Les accusations portées après l'incendie d'un édifice de logements sociaux soulèvent des questions au sujet de la sécurité contre l'incendie…et de la responsabilité à cet égard.
Ce qui suit est une déclaration de Paul Hargest, président, Canadian Concrete Masonry Producers Association
TORONTO, le 22 juin 2016 /CNW/ - Si Fort McMurray a ramené la crainte des incendies au premier plan dans l'esprit des Canadiens, le fait est que ce type de sinistre, qu'il soit causé par la nature ou par l'homme, survient tous les jours, partout au pays. Il y a quelques mois, cinq personnes sont mortes dans l'incendie d'une maison à Calgary. À White Rock, en Colombie-Britannique, le feu a rasé un immeuble d'appartements en construction. Heureusement, personne n'a été blessé, même si 70 logements ont été détruits. En février, un incendie dans un ensemble de logements sociaux à Toronto a causé la mort de quatre personnes.
L'incendie de Toronto diffère toutefois des autres incidents en ce qu'il a donné lieu à des accusations portées contre le Toronto Community Housing (TCH) par le service d'incendie de Toronto. Le service d'incendie a appris que des matières combustibles (deux chaises synthétiques hautement inflammables) se trouvaient dans le corridor du cinquième étage, où l'incendie a pris naissance. Ces chaises n'auraient pas dû se trouver là. De nombreux résidents fumaient également dans les aires communes.
De plus, l'édifice abritait plusieurs personnes âgées, sans toutefois être légalement reconnu comme une résidence pour personnes âgées. Le service d'incendie a souligné que le personnel n'avait pas reçu une formation adéquate en matière de sécurité contre l'incendie.
TCH conteste ces accusations qui pourraient entraîner une amende de 100 000 $.
Bien que cela ne soit pas inédit, il est plutôt rare qu'un service d'incendie porte de telles accusations. Cela soulève de nouveau la question à savoir à qui doit être tenu responsable lorsqu'un incendie se déclare dans un bâtiment.
Bien entendu, je ne parle pas ici de catastrophes naturelles, comme fût le cas à Fort McMurray. (Remettons à plus tard la discussion concernant les changements climatiques et El Niño.)
Je veux plutôt parler de qui porte la responsabilité lorsqu'un début d'incendie qui aurait vraisemblablement dû être maîtrisé se propage et devient incontrôlable.
Voici un exemple. L'an dernier, à Edgewater au New Jersey, un édifice de condos de luxe a pris feu. Des ouvriers qui effectuaient des travaux de plomberie ont perdu la maîtrise de leur torche. Malheureusement, au lieu de composer le 911, ils ont plutôt décidé d'appeler leur superviseur. Ce retard à communiquer avec le service d'incendie a été mentionné comme une des causes principales du sinistre. Mais comment ce début d'incendie s'est-il transformé en un brasier nécessitant cinq alertes? L'incendie a détruit le bâtiment, forcé l'évacuation de milliers de personnes vivant à proximité et laissé 1 000 résidents sans abri. Le fait qu'il n'y ait eu aucun décès est un miracle en soi.
Les images du brasier filmées par les médias montrent des murs noircis qui s'effondrent comme du papier carbonisé sous le jet des boyaux d'incendie. Ces images évoquent un mot à l'esprit : combustible.
Tout le monde sait que la combustibilité des matériaux de construction légers qui sont utilisés de nos jours contribue à l'intensité et la vitesse de propagation des incendies. Comme l'ont démontré des cas tel celui d'Edgewater, les gicleurs ne suffisent plus pour empêcher les flammes de dévorer les constructions neuves. Ces structures répondent à toutes les exigences des codes de construction, mais elles peuvent néanmoins être littéralement rasées par un incendie.
De la même façon, l'édifice de TCH respectait toutes les normes établies par le code de la construction de l'Ontario, mais il avait été construit avant les changements législatifs de 2007 rendant obligatoire la présence de gicleurs. Alors qu'un plus grand nombre de gicleurs sur les lieux aurait peut-être pu sauver des vies et réduire les dommages, l'issue tragique de cet incendie nous amène néanmoins à nous questionner sur l'inflammabilité de la structure.
Nous vivons à une époque où l'on accorde de plus en plus d'importance à la transparence et l'imputabilité. Lorsque survient une tragédie tel un incendie, les personnes qui sont touchées ont moins tendance à serrer les dents sans rien dire. Elles choisissent souvent de réagir. Pour ce faire, elles utilisent les médias sociaux, font circuler des pétitions, font pression pour que les lois soient modifiées et entament des poursuites judiciaires.
Ce changement de culture est une des raisons pour lesquelles les gens qui, comme nous, œuvrent au sein du secteur de la construction, y compris ceux qui élaborent les codes de la construction, doivent accorder plus d'importance aux questions liées à la sécurité, tel le risque d'incendie.
L'incidence d'un incendie sur le coût des assurances est un autre facteur dont nous devons tenir compte.
Une étude récente du Conseil canadien du béton qui compare le béton et le bois indique que le volet de la protection contre l'incendie de l'assurance habitation est de 7 à 11 fois plus élevé pour les structures en bois, en plus d'engendrer une hausse du coût de l'assurance construction.
Cela est sans compter les autres facteurs comme les dommages causés par la moisissure et les effets des changements climatiques. L'étude souligne que les indemnités versées en lien avec des phénomènes météorologiques extrêmes ont plus que doublé tous les 5 à 10 ans et que « ces conditions sont maintenant une des principales causes des demandes d'indemnisation au titre de l'assurance habitation ».
Des matériaux combustibles, des primes d'assurance plus élevées et une population qui connait ses droits et qui est moins susceptible de laisser passer sous silence ce qui peut être perçu comme de la négligence.
Voilà la dynamique à laquelle doit faire face l'industrie de la construction de nos jours.
Par conséquent, nous tous qui œuvrons au sein de ce marché devons être prêts à respecter des normes de qualité, de sécurité et de responsabilité plus élevées. Si, par exemple, nous construisons des structures qui entraînent une augmentation des coûts d'assurance, n'est-il pas logique de croire que ces bâtiments présentent un risque accru pour la sécurité et que nous pourrions être tenus responsables des dommages ou blessures qui pourraient en découler?
De plus en plus, qu'il s'agisse d'un service d'incendie qui prend à partie un gestionnaire de propriété suite à la violation d'un règlement, comme ce fut le cas pour TCH, ou de résidents qui s'unissent pour intenter un recours collectif contre un promoteur, comme à Edgewater au New Jersey, les personnes qui sont en définitive responsables de la sécurité des bâtiments, tant les propriétaires que les constructeurs, seront effectivement tenus responsables.
SOURCE Canadian Concrete Masonry Producers Association
POUR EN SAVOIR PLUS OU PARLER AVEC PAUL HARGEST, VEUILLEZ CONTACTER : Marina de Souza, Directrice générale, Canadian Concrete Masonry Producers Association (CCMPA), 416-495-7497, 1-888-495-7497, [email protected]
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