Les activités de redressement prendront de l'ampleur à mesure que les restructurations deviendront plus probables et que les défis s'accumuleront, selon un sondage de KPMG au Canada
MONTRÉAL, le 7 mars 2022 /CNW/ - Selon un nouveau sondage de KPMG au Canada, les chefs d'entreprise canadiens sont préoccupés par l'augmentation des coûts d'emprunts qui pourrait ajouter un stress à leur plan de reprise après la pandémie. Cette inquiétude s'exprime depuis que la Banque du Canada a annoncé la semaine dernière sa décision d'augmenter le taux de financement à un jour de 25 points de base, une décision qui pourrait marquer le départ d'un cycle haussier largement anticipé.
« Alors que nous avons vu les entreprises canadiennes confrontées à une suite ininterrompue de défis au cours des deux dernières années, l'augmentation des taux d'intérêts pourrait faire monter la pression pour nombre d'entre elles et même étouffer la croissance et l'investissement », affirme Paul van Eyk, associé et leader national, Restructuration et redressement d'entreprises chez KPMG au Canada. « Notre sondage démontre nettement que les dirigeants d'entreprise mettent les autorités en garde contre une trop forte augmentation des taux et craignent que celle-ci leur fasse du tort. »
La pandémie a obligé la majorité des entreprises qui ont répondu au sondage à se restructurer et à réorganiser leurs activités pour surmonter les difficultés imputables à la chaîne d'approvisionnement, à l'inflation des salaires et à la pénurie de main-d'œuvre, sans toutefois aller jusqu'au plan de redressement : 79 % des chefs entreprise qui ont répondu au sondage craignent en effet la stigmatisation liée à la précarité financière.
Principales conclusions du sondage :
- 55 % des chefs de moyennes entreprises canadiennes affirment que « leur entreprise et leur fonds de roulement subiraient des pressions importantes, voire plus » si le taux de base augmentait de 1 %
- Le tiers (33 %) affirment qu'une hausse de 2 % de leur taux d'intérêt actuel représenterait un point de bascule et mettrait leur entreprise « à risque », provoquerait d'« importantes difficultés », ou « ferait échouer leurs plans de croissance ou d'investissement »
- Près de quatre chefs d'entreprise sur cinq (79 %) sont fortement d'accord ou plutôt d'accord sur le fait que la pandémie les a obligés à restructurer ou à réorganiser leurs activités; 30 % sont fortement d'accord
- 79 % des chefs d'entreprise sondés pensent qu'il y a toujours du discrédit lié au fait d'avoir connu des difficultés financières ou demandé un redressement
Accumulation de nouveaux risques
Lors de la tenue du sondage à la mi-février, au moment où les manifestations de camionneurs, l'escalade des tensions en Ukraine, et la montée de l'inflation occupaient toute l'attention, KPMG a demandé aux chefs d'entreprise canadiens d'indiquer quelle était leur préoccupation la plus urgente. L'épuisement lié à la pandémie et le risque de se voir imposer de nouvelles restrictions arrivaient au premier rang, suivis de près par la rareté de la main-d'œuvre, les difficultés liées à l'approvisionnement, et les prix de l'énergie en hausse constante.
La presque totalité des entreprises signalent que l'absentéisme lié au variant Omicron a eu une incidence sur leur fonctionnement : 43 % affirment qu'elles ont été « fortement touchées » et 48 %, « plutôt touchées ».
Préoccupations les plus pressantes |
Pourcentage de chefs d'entreprise |
|
1 |
L'épuisement lié à la pandémie ou aux restrictions toujours en place; à l'incertitude persistante |
17 % |
2 |
L'accès à une main-d'œuvre qualifiée |
16 % |
3 |
Les chaînes d'approvisionnement |
15 % |
4 |
Les prix de l'énergie |
11 % |
5 |
L'incertitude réglementaire |
9 % |
5 |
Les troubles sociaux |
9 % |
6 |
L'inflation |
8 % |
6 |
La « Grande Démission » ou le « Grand Remaniement » |
8 % |
7 |
La situation géopolitique |
7 % |
« Le risque que représente l'inflation obtient un pourcentage étonnamment faible malgré son incidence sur les politiques monétaires, car la plupart des entreprises estiment qu'elles pourront reporter l'augmentation des coûts sur les consommateurs », affirme M. van Eyk. « Personne ne connaît toutefois la véritable réponse à cette question. Les entreprises pourront-elles continuer à faire porter le poids de l'inflation aux consommateurs, et la demande se maintiendra-t-elle face à l'augmentation des coûts? Si les consommateurs peinent à absorber les augmentations, la marge de profit des entreprises pourrait rétrécir et peut-être donner lieu à des difficultés d'un autre genre. »
Plus de quatre chefs d'entreprise sur cinq (81 %) sont fortement convaincus ou plutôt convaincus qu'ils pourront reporter les augmentations de coûts sur les consommateurs sans perdre de clients ni nuire à leur part de marché. Près du tiers (31 %) sont fortement convaincus qu'ils pourront répercuter les coûts sur les consommateurs.
