2010 : une bonne année pour les produits de base, selon les spécialistes de
la Banque Scotia

• Le palladium, le cuivre, la potasse et l'uranium seront les meilleurs choix pour 2011

TORONTO, le 21 déc. /CNW/ - L'Indice Scotia des produits de base, qui mesure la tendance des prix de 32 des principales exportations canadiennes, termine 2010 sur une forte note, grimpant de 3,0 % en novembre par rapport au mois précédent. L'indice global a maintenant dépassé le sommet à court terme d'avril avant une correction de deux mois au printemps dernier, laquelle avait été déclenchée par la « crise de la dette » de la zone euro et un autre ralentissement de l'économie américaine; il est supérieur de 36,2 % par rapport au creux cyclique d'avril 2009. Tout en demeurant volatils, les prix des produits de base devraient se raffermir en 2011, stimulés par la force continue de la demande des marchés « émergents », après un gain d'environ 12 % en 2010 (par rapport à la fin de 2009); la hausse pourrait toutefois ralentir.          

En 2010, les « cinq meilleurs » produits de base dont les prix ont affiché les gains les plus importants étaient tous des métaux et des minéraux : soufre (+153,3 % depuis la fin de 2009, minéral utilisé dans les engrais au phosphate diammonique et sous-produit de la production pétrolière et gazière de l'Ouest canadien), argent (+69,1 %, bénéficiant de FCB record et de son rôle comme métal tant industriel que précieux), charbon à coke (+63,3 %), nickel (+44,7 % avec le rebond de la production mondiale de l'acier inoxydable et la réduction de l'offre liée à des grèves à Sudbury et à Voisey's Bay) et molybdène (+41,3 %). Bien qu'ils ne fassent pas partie de l'indice, le palladium (+103,6 %, le métal « précieux » qui affiche la plus forte hausse) et le minerai de fer (103,1 %) ont fourni des rendements exceptionnels pour les investisseurs. Les céréales et les oléagineux (+31 % et 40 % en raison de la sécheresse en Russie et de la forte demande de la Chine pour le maïs américain), l'uranium (+37,6 %), le cuivre (+32,6 %) et le bois d'œuvre (surprenante hausse de 31,3 %) complète le palmarès des dix meilleurs produits en 2010.

« Pour ce qui est de 2011, les meilleurs choix comprennent le palladium, l'argent, le cuivre, la potasse et autres engrais ainsi que l'uranium », a déclaré Patricia Mohr, vice-présidente d'Études économiques et spécialiste du marché des produits de base à la Banque Scotia. « Le palladium, principalement utilisé dans les convertisseurs catalytiques des véhicules à essence, mais également dans les appareils électroniques comme les disques blu-ray et les panneaux DEL, bénéficiera de la croissance rapide des ventes de véhicules motorisés dans les pays émergents de l'Asie ainsi que du resserrement des normes en ce qui concerne les émissions des véhicules. Les réserves exploitées sont plutôt concentrées, plus de 80 % de la production venant de la Russie, comme sous-produit de la production du nickel, et des mines de platine d'Afrique du Sud. L'Amérique du Nord compte seulement deux principaux producteurs de palladium. L'équilibre mondial entre l'offre et la demande devrait passer d'un léger « excédent » en 2010 à un « déficit » important en 2011, à mesure que les stocks de l'État russe baisseront. Ce « déficit » devrait prendre de l'ampleur jusqu'en 2015, malgré une forte augmentation des stocks recyclés. 

« Le cycle des dépenses en immobilisations commence à remonter dans les secteurs des mines et de l'énergie, ce qui fait grimper les ventes pour les constructeurs d'engins et de camions lourds et pour les fournisseurs de services », a poursuivi Mme Mohr. « Les dépenses mondiales en exploration des minéraux non ferreux ont rebondi cette année à environ 12,1 G$ US par rapport à 7,5 G$ US en 2009; en 2011, elles devraient dépasser le sommet précédent de 2008, qui avait été de 14,4 G$ US. Les petites sociétés minières obtiennent une fois de plus des capitaux facilement. La Chine fait preuve d'un très grand intérêt dans les actifs canadiens, notamment pour les petites sociétés minières. Les producteurs d'engrais et les fabricants d'équipement agricole feront de bons chiffres d'affaires. »

Métaux et minéraux

En novembre, l'indice des métaux et des minéraux a grimpé de 1,8 % par rapport au mois précédent, stimulé par les gains de l'uranium et de l'argent. Le 12^e plan quinquennal de la Chine pour 2011-2015, qui déplace légèrement le focus de l'industrialisation vers une économie davantage axée sur la consommation, sera probablement un facteur particulièrement positif pour certains secteurs miniers du Canada : l'uranium pour l'énergie nucléaire (qui n'émet pratiquement aucun gaz à effet de serre) et les engrais comme la potasse, nécessaire à la culture des céréales fourragères (maïs), alors que la hausse des revenus des ménages leur permettra de consommer plus de viande.  

