15,5M$ de Québec pour les personnes en situation d'itinérance : les Auberges du cœur considèrent que ce n'est pas assez
MONTRÉAL, le 14 sept. 2023 /CNW/ - L'arrivée du rapport sur le dénombrement des personnes en situation d'itinérance au 11 octobre 2022 est enfin disponible. Force est de constater que le phénomène est loin de s'essouffler, que l'approche statistique déshumanise ses différentes facettes et que la réaction de l'État demeure inchangée : une enveloppe pour répondre à l'urgence.
L'annonce de nouvel argent pour aider les personnes en situation d'itinérance est toujours bienvenue. Toutefois, celle faite aujourd'hui par le ministre Lionel Carmant, ministre responsable des services sociaux, est décevante en ce qu'elle se concentre à agrandir le bassin de l'itinérance sans s'attarder à fermer le robinet. Il faut certes davantage de places en refuge pour soutenir et aider les personnes qui se retrouvent à la rue, mais encore faut-il s'attarder à prévenir ces situations. À ce titre, la somme de 15,5M$ annoncée par le gouvernement ne comblerait même pas le manque à gagner des Auberges du cœur qui, à elles seules, s'élève à 28M$ annuellement.
De plus, les refuges d'urgence sont peu fréquentés par certaines populations : les femmes, les personnes 2SLGBTQ+ et les jeunes, pour ne nommer que celles-ci. Pourtant, lors du dénombrement « Tout le monde compte 1» de 2018, on constatait que 50% des personnes vivant en situation d'itinérance au pays avaient vécu un premier épisode avant l'âge de 25 ans. La prévention est donc un important levier dans la lutte contre l'itinérance!
Bien sûr, l'itinérance est toujours une question de logement, mais ce n'est pas uniquement une question de logement. Il est important que le gouvernement respecte sa propre Politique de lutte à l'itinérance ainsi que son Plan d'action interministériel et qu'il finance une variété d'hébergement, de logements et de services d'accompagnement. Les jeunes ont besoin de mesures de prévention dès l'adolescence, des mesures de soutien et d'accompagnement pour les familles en crise. De plus, les jeunes adultes qui souhaitent se loger sont confronté·e·s aux prix élevés des loyers, à de la discrimination basée sur l'âge et sont peu souvent choisi·e·s dans le cadre de programme de SRA puisqu'iels ne sont pas des « itinérant·e·s » chroniques. Pourtant, iels ont aussi besoin d'une intervention rapide et adaptée pour ne pas s'ancrer dans une itinérance à long terme.
« Assistons-nous à la naissance d'une machine à produire l'itinérance, se demande Paule Dalphond, directrice générale du Regroupement des Auberges du cœur du Québec? Le tier des jeunes qui sortent de la DPJ vivront de l'itinérance. Le réseau de la santé n'arrive pas à aider les gens aux prises avec d'importants enjeux en santé mentale. La crise du logement jette à la rue un nombre grandissant de personnes. Le programme d'aide de dernier recours est déconnecté de la réalité! C'est fâchant de voir qu'on nous sert encore des miettes alors que le milieu de l'hébergement communautaire réclame du soutien et de la reconnaissance pour mieux prévenir la pauvreté et l'itinérance. »
Nous réitérons donc que le gouvernement doit en faire davantage pour soutenir les organismes communautaires qui lutte à prévenir et réduire l'itinérance ainsi qu'à répartir ses investissements à toutes les personnes à risque d'itinérance, sans égard à leur genre, leur âge ou leur situation géographique. Les investissements doivent être plus grands et plus diversifiés, notamment en prévention.
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1 Tout le monde compte 2018 : Faits saillants - Résultats préliminaires du deuxième dénombrement ponctuel de l'itinérance dans les communautés canadiennes coordonné à l'échelle nationale. |
Le Regroupement des Auberges du cœur du Québec est le trait d'union d'une trentaine de maisons d'hébergement communautaires pour jeunes vivant des difficultés ou en situation d'itinérance situées dans 10 régions administratives. Les Auberges du cœur hébergent et soutiennent chaque année plus de 3 500 jeunes âgé·e·s entre 12 et 35 ans et doivent en refuser autant, généralement faute de places. Au total, l'ensemble des Auberges du cœur offre plus de 350 places en maison d'hébergement et plus de 200 autres places en appartements supervisés ou logements sociaux. C'est aussi près de 500 travailleur·euse·s qui gravitent autour de ces jeunes. Ces chiffres ne reflètent qu'une partie des besoins des jeunes pour le type d'hébergement et de soutien que nous offrons considérant les territoires où de telles ressources sont inexistantes.
SOURCE Regroupement des Auberges du cœur du Québec
Contact médias : Paule Dalphond, Regroupement des Auberges du cœur du Québec, Tel : 514 523-8559, poste 202, Cell : 450 750-2929
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