À quoi s'attend l'Initiative boréale canadienne (IBC), pour une vision renouvelée du développement du Nord-du-Québec, dans le cadre du Discours inaugural de Madame la Première ministre Marois ?
MONTRÉAL, le 30 oct. 2012 /CNW/ -
L'expression d'une forme de continuité de leur politique de 2001 visant le développement du Nord du Québec pour et avec la population :
Il est clair que le développement du Nord n'est pas un sujet nouveau pour le Parti Québécois. L'IBC espère que le gouvernement de Madame Marois poursuivra et appliquera leur politique de développement durable du Nord du Québec formulée en 2001, qui résultait à l'époque d'une vaste consultation du peuple québécois. Nous espérons qu'ils poursuivront le développement du Nord en mettant en œuvre une réelle stratégie de développement nordique soutenable et ordonnée, qui mettra à contribution les communautés locales des régions nordiques, autochtones et non autochtones, pour répondre d'abord et avant tout à leurs besoins et intérêts.
Le nouveau gouvernement Marois ne pourrait prétendre promouvoir un développement qui bénéficie d'abord à la société québécoise et aux populations nordiques sans permettre à ceux-ci de prendre part au processus. Aussi, nous nous attentons à ce qu'ils entament une large consultation publique sur le développement nordique auprès des populations concernées et à laquelle l'ensemble de la population québécoise sera convié. D'ailleurs, pour donner suite au Plan Nunavik, les autorités Inuit ont déjà initié une large consultation (Parnasimautik) portant sur une vision de développement de leur territoire auprès de l'ensemble de la population du Nunavik. Nous espérons que le gouvernement actuel prêtera une oreille attentive aux opinions et intérêts exprimés dans le cadre de cet exercice.
Le développement doit trouver son équilibre avec la protection de l'environnement :
L'IBC croit que le développement peut et doit trouver son équilibre avec la protection de l'environnement. Les écosystèmes fournissent des biens et des services écologiques essentiels à la santé humaine. D'importantes décisions devront être prises pour assurer le maintien des écosystèmes nordiques et la sauvegarde d'habitats critiques. La forêt boréale comprend certaines des dernières grandes forêts intactes de la planète, des réserves de carbone qui sont deux fois plus importantes que celles des forêts tropicales et d'importantes réserves d'eau douce. Celle-ci représente donc une des dernières opportunités de conservation sur la planète. Certaines de nos espèces fauniques nordiques, telles que le caribou des bois et, plus au Nord, le caribou migrateur, font présentement face à un déclin dramatique de population qui laisse craindre le pire si aucune action de sauvegarde n'est entreprise. Les Québécois détiennent présentement une grande responsabilité pour assurer la santé de la planète.
Pour commencer, Madame Marois serait déjà en mesure de :
- reconfirmer publiquement l'engagement du gouvernement de protéger au moins 50% du territoire nordique, dont au moins 20 % d'ici 2020 (tel que précisé dans une lettre adressée à l'IBC le 26 août dernier) ;
- annoncer la création et l'inauguration de deux nouveaux parcs nordiques, Tursujuq et Kurrurjuaq, et également répondre aux demandes de l'Administration régionale Kativik ; et
- annoncer la création de nouvelles aires protégées à la Baie-James.
- Un récent rapport scientifique accablant sur l'état des caribous des bois de la Baie-James appelle à une grande prudence et à appliquer une mesure de précaution qui s'impose d'elle-même. En effet, on s'attendrait à ce que les aires protégées proposées par les communautés Cris de Waswanipi et Nemaska soient également annoncées (Secteur Evans-Nottaway-Broadback).
