20 ans après sa création, le régime d'assurance médicaments du Québec est obsolète
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Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)08 déc, 2017, 10:00 ET
MONTRÉAL, le 8 déc. 2017 /CNW Telbec/ - L'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) publie aujourd'hui une note qui dresse un bilan du régime d'assurance médicaments public-privé mis en place au Québec il y a vingt ans. La note conclut que le système est désormais obsolète et doit être remplacé afin de s'aligner sur les modèles internationaux plus performants.
« Le régime hybride que le gouvernement québécois a mis sur pied en 1997 est le fruit d'un compromis historique survenu à une époque où les besoins étaient criants mais où la création d'une assurance universelle publique était difficile », explique Dr Alain Vadeboncoeur, professeur à l'Université de Montréal et coauteur de la note. Il ajoute que « s'il a permis certaines avancées, force est de constater que le système actuel ne permet pas d'atteindre les objectifs souhaités en termes d'accessibilité, d'équité et de contrôle des coûts ».
La note socioéconomique montre que les dépenses per capita en médicaments au Québec sont 20% supérieures à celles du reste du Canada et 80% supérieures à celles de la moyenne des pays de l'OCDE. Malgré tout, le Québec obtient une piètre performance quant à l'accès aux médicaments lorsque comparé aux pays avec un régime public universel d'assurance-médicaments.
« Le système actuel favorise des intermédiaires qui profitent du système aux dépens de tout le monde », constate Marc-André Gagnon, professeur à l'Université Carleton et coauteur de la note. « Le cas du Lipitor, l'un des médicaments les plus vendus, est particulièrement révélateur d'un système de gaspillage institutionnalisé. Alors qu'il en coûte 44$ aux États-Unis pour se procurer 500 comprimés de 20 mg, il faut débourser 204$ au Québec pour obtenir la même quantité. Bien que le coût de détail soit le plus bas au Canada, il faut ajouter 375$ de frais de délivrance exigés au Québec par les intermédiaires, soit cinq fois plus que dans le reste du pays.».
Marc-André Gagnon présente des constats similaires en ce qui a trait aux autres médicaments génériques les plus vendus. Afin de contourner la réglementation sur les ristournes aux pharmaciens (plafonnées à 15%), les grandes chaînes de pharmacie et les distributeurs vendent les génériques les plus prescrits sous leur marque maison. Ils achètent le médicament au plus bas prix du marché et les revendent au plein prix. Au final, les intermédiaires empochent une ristourne moyenne non pas de 15%, mais de 89%.
Plus tôt cette année, le ministre de la Santé et des Services sociaux Gaétan Barrette a obtenu des rabais de fabricants de médicaments génériques qui souhaitaient ainsi éviter que le gouvernement ait recours à des appels d'offres. Les auteurs de la note publiée aujourd'hui par l'IRIS calculent que si Québec remplaçait le régime actuel par un régime entièrement public, il pourrait réaliser des économies douze fois supérieures aux économies obtenues par le Ministre Gaétan Barrette, soit 3,8 G$.
Pour consulter la note : www.iris-recherche.qc.ca/publications/assurance-medicaments
SOURCE Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)
Source et demandes d'entrevues : Laurent Deslauriers, Responsable des communications, 438 862-8051, [email protected]
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