Aide financière aux études : des millions pour les institutions financières
qui ne prennent aucun risque
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Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)14 oct, 2009, 11:05 ET
MONTRÉAL, le 14 oct. /CNW Telbec/ - Alors que le gouvernement du Québec prétend que la "crise" des finances publiques l'oblige à augmenter taxes et tarifs, ce dernier a versé 1,4 G$ aux institutions financières depuis 1990 dans le cadre