Abus et fermeture du Manoir Louisiane : des groupes dénoncent l'impunité d'une propriétaire négligente et l'inaction des autorités publiques
L'inaction du CIUSSS-de-l'Est-de-l'Île-de-Montréal et de l'Arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve alimente l'impunité des propriétaires abusif•ive•s.
MONTRÉAL, le 16 janv. 2025 /CNW/ -Ce matin le 16 janvier, à 11h15, devant le Manoir Louisiane, une résidence privée pour aîné•e•s (RPA) située dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, des citoyen•ne•s et des représentant•e•s de groupes communautaires, syndicaux et juridiques se rassembleront pour dénoncer les abus graves subis par les résident•e•s et les travailleur•euse•s, ainsi que l'inaction des autorités publiques qui a permis ces dérives. Des révélations troublantes seront dévoilées en exclusivité lors de la conférence de presse.
Bien que la fermeture officielle était prévue pour le 2 juillet 2025, les résident•e•s ont subi des pressions et du harcèlement pour les forcer à quitter rapidement. Cette semaine, la police a expulsé la dernière locataire, mettant un point final à cette RPA.
Des abus systémiques et des conditions indignes
En octobre 2024, près de 70 résident•e•s âgées de plus de 65 ans vivaient encore au Manoir Louisiane. Trois mois plus tard, l'immeuble est vide : tous•tes les locataires ont été forcé•e•s de quitter leur logement sous pression, plongeant plusieurs d'entre eux•elles dans une profonde détresse psychologique.
« Bien qu'ils avaient des baux en cours, les locataires ont été soumis•e•s à des évictions déguisées : aucun avis formel, aucune aide financière, ni indemnisation pour les frais de déménagement. Leur droit au maintien dans les lieux a été complètement violé. Les comités logement, qui ont tenté de soutenir les locataires et de les informer de leurs droits, ont été systématiquement empêchés d'accéder à la résidence, la police intervenant à la demande de la propriétaire. » explique Annie Lapalme d'Entraide logement Hochelaga-Maisonneuve.
Selon Valerie Campanelli du projet Un toit pour tous•tes de la Table de quartier Hochelaga-Maisonneuve, « Les résident•e•s du Manoir Louisiane ont été victimes d'abus graves et de conditions de vie inacceptables, facilités par l'inaction des institutions publiques. Cette situation a conduit au déplacement forcé d'aîné•e•s vulnérables hors de leur quartier et à des violations flagrantes de leurs droits ».
Outre les pressions et harcèlements pour les faire partir, les locataires vivaient dans des conditions inhumaines : infestations de punaises de lit qui a persisté pendant deux ans et des non-conformités en matière de sécurité incendie toujours non corrigées. Ces abus s'ajoutent à un autre aspect alarmant : la propriétaire accumule également plusieurs dossiers pour violations des droits des travailleur•euse•s dans ses établissements.
« La situation au Manoir Louisiane constitue un exemple probant des dérapages du modèle de l'entreprise privée dans l'hébergement et les soins aux aîné-es où chaque décision est dictée par la recherche de profits. Nous sommes d'avis qu'un meilleur encadrement des résidences privées pour aîné-es (RPA) est nécessaire afin d'éviter qu'une telle situation se reproduise », affirme le vice-président pour les régions de Montréal, Laval et du Grand Nord de la Fédération de la santé et des services sociaux-CSN, Sébastien Gagné.
Un abandon des institutions publiques
Le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, malgré sa responsabilité et sa reconnaissance des conditions déplorables et insalubres, s'est contenté de reloger les résident•e•s, sans défendre leurs droits ni offrir un accompagnement suffisant. Il a par ailleurs refusé catégoriquement de collaborer avec les groupes communautaires qui voulaient offrir leur expertise afin de soutenir les locataires. Cette inaction et cette opacité ont laissé les locataires isolé•e•s et vulnérables face aux abus.
L'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve a, de son côté, affirmé que son règlement sur la salubrité et la sécurité des logements ne s'applique pas aux RPA, niant ainsi toute responsabilité. De plus, en refusant d'utiliser son droit de préemption pour acquérir le bâtiment, il a abandonné l'opportunité de préserver cet espace en tant que ressource essentielle pour le quartier.
Des solutions nécessaires et immédiates
Les groupes communautaires appellent à des actions concrètes pour éviter qu'une telle situation se reproduise :
- Sanctionner la propriétaire pour harcèlement et négligence, avec des conséquences légales et financières.
- Socialiser le Manoir Louisiane, en convertissant l'immeuble en logement social ou en RPA publique pour garantir des logements abordables et sécuritaires.
- Réformer les lois sur les RPA afin de protéger les résident•e•s contre les évictions déguisées et de renforcer leur droit de maintien dans les lieux.
- Responsabiliser les institutions publiques, avec une collaboration renforcée entre le CIUSSS et l'arrondissement pour garantir des conditions de vie dignes et des mécanismes de protection efficaces.
Cette situation est un exemple alarmant des défaillances du modèle privé dans l'hébergement des aîné•e•s et de l'urgence d'un meilleur encadrement des RPA. Les institutions doivent agir immédiatement pour prévenir de tels abus et protéger les locataires les plus vulnérables.
Des détails accablants seront révélés lors de la conférence de presse où prendront la parole:
Valerie Campanelli - La Table de Quartier Hochelaga-Maisonneuve
Annie Lapalme - Entraide logement Hochelaga-Maisonneuve
Pierrette Cyr - ex-locataire du Manoir Louisiane
Arianne Debigare - Comité Logement Rosemont
Sébastien Gagné - Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Manuel Johnson - avocat en droit du logement
Serge Rousseau - Association québécoise de défense des droits des retraités (AQDR)
Le Comité BAILS et des résident•e•s de la RPA Mont-Carmel seront également présents pour échanger avec les journalistes.
Les intervenants répondront aux questions sur place. Un dossier complet sera remis en exclusivité aux journalistes participants.
SOURCE Comite Bails Hochelaga
Contacts média: Valérie Campanelli, [email protected], 438.828.5575 ; Marine G. Armengaud, [email protected], 438.529.0807
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