Le prix au comptant de l'uranium s'est notablement raffermi, passant de 52 $ US la livre à la fin octobre à 61,75 $ US à la mi-décembre, en raison de l'objectif défini dans le 12^e plan quinquennal de la Chine qui est de doubler la production d'énergie nucléaire.   

Pour ce qui est du cuivre, alors que le métal rouge (valeur indice) n'occupe que le 8^e rang (+32,6 %) dans le palmarès des dix produits de base les plus performants de 2010, son prix à la Bourse des métaux de Londres (LME), déjà élevé à la fin de 2009 à 3,17 $ US la livre, a grimpé de plus de 1 $ US atteignant un nouveau record de 4,20 $ US la livre le 14 décembre 2010, dépassant le sommet précédent établi le 3 juillet 2008 à 4,08 $ US.

« À mesure que l'année 2011 s'écoulera, nous prévoyons que le cuivre atteindra 5 $ US, générant une extraordinaire marge de profit de 70 % par rapport aux seuils de rentabilité mondiaux moyens en incluant la moins value », a souligné Mme Mohr. 

Le prix de la potasse (FAB Vancouver) a également remonté d'un creux de 342,50 $ US la tonne observé l'automne dernier et a atteint 370 $ US en novembre. Alors que les producteurs de potasse limiteront probablement les hausses de prix sur les marchés outremer au début de 2011 afin d'accommoder les acheteurs et ne pas désamorcer l'important rebond qu'ont connu les ventes cette année, les conditions actuelles sont les meilleures jamais observées dans le milieu agricole en ce qui concerne l'épandage de potasse et d'engrais. Les prix des trois types de cultures qui utilisent le plus de potasse par hectare (le maïs aux États-Unis, l'huile de palme en Malaisie et en Indonésie et la canne à sucre) sont tous élevés, ce qui devrait inciter les agriculteurs à augmenter considérablement l'épandage d'engrais en 2011. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture continue de s'inquiéter au sujet de la tendance à long terme en ce qui concerne la hausse des prix des aliments, qui devraient atteindre des niveaux records avant la fin de 2010.

Indice du pétrole et du gaz

L'indice du pétrole et du gaz a connu une forte hausse en novembre, grimpant de 5,6 % par rapport au mois précédent. Le brut WTI a atteint un sommet intrajournalier de 90 $ US le baril au début de décembre (91 $ US pour le Brent) et 88 $ US au milieu du mois (+18,5 % par rapport à décembre 2009). La consommation mondiale de pétrole a beaucoup progressé en 2010, soit de 2,8 %, dépassant le sommet précédent établi en 2007, en raison des rigueurs hivernales qu'a récemment connues l'hémisphère nord et de la consommation de diesel par la Chine dans les génératrices de réserve cet automne pour pallier les réductions de courant obligatoires (afin d'atteindre une réduction de 20 % de la consommation énergétique par unité de PIB prévue dans le 11^e plan quinquennal). L'offre et la demande étaient largement équilibrées, la production de l'OPEP étant, à 29,2 millions de barils par jour, légèrement en deçà de la « demande » pour son brut. Le brut WTI devrait passer d'une moyenne de 79 $ US en 2010 à 93 $ US (probablement 95 $ US) au cours de l'année qui vient, stimulé par la vigueur constante de la demande de la Chine en pétrole (+13,7 % en glissement annuel en novembre atteignant un nouveau sommet record), une deuxième ronde d'édification des stocks « stratégiques » en Chine et les retards dans l'exploitation des champs pétrolifères en eau profonde dans la partie américaine du golfe du Mexique après le déversement du puits Macondo. 

Indice des produits forestiers

En novembre, l'indice des produits forestiers a grimpé de 3,1 % par rapport au mois précédent, en raison d'une importante hausse non saisonnière des prix du bois d'œuvre et des panneaux OSB et des prix de la pâte et du papier très stables. Les prix des 2x4 en pin-sapin-épinette ont affiché un solide retour en 2010 (+31,3 %, les prix passant des coûts moyens à l'usine à la rentabilité dans le marché intérieur de la Colombie-Britannique), malgré le peu de mises en chantier domiciliaires aux États-Unis (aussi peu que 592 000 unités depuis le début de l'année; 680 000 unités prévues pour 2011). Cette hausse s'explique par une augmentation de 56 % des exportations canadiennes de bois d'œuvre résineux vers la Chine et une augmentation de 59 % vers Taïwan en septembre.  

Études économiques Scotia propose à sa clientèle une analyse approfondie des facteurs qui façonnent les perspectives du Canada et de l'économie mondiale, notamment l'évolution macroéconomique, les tendances des marchés de change et des capitaux, le rendement des produits de base et de l'industrie ainsi que les enjeux relatifs aux politiques monétaires, fiscales et gouvernementales.

Renseignements:

Patricia Mohr, Études économiques Scotia, 416-866-4210, [email protected]
Patty Stathokostas, Relations avec les médias, 416-866-3625, [email protected]