50 ans d'aide sociale - Les parlementaires doivent viser la pleine réalisation du droit
QUÉBEC, le 29 nov. 2019 /CNW Telbec/ - Ce matin, l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une motion soulignant « qu'il y a 50 ans, le gouvernement du Québec adoptait la Loi sur l'aide sociale afin d'introduire un droit à l'assistance sociale ».
Le Collectif pour un Québec sans pauvreté et le Front commun des personnes assistées sociales saluent ce geste et invitent les parlementaires à tout mettre en œuvre pour lever les multiples restrictions au droit à l'aide sociale et pour permettre aux personnes assistées sociales d'au moins couvrir leurs besoins de base.De multiples restrictions
« De multiples restrictions minent le droit à l'aide sociale, lance le porte-parole du Front commun des personnes assistées sociales du Québec, M. Guillaume Grenon. Pour avoir droit à l'aide sociale, il faut avoir épuisé tous ses avoirs et ses autres recours. Il faut avoir touché le fond. Et une fois accepté dans le programme, on doit se plier à une série de conditions. »
« Pensons par exemple à l'interdiction de sortir du Québec pour plus de sept jours consécutifs, à la réduction de la prestation pour vie maritale, à la limitation des gains de travail permis à 200 $ par mois pour une personne seule ou encore au détournement des indemnisations pour les personnes victimes d'actes criminels, explique Guillaume Grenon. Ce sont des mesures qui agissent comme des trappes à la pauvreté. On voudrait ôter toute chance aux personnes assistées sociales de voir la lumière au bout du tunnel qu'on ne ferait pas autrement! »
Des prestations insuffisantes
« Une autre lacune fondamentale du système d'aide sociale est qu'il maintient les personnes dans la misère depuis 50 ans, poursuit le porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, M. Serge Petitclerc. La prestation de base pour une personne seule était de 101 $ en 1970, soit 674 $ en dollars constants de 2019. En comparaison, une personne assistée sociale touche actuellement une prestation de 644$. Si on inclut les crédits d'impôt et l'ajustement à la prestation, elle perçoit un revenu mensuel de 776 $ par mois. Cela lui permet de couvrir à peine 50 % des besoins de base selon la Mesure du panier de consommation (MPC). »
Toujours selon Serge Petitclerc, « l'insuffisance chronique des prestations est due en grande partie à des préjugés persistants à l'égard des personnes assistées sociales. Des préjugés souvent portés par la classe politique elle-même et selon lesquels elles seraient toutes paresseuses, fraudeuses, responsables de leur sort ou susceptibles de se complaire dans l'aide sociale si elles sont trop bien traitées. »
Deux personnes assistées sociales témoignent
Extrait du témoignage de Monique Toutant de l'Association pour la défense des droits sociaux Québec métropolitain (ADDSQM) :
« Vivre d'aide sociale, c'est être victime de préjugés, être contrôlé par son agent et devoir rendre des comptes. Je me sens toujours obligée de me justifier face à tout le monde, encore plus face au ministère. Tout doit être justifié pour améliorer son sort. Comme la reconnaissance de mes contraintes à l'emploi. Après un dur combat de 3 ans, j'ai fini par l'obtenir. J'en ai rempli des formulaires! […]
« La loi d'aide sociale a vraiment besoin d'être corrigée, améliorée. Mais attention, la première chose est de mettre fin aux catégories et donner une prestation juste pour tout le monde. On doit vraiment envisager au Québec un Revenu social universel garanti, pour tous et toutes. »
Extrait du témoignage de Linda Laprise de l'Association pour la défense des droits sociaux Québec métropolitain (ADDSQM) :
« Je viens vous partager une réalité que plusieurs d'entre nous vivons au quotidien. Le gouvernement dit vouloir aider les plus démunies. Non, je ne suis pas démunie. Je parle, je pense, j'agis. Je suis pauvre et je le vis à tous les jours. Je m'accepte dans ma pauvreté.
« Les programmes d'aide à l'emploi sont en nombre insuffisant et ne permettent pas d'intégrer l'emploi à long terme. Les mesures, j'y crois plus. Je les ai toutes faites, j'ai passé par toutes les formes et aujourd'hui je me retrouve aussi pauvre qu'avant. »
En conclusion
Il y a 50 ans, l'introduction du droit à l'aide sociale a représenté une avancée importante pour la société québécoise. Selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté et le Front commun des personnes assistées sociales du Québec, ce droit n'a jamais été pleinement réalisé. Les parlementaires ont la responsabilité de s'attaquer à cette tâche, en levant les restrictions qui briment les personnes assistées sociales et en leur assurant un revenu décent.
Le texte complet de la motion déposée aujourd'hui par le ministre du Travail, de l'Emploi de la Solidarité sociale, M. Jean Boulet :
- Que l'Assemblée nationale souligne qu'il y a 50 ans, le gouvernement du Québec adoptait la Loi sur l'aide sociale afin d'introduire un droit à l'assistance sociale;
- Qu'elle reconnaisse l'importance de cette loi non seulement pour les personnes dans le besoin, mais pour l'ensemble de la société;
- Qu'elle s'assure de l'évolution de cette loi au fil du temps, de sorte que l'inclusion économique et la participation sociale des personnes et des familles à faible revenu se poursuivent.
Pour lire les témoignages complets des deux membres de l'ADDS-QM : http://www.pauvrete.qc.ca/50-ans-motion
SOURCE Collectif pour un Québec sans pauvreté
Patrice Lemieux Breton, Collectif pour un Québec sans pauvreté, Responsable des communications, 418 930-5969, [email protected]
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