Également, 94 % se disent fortement d'accord ou plutôt d'accord avec la possibilité qu'une forte inflation fasse partie du paysage plus longtemps que prévu et intègrent cette donnée à leurs modèles d'exploitation. Près de la moitié (45 %) sont fortement d'accord, et indiquent qu'ils sont déjà en train d'adapter leur modèle à une inflation plus élevée.
Relever les défis et renforcer les valeurs de l'entreprise
« Dans le contexte extrêmement changeant qui est le nôtre, il importe aujourd'hui plus que jamais de planifier en prévision du beau temps tout en se préparant à la tempête », estime M. van Eyk. « De tout temps, les crises prennent de multiples formes. Nous avons vécu l'absentéisme causé par la pandémie, nous avons entendu les grincements des chaînes d'approvisionnement, subi l'augmentation des prix de l'énergie et vu les engagements envers la carboneutralité, et nous voilà à l'aube d'un cycle haussier des taux d'intérêt. C'est la manière dont votre équipe examine toutes les options, établit un plan et gère les difficultés qui renforce la culture de l'entreprise, ses valeurs fondamentales et, en fin de compte, améliore ses perspectives de croissance. »
M. van Eyk fait remarquer que le sondage fait ressortir un point : seuls un tiers environ des participants ont dans les faits eu à gérer une crise qui a ébranlé la stabilité de leur entreprise, et cette compétence est désormais en forte demande dans les entreprises et les secteurs qui sont confrontés aux nouveaux défis.
Autres conclusions du sondage :
- Le tiers (33 %) seulement des personnes qui ont répondu au sondage avaient traversé une période de crise (liée aux finances, à la réputation, aux technologies, à une catastrophe naturelle, à une atteinte à la cybersécurité ou autre) ayant mis en péril la stabilité de l'entreprise.
- À peine 27 % « ont tiré des leçons » de la crise des papiers commerciaux adossés à des actifs de 2007 au Canada, et de la crise financière mondiale de 2008-2009 qui les ont préparés à traverser la pandémie
- 91 % signalent que l'absentéisme lié au variant Omicron a eu une incidence sur le fonctionnement de leur entreprise : 43 % affirment qu'ils ont été « fortement touchés » et 48 %, « plutôt touchés »
- 81 % des chefs d'entreprise sont fortement convaincus ou plutôt convaincus qu'ils pourront reporter les augmentations de coûts sur les consommateurs sans perdre de clients ni nuire à leur part de marché, et 31 % sont fortement convaincus qu'ils peuvent le faire
Démythifier les craintes liées aux redressements au moment où les activités de restructuration prennent de l'ampleur
Si la plupart des chefs d'entreprise pensent qu'une restructuration peut les aider à mieux concentrer leurs efforts, ils sont encore trop nombreux à croire que cette mesure n'est à envisager qu'au moment ou leur entreprise frôle l'effondrement. Cette croyance nuit à leur capacité de réunir de nouveaux capitaux et réduit la confiance des investisseurs. Il y a plus grave : moins du tiers (32 %) disent que leur culture d'entreprise montre assez d'ouverture pour qu'ils puissent discuter de leurs difficultés financières avec des parties externes, tels que des bailleurs de fonds, des comptables, ou des spécialistes du redressement.
Trop souvent, les conseils d'administration et les équipes de direction ne se décident pas assez tôt à parler de leur situation, selon M. van Eyk. Ce dernier souligne que les possibilités dont dispose une entreprise en matière de redressement ne passent pas toujours par des procédures officielles d'insolvabilité, et que d'autres solutions créatives sont envisageables.
