« Un moratoire sur la perte des milieux naturels et sur l'étalement urbain s'impose », affirme le Comité consultatif sur les changements climatiques
QUÉBEC, QC, le 9 mai 2022 /CNW Telbec/ - Le Comité consultatif sur les changements climatiques rend public un avis, transmis au ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, mettant de l'avant la nécessité de faire des choix d'aménagement du territoire compatibles avec l'objectif du Québec d'atteindre la carboneutralité et de renforcer sa résilience climatique. Réalisé dans le contexte de l'élaboration de la Politique nationale d'architecture et d'aménagement du territoire, cet avis soutient que la future politique doit marquer un tournant majeur par rapport aux pratiques antérieures et devenir un puissant outil de lutte contre les changements climatiques. Pour le Comité, il est ainsi nécessaire de renverser les tendances en cours au Québec en ce qui a trait à la perte de milieux naturels et à l'étalement urbain.
Trois principes-cadres orientent cet avis :
- Arrêter l'artificialisation du Québec méridional;
- Réduire la demande d'énergie et décarboner les secteurs des transports et des bâtiments;
- Renforcer la résilience de la société québécoise.
Ces principes font écho aux travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) qui souligne le rôle majeur que peuvent jouer les formes durables d'occupation du territoire dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), dans l'adaptation aux changements climatiques ainsi qu'en faveur de la protection des mécanismes naturels de stockage du carbone.
Le gouvernement du Québec et les municipalités doivent se mobiliser pour renverser la tendance à l'artificialisation de son territoire. Alors que le sud du Québec s'artificialise à un rythme 0,6 % par année, il est urgent de préserver, de restaurer et de valoriser les puits de carbone que constituent les milieux naturels et d'investir dans des solutions d'adaptation basées sur la nature.
Les choix d'aménagement, d'urbanisme et d'architecture doivent contribuer à réduire la demande en énergie et favoriser la décarbonation. Pour ce faire, il faudra consolider les milieux de vie, les structurer autour de services de proximité et offrir des solutions de mobilité viables et faibles en carbone. Il est essentiel de planifier de manière intégrée les projets de mobilité durable et de se doter des outils qui s'imposent pour prendre des décisions éclairées.
Le Comité souligne également qu'une politique d'aménagement du territoire prenant en compte adéquatement les risques climatiques croissants permettra d'accroître la résilience de la société québécoise et contribuerait à une gestion plus efficiente des investissements publics.
Dans cet avis intitulé « L'aménagement du territoire du Québec : fondamental pour la lutte contre les changements climatiques », le Comité formule ainsi un ensemble de recommandations visant notamment à :
- Préserver et restaurer les milieux naturels avec l'élaboration d'objectifs nationaux de conservation et de restauration, l'élaboration d'un plan d'action pour atteindre la cible de 30% d'aires protégées et l'application d'un moratoire sur tout changement de zonage induisant une perte de milieux naturels le temps de transposer ces objectifs nationaux à l'échelle régionale dans les schémas d'aménagement et de développement;
- Prioriser la mobilité durable par l'intégration d'infrastructures de transport actif, collectif et partagé dans les projets d'aménagement, par l'absence d'augmentation de la capacité autoroutière dans les six régions métropolitaines du Québec tant qu'un mécanisme public d'évaluation des interactions entre mobilité, urbanisme et offre de transport ne soit pleinement opérationnel pour éviter d'encourager l'étalement urbain et la dépendance à l'auto-solo et par des actions exemplaires de l'État dans la localisation des services publics;
- Soutenir la consolidation urbaine, la sobriété énergétique et la décarbonation du patrimoine bâti par une augmentation de la conversion et de l'efficacité énergétiques et le soutien à l'innovation dans le cadre de projets domiciliaires structurants;
- Accroître la résilience aux changements climatiques sur l'ensemble du territoire avec des objectifs clairs de réduction des risques, une accélération dans la mise en œuvre d'outils de planification et une revue systématique des normes, des codes, des règlements et des cadres normatifs sur le bâtiment et les infrastructures afin d'y intégrer l'obligation de considérer les changements climatiques;
- Renforcer les capacités d'actions en aménagement du territoire par l'augmentation des ressources à l'échelle locale et régionale, l'investissement dans la formation des professionnels, l'encouragement des innovations fiscales en milieu municipal qui reflètent les coûts réels du modèle d'urbanisation et par le soutien des activités de mobilisation et du leadership à l'échelle locale et régionale.
Pour le président du Comité, le professeur Alain Webster, « cet avis reprend un des messages forts du dernier rapport du GIEC : nous disposons des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement et accroître notre bien-être. Dans le domaine de l'aménagement du territoire, les tendances des dernières décennies ont exacerbé notre vulnérabilité face aux changements climatiques. La nouvelle politique d'aménagement du territoire doit contribuer à accélérer cette transition et favoriser la mobilisation de l'ensemble des acteurs régionaux dans cette nouvelle relation à notre territoire ».
Deux membres du Comité, les professeurs Jérôme Dupras et Catherine Morency, soulignent en particulier les importants effets de synergie découlant de pratiques d'aménagement renouvelées et à la hauteur de la crise climatique. Pour Jérôme Dupras, « en misant sur la consolidation urbaine, nous préservons les milieux naturels avec des gains essentiels en matière de puits de carbone et de biodiversité et nous faisons un choix économiquement avisé ». Pour Catherine Morency, alors que la dépendance à l'automobile est exigeante en énergie et qu'elle constitue une source de vulnérabilité financière pour les ménages et pour la société en général, « l'intégration des exigences de mobilité durable dans les politiques d'aménagement constitue une occasion de faire des gains dans tous les domaines. Le gouvernement a un rôle à jouer pour assurer que les décisions d'aménagement du territoire soient en adéquation avec les principes de la mobilité durable dans une perspective de transition juste. »
Le Comité consultatif sur les changements climatiques est un organisme permanent indépendant créé en vertu de la Loi visant principalement la gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques et à favoriser l'électrification.
Le Comité a pour mission de conseiller le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, à la demande de ce dernier ou de sa propre initiative, sur les orientations, les programmes, les politiques et les stratégies en matière de lutte contre les changements climatiques.
- Avis : L'aménagement du territoire du Québec : fondamental pour la lutte contre les changements climatiques
- Information sur le Comité
Matthieu Mondou
conseiller, Comité consultatif sur les changements climatiques
Courriel : [email protected]
SOURCE Comité consultatif sur les changements climatiques
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