Agression sexuelle : encore plus difficile à dénoncer pour les adolescents
MONTRÉAL, le 21 nov. 2014 /CNW Telbec/ - Pour Tel-jeunes et LigneParents, le phénomène médiatique entourant les agressions sexuelles aura permis de parler des raisons pour lesquelles les agressions ne sont pas toutes dénoncées. Chaque année, ce sont 700 jeunes et 170 parents qui font appel à ces organismes pour obtenir de l'aide concernant une agression sexuelle. Le constat est qu'il est encore plus difficile pour un jeune de dévoiler cet acte de violence. Quant aux parents, souvent démunis devant cette situation, ils ont besoin d'un accompagnement spécifique pour aider le jeune dans ce processus.
Agressions sexuelles et dénonciation : une réalité spécifique pour les jeunes.
« Même s'il ne s'agit pas d'une majorité de nos demandes d'aides, c'est un chiffre important : près de 2 jeunes par jour nous contactent, car ils ont vécu une agression sexuelle. Il est important de continuer à encourager les jeunes à aller chercher de l'aide, car nous savons bien que c'est encore plus difficile pour eux de dénoncer, compte tenu du contexte dans lequel ils évoluent », explique Sindy Brodeur, intervenante professionnelle chez Tel-jeunes et LigneParents.
Cette difficulté à dénoncer provient en partie du mode de vie du jeune. Les adolescents vivent en quelque sorte dans une « micro-société » dans laquelle ils se côtoient à l'école et dans leurs activités extra-scolaires. Ils sont également très présents sur les réseaux sociaux : tout le monde se connaît et l'information va très vite. Le dévoilement va ainsi impliquer de dénoncer quelqu'un que le jeune connaît, avec qui il a des amis en commun ou qui est apprécié de nos proches, en plus d'être confronté quotidiennement à son agresseur.
L'adolescence est également un moment de la vie où les jeunes expérimentent leurs premières relations amoureuses et sexuelles. C'est le moment de l'apprentissage de ses désirs et besoins, mais aussi ses limites et celles de son partenaire. Parfois, le manque d'expérience du jeune va rendre plus difficile pour lui de discerner si ce qu'il a vécu est réellement une agression sexuelle, et à la dénoncer le cas échéant.
« Les jeunes vont parfois se trouver dans des circonstances ambiguës, dans lesquelles ils ont consenti à certaines choses, mais pas à tout. Ils vont sentir que l'autre n'a pas respecté la limite qu'il a mise, mais ressentir une forte culpabilité, car il avait choisi d'être là. C'est aussi le contexte dans lequel c'est arrivé qui freine le jeune de dévoiler l'agression ».
Qu'il s'agisse d'une première relation sexuelle, de la présence d'un invité à la maison, à un party, ou d'une rencontre sur internet : les règles fixées par les parents peuvent parfois avoir été dépassées par le jeune. À cause de la peur de décevoir son parent, d'être puni ou d'avoir des conséquences, l'adolescent fera peut-être le choix de ne pas en parler, de ne pas dévoiler l'agression.
Dans les cas où l'agresseur est un membre de la famille, les difficultés supplémentaires s'ajoutent: peur de briser la famille, conséquences sur la santé mentale des autres membres de cette famille, peur d'être exclu ou de trahir quelqu'un qu'il aime...
Considérant ces obstacles à dénoncer, un jeune va avoir encore plus besoin d'aller chercher de l'aide, d'en parler à un proche ou à un organisme. « Peu importe si cliniquement ou légalement on ne peut prouver qu'il s'agit d'une agression : si la personne l'a vécu comme telle, alors elle a besoin d'aide. Et Tel-jeunes est là pour les soutenir» conclut Sindy Brodeur, intervenante professionnelle.
Apporter à la victime un soutien adéquat, en lui redonnant du pouvoir.
Lorsqu'un jeune demande de l'aide, il peut être en état de choc, et avoir besoin d'une intervention d'urgence : l'intervenant va alors orienter le jeune vers un hôpital, la police ou le référer à un organisme spécialisé.
Dans de nombreux autres cas, les jeunes vont faire appel aux services de Tel-jeunes pour parler de leurs émotions face à une situation dans laquelle ils ne se sont pas sentis bien, où leurs limites n'ont pas été respectées par l'autre. Ils vont avoir besoin de vérifier si ce qu'ils ont vécu est une agression sexuelle, et s'il est normal de ressentir un sentiment de honte, culpabilité, colère ou de peur.
« Les jeunes ont peur que les parents le sachent et que tout le monde le sache! Cependant, dévoiler une agression sexuelle, ce n'est pas toujours porter plainte. Cela peut faire partie d'un processus, si la victime le souhaite. Mais pour d'autres, pour plein de raisons, leur choix ne va pas être celui-là; et c'est correct aussi. »
Tel-jeunes va respecter le jeune dans ce choix, l'informer des options qui s'offrent à lui. L'intervention va alors consister à redonner du pouvoir au jeune sur la situation, sur sa vie, en choisissant lui-même ses moyens pour aller mieux. Car le mieux pour lui est parfois juste d'en parler et d'avoir de l'aide pour passer à autre chose.
Le rôle du parent : détecter l'agression et protéger son enfant.
Il n'est pas toujours facile pour un parent de détecter que son enfant a pu subir une agression sexuelle. Changements physiques, du vocabulaire, de l'attitude vis-à-vis d'une personne, les signes peuvent être nombreux, mais pas toujours évidents à repérer. Il existe plusieurs pistes pour savoir comment le déceler si votre enfant ne l'exprime pas avec des mots, ou aider un parent à outiller son adolescent face à une agression sexuelle potentielle et l'inciter à en parler s'il en était victime.
Lorsque l'agression est finalement dévoilée, le rôle premier du parent est de protéger et soutenir son enfant : il doit agir vite. « Des parents vont faire appel à LigneParents, pour les aider à évaluer la situation, prendre de l'information, s'outiller pour aider son jeune et avoir quelqu'un à qui en parler. Le parent a aussi besoin d'aide! LigneParent est là pour les accueillir sans jugement. »
Pour en savoir plus sur les agressions sexuelles chez les enfants, et chez les ados.
À propos de Tel-jeunes
Tel-jeunes offre un service d'intervention anonyme, gratuit et confidentiel, jour et nuit, pour tous les jeunes de moins de 20 ans. Une équipe d'intervenants professionnels est disponible en tout temps, au téléphone, par courriel, par Ch@t, sur les forums et maintenant par texto, pour soutenir et accompagner les jeunes de 0 à 20 ans du Québec.
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LigneParents un service d'intervention accessible 24h/7j, anonyme, gratuit et confidentiel, offert par des intervenants professionnels à tous les parents d'enfants âgés de 0 à 20 ans. Sans jamais poser de jugement, les intervenants professionnels s'adaptent à chaque milieu de vie pour aider les parents à agir en toute situation. www.ligneparents.com Téléphone : 1 800-361-5085
SOURCE : Tel-jeunes
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