« J'ai vu de grandes entreprises parmi les plus importantes adopter une culture de restructuration qui a permis d'améliorer leurs paramètres financiers et leur viabilité à plus long terme », dit-il. « Cela ne fait aucun doute : les restructurations sont complexes, elles exigent des décisions difficiles et des discussions peu agréables. Il importe toutefois que les entreprises et leur équipe de direction sachent reconnaître qu'un changement de stratégie s'impose et qu'elles ouvrent la porte à une culture de redressement avant qu'il ne soit trop tard. »
« Plus les chefs d'entreprise feront appel de façon précoce à des spécialistes externes du redressement qui comprennent vraiment le travail d'équilibriste qui s'annonce, plus rapidement ils trouveront des solutions pour régler les problèmes », affirme M. van Eyk. « Certaines situations pourraient exiger une réduction des coûts, d'autres la vente d'actifs ou la restructuration de l'entreprise pour qu'elle s'adapte à la "nouvelle réalité". La pandémie a déjà obligé plusieurs dirigeants à mettre de côté leurs plans d'acquisition et à ressortir les plans de désinvestissement. »
« Il est très important qu'une entreprise confrontée à ces défis comprenne bien une chose : il n'existe pas de solution unique. Une restructuration doit tenir compte de la situation de chacun, des faits et des parties prenantes en présence. Et plus on se donne le temps de rassembler les pièces du puzzle, plus les résultats seront satisfaisants », ajoute-t-il.
Parmi les autres sujets d'intérêt :
- 86 % estiment qu'un plan de restructuration peut contribuer à mieux concentrer les efforts de l'entreprise (31 % sont forment d'accord)
- Près des deux tiers (64 %) estiment qu'une restructuration ne concerne que les entreprises au bord de l'effondrement
- 73 % estiment qu'une entreprise qui a vécu une restructuration a plus de difficulté à mobiliser des capitaux
- 69 % disent que les investisseurs font moins confiance aux entreprises qui ont vécu une restructuration ou un redressement
- Seulement 32 % des chefs d'entreprise se disent fortement d'accord avec le fait que leur entreprise est assez ouverte ou transparente pour parler de ses difficultés financières à des parties externes telles que des prêteurs, des comptables ou des spécialistes du redressement (53 % se disent plutôt d'accord)
- 33 % sont fortement d'accord pour dire qu'ils cherchent à quitter les affaires ou à vendre leur entreprise en raison de l'augmentation des coûts et des défis accrus, qui comprennent entre autres la gestion et la protection de leurs employés au cours de la pandémie
- 26 % s'attendent fortement à voir un plus grand nombre de fusions-acquisitions motivées par les difficultés financières dans leur secteur, y compris des transactions transnationales (50 % s'attendent quelque peu à des fusions-acquisitions reposant sur de tels mobiles)
- 81 % ont l'intention de prendre de l'expansion en achetant une entreprise concurrente ou un fournisseur ou en diversifiant leurs activités dans un autre secteur; 29 % sont fortement d'accord avec cette idée, et 52 % sont plutôt d'accord, ce qui permet de croire que ces activités sont déjà en cours
- 31 % conviennent fortement qu'ils « mettent en branle leurs plans de fusions-acquisitions ou de désinvestissement », particulièrement dans le secteur manufacturier (40 %) et parmi les sociétés fermées (33 %)
- Le quart (26 %) répondent qu'ils sont entièrement d'accord avec le fait que la pandémie a perturbé leurs plans de F&A, et 23 % sont fortement d'accord avec le fait que la pandémie a perturbé leurs plans de désinvestissement
Incidences sur les taux d'intérêt :
La Banque du Canada a affirmé que l'aide financière d'urgence n'est plus nécessaire, ce qui indique que les coûts d'emprunt augmenteront au cours des prochains mois pour contrer l'inflation. Une hausse de 1 % du taux directeur exercerait-elle une pression importante sur votre entreprise et ses flux de trésorerie?
