Une croissance soutenue, atténuée par les effets des accords commerciaux
SAINT-HYACINTHE, QC, le 13 avril 2022 /CNW Telbec/ - Après une année 2020 difficile pour le secteur laitier, les effets de la crise de la COVID-19 se sont estompés graduellement en 2021 et cette tendance se poursuit dans la première partie de 2022. Le déconfinement et l'assouplissement des consignes sanitaires, dont la réouverture des salles à manger des restaurants, ont été favorables pour la demande en produits laitiers. Au total, les ventes ont atteint 2,864 milliards de dollars en 2021, soit une hausse de 4,1 % par rapport à 2020, alors que la production a augmenté de 2,7 %, pour atteindre 3,456 milliards de litres de lait. Toutefois, dans la 2e moitié de l'année, des changements dans les habitudes de consommation liés au déconfinement et une hausse des importations liées aux accords commerciaux ont limité cette croissance.
L'impact de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), en vigueur depuis juillet 2020, s'est davantage fait ressentir dans la dernière année. Les produits américains sont entrés de manière imprévisible au cours de l'année sur nos marchés, perturbant le modèle de gestion de l'offre qui vise justement à équilibrer de façon précise l'offre et la demande. « Le gouvernement a formalisé son engagement à indemniser les producteurs laitiers pour les impacts négatifs liés aux concessions de marchés dans l'ACEUM dans son budget 2022. Toutefois, nous sommes préoccupés de devoir attendre jusqu'à la mise à jour financière de l'automne pour avoir les détails sur les montants qui seront accordés et les modalités de versement. Nous avons besoin de prévisibilité. Le choc économique qu'absorbent nos entreprises est important et se fait déjà sentir. Les compensations ne sont pas de l'argent en plus pour les producteurs. Elles serviront à combler les marchés cédés par le gouvernement dans l'ACEUM alors que nos entreprises ont investi pour les développer », a déclaré le président des Producteurs de lait du Québec, Daniel Gobeil, devant les producteurs réunis en assemblée annuelle.
Dès mars 2020, la pandémie et les premiers confinements ont engendré un déplacement d'une portion des ventes en hôtellerie restauration et institutions (HRI) vers les ventes au détail. Avec la levée graduelle des mesures sanitaires, on observe un retour progressif à l'équilibre entre les deux secteurs de ventes qui prévalait avant la pandémie. Les marchés de l'hôtellerie et de la restauration ne sont malgré tout pas encore pleinement rétablis et les consommateurs ont eux aussi adapté leur comportement d'achat. Les ventes au détail de février 2022 restent plus élevées que celles de février 2020, juste avant le début de la crise. Selon les données fournies par la Société Nielsen, les ventes canadiennes au détail pour cette période ont augmenté de 5,8 % pour le beurre, de 11,2 % pour la crème, de 4,6 % pour la crème glacée, de 7,5 % pour les fromages, de 0,7 % pour le lait de consommation et de 2,9 % pour le yogourt.
« La pandémie a soulevé un désir de consommation locale dans l'ensemble de la société, un désir de développer notre autonomie et notre sécurité alimentaire qui sont justement des principes au cœur de notre système de gestion de l'offre. Nos consommateurs demeurent donc fidèles à nos produits », a ajouté M. Gobeil
Prix du lait et flambée des coûts de production
La hausse du prix moyen du lait payé aux producteurs au cours de 2021 est de 1,95 % et provient de l'augmentation de la composition du lait, particulièrement pour la matière grasse, de l'indexation de 2 % du prix des classes régulières (lait et autres produits laitiers) de lait au 1er février 2021 et des prix mondiaux à la hausse. Ces effets favorables ont été partiellement annulés par l'évolution de la structure des ventes. En effet, les ventes destinées à la transformation secondaire, moins rentables, ont augmenté plus rapidement que celles, toujours importantes, pour le fromage, avec 43 % du lait produit à la ferme, 18 % pour le lait et la crème et 10 % pour le yogourt et la crème glacée. Les consommateurs québécois restent les champions canadiens de la consommation au détail de yogourt, avec 10,7 kg par habitant annuellement, et de fromages, avec 8,4 kg par habitant.
La hausse de prix de l'année 2021 n'aura pas été suffisante pour couvrir celle substantielle des coûts de production. En effet, l'augmentation du coût des aliments des bovins, mais aussi de l'engrais et du carburant a généré une hausse du coût de production de 13,4 % entre l'été 2019 et l'été 2021. L'indexation de février ne permet malheureusement pas de couvrir l'ensemble de la hausse des coûts, ce qui ajoute de la pression sur le besoin de maintenir une structure des ventes favorable. De plus, le contexte inflationniste et la guerre en Ukraine, notamment, ont entrainé une hausse additionnelle des coûts de production depuis la dernière période de référence utilisée pour l'indexation. De l'été 2021 à février 2022, le coût des engrais et des herbicides a grimpé de 40,9 %, celui du carburant, de 26,7 % et celui des aliments pour bovins laitiers, de 9,4 %. L'impact de ces hausses importantes de coûts de production qui se poursuivent est, pour l'instant, atténué par les prix mondiaux qui sont très fortement à la hausse dans le contexte pandémique et géopolitique actuel. Cette hausse aide actuellement les producteurs à faire face à l'explosion de certains coûts. « La poursuite de la flambée des coûts de production demeure très préoccupante pour nos producteurs et nous allons continuer de suivre attentivement la situation pour nous assurer de maintenir la viabilité des fermes laitières dans ce contexte », a conclu Daniel Gobeil.
À propos des Producteurs de lait du Québec
Les Producteurs de lait du Québec, affiliés à l'UPA, représentent les 4 643 fermes laitières qui livrent quelque 3,46 milliards de litres de lait dont la vente totalise des recettes à la ferme de plus de 2,86 milliards de dollars. La production et la transformation laitière génèrent au Québec quelque 65 000 emplois directs, indirects et induits et contribuent à hauteur de 5,3 milliards de dollars au produit intérieur brut. Finalement, elles entraînent des retombées fiscales de 1 milliard de dollars.
Pour plus de renseignements, visitez notre site Web à l'adresse www.lait.org ou suivez-nous sur Twitter, Facebook et Instagram.
SOURCE Les Producteurs de lait du Québec
François Dumontier, Directeur - Communications, affaires publiques et vie syndicale, Les Producteurs de lait du Québec, 514 713-0530, [email protected]
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