou
Comité consultatif sur les changements climatiques
Courriel : [email protected]
SOURCE Comité consultatif sur les changements climatiques
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