Pourcentage d'entreprises canadiennes de taille moyenne qui affirment qu'une augmentation de 1 % du taux directeur exercerait une pression importante sur leur votre entreprise et les flux de trésorerie :
Échelle nationale (508) |
B.C. (65) |
AB (41) |
SK et MB (17) |
ON (248) |
QC (107) |
Canada atlantique (30) |
|
Oui |
55 |
71 |
44 |
71 |
52 |
60 |
30 |
Pourcentage par secteur industriel spécifique et revenu brut annuel :
Échelle nationale (508) |
Marchés de consommation et commerce de détail |
Fabrication (100) |
Hydrocarbures(105) |
Immobilier et construction (64) |
$50-$99.99MM (90) |
$100-$199MM (177) |
$200-$299MM (64) |
$300-$499MM (87) |
$500MM+ (90) |
|
Oui |
55 |
62 |
27 |
46 |
47 |
44 |
39 |
38 |
43 |
67 |
Votre société peut-elle encaisser une hausse des taux d'intérêt? Quelle augmentation à votre taux d'emprunt actuel mettrait votre entreprise en péril, engendrerait d'importantes difficultés ou compromettrait sa croissance ou ses plans d'investissement?
Pourcentage d'entreprises canadiennes de taille moyenne qui affirment que les augmentations suivantes au-dessus de leur taux d'emprunt actuel mettraient leur entreprise en danger, créeraient des difficultés importants ou feraient dérailler leur plans de croissance ou d'investissement :
Augmentation en pourcentage au- dessus du taux d'emprunt actuel: |
Échelle nationale (508) |
B.C. (65) |
AB (41) |
SK et MB (17) |
ON (248) |
QC (107) |
Canada atlantique (30) |
0,50 % |
4 |
2 |
5 |
0 |
5 |
4 |
3 |
1,00 % |
11 |
14 |
5 |
0 |
9 |
13 |
30 |
1,50 % |
30 |
35 |
27 |
35 |
34 |
23 |
17 |
2,00 % |
33 |
26 |
32 |
35 |
31 |
39 |
33 |
2,5 % |
11 |
12 |
15 |
18 |
11 |
9 |
7 |
3,00 % ou plus |
10 |
11 |
17 |
12 |
9 |
11 |
10 |
Pourcentage par secteur industriel spécifique et revenu brut annuel :
Augmentation en pourcentage au-dessus du taux d'emprunt actuel: |
Échelle nationale (508) |
Marchés de consommation et commerce de détail |
Fabrication |
Hydrocarbures(105) |
Immobilier et construction (64) |
$50-$99.99MM (90) |
$100-$199MM (177) |
$200-$299MM (64) |
$300-$499MM (87) |
$500MM+ (90) |
0,50 % |
4 |
6 |
2 |
1 |
0 |
7 |
3 |
6 |
5 |
2 |
1,00 % |
11 |
9 |
8 |
15 |
13 |
20 |
10 |
6 |
10 |
9 |
1,50 % |
30 |
35 |
45 |
26 |
33 |
28 |
42 |
38 |
22 |
12 |
2,00 % |
33 |
33 |
28 |
42 |
31 |
28 |
36 |
38 |
26 |
34 |
2,5 % |
11 |
13 |
9 |
14 |
16 |
10 |
5 |
9 |
22 |
16 |
3,00 % ou plus |
10 |
5 |
8 |
2 |
8 |
4 |
4 |
3 |
15 |
27 |
À propos du sondage de KPMG sur le redressement des moyennes entreprises
KPMG a sondé 508 décideurs et propriétaires d'entreprises de taille moyenne entre le 3 et le 15 février 2022 à partir de la plateforme de sondage en ligne Methodify du Schlesinger Group. Tous les participants sont des propriétaires d'entreprise ou des décideurs membres de la haute direction. 80 % des entreprises sondées sont des sociétés fermées et 20 % sont des sociétés ouvertes.
Ont été considérées comme des entreprises de taille moyenne des sociétés affichant un chiffre d'affaires annuel brut de plus de 50 millions de dollars et de moins d'un milliard de dollars. 30 % des participants au sondage ont indiqué un chiffre d'affaires annuel brut allant de 200 à 499 millions de dollars, 35 % allant de 100 à 199 millions de dollars, 18 % de plus de 500 millions de dollars. Par secteur, 21 % des chefs d'entreprise sondés ont indiqué faire partie du secteur gazier et pétrolier, 20 % des services aux consommateurs et du commerce de détail, 20 % du secteur manufacturier, et 13 % des secteurs de l'immobilier et de la construction; les autres ont indiqué faire partie de divers autres secteurs.
Un mot sur KPMG au Canada
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SOURCE KPMG LLP
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