La planification écologique permettra de s'assurer de prendre des décisions équilibrées pour permettre de protéger les écosystèmes tout en soutenant un développement économique et social ordonné :
Bien que Madame Marois se soit engagée à protéger au moins la moitié du territoire nordique, afin de déterminer avec justesse les portions et les types de territoire à protéger en amont du développement, la planification écologique du nord québécois devrait être initiée cet automne. Cette planification permettra entre autres de déterminer les conditions d'un développement économique ordonné. Ce type de développement aura pour effet de préserver les biens et services écologiques que nous fournissent les écosystèmes nordiques, tout en assurant le bien-être des populations.
Pour que la planification écologique et la protection du territoire se concrétisent, l'IBC s'attend à ce que le nouveau gouvernement finance et initie sans tarder cette planification en mettant d'abord sur pied un comité indépendant d'experts, scientifiques et autochtones, chargé d'émettre des recommandations basées sur les meilleurs connaissances et pratiques. De tels avis procureront un important support au gouvernement dans la mise en œuvre de la planification écologique nordique, opération qui n'a encore jamais été effectuée ni au Québec, ni au monde sur un aussi grand territoire.
Parallèlement, nous recommandons qu'une évaluation environnementale stratégique (ÉES) soit lancée afin d'évaluer en amont les impacts cumulatifs causés par l'ouverture sur les territoires nordiques, l'imminence de nombreux projets d'exploitation des ressources naturelles et d'infrastructures. Ceci permettra de prévenir et appliquer en amont du développement les besoins pour assurer le maintient des écosystèmes.
La nécessité d'entamer de nouveaux pourparlers avec les Premières Nations et de les soutenir dans l'exercice de leur leadership sur leurs territoires :
L'arrivée d'un nouveau gouvernement offre aussi l'opportunité et la responsabilité d'initier de nouveaux pourparlers avec les Nations autochtones et, par le fait même, d'établir une nouvelle relation de confiance de Nation à Nation, notamment avec les Nations qui ne sont pas signataires d'un traité moderne. Nous espérons que Madame Marois s'engagera personnellement dans cette nouvelle relation, notamment par sa participation au Sommet territorial, auquel elle a été conviée par l'Assemblée des Chefs des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL). Nous recommandons que le nouveau gouvernement offre le support et l'espace nécessaire aux Inuit et aux Premières Nations pour leur permettre d'entreprendre la planification écologique de leur territoire et ainsi contribuer, par leur leadership, aux efforts du Québec pour faire de la forêt boréale et de la toundra les écosystèmes les mieux protégés sur la planète sans empêcher un développement durable au profit des communautés qui l'habitent et de l'ensemble de la société québécoise.
La nécessité de réformer la loi sur les mines :
La planification écologique ne pourra être réalisée adéquatement tant que le développement minier aura préséance sur la protection du territoire. L'IBC suggère que le nouveau gouvernement, à l'image d'autres juridictions, notamment celles de son voisin le Labrador, intègre un système de permis d'exploration minière, ce qui permettra d'encadrer les activités d'exploration minière afin d'assurer la protection des écosystèmes nordiques.
Considérant l'opposition des Cris au projet uranifère Matoush, l'IBC croit que le gouvernement de Madame Marois a également l'occasion de démontrer son leadership et son approche renouvelée en exprimant un réel respect à l'égard des autochtones et de leurs besoins, intérêts et expertise. Aussi, nous conseillons au gouvernement Marois de ne pas donner immédiatement son accord au projet, mais plutôt de choisir, par principe de précaution, de réaliser une étude détaillée de la filière uranifère pour l'ensemble du Québec. Ceci permettrait de faire la lumière sur la question de façon générale. Dans l'attente, le moratoire décrété par les Cris s'impose. L'IBC rappelle également que Québec a récemment signé, en juillet, une nouvelle entente sur la gouvernance avec les Cris basée sur le partenariat avec la Nation et l'inclusion des Cris dans la prise de décision sur leur territoire.
SOURCE : Initiative boréale canadienne
Suzann Méthot, Directrice régionale-Québec
Initiative boréale canadienne
[email protected]
(514) 792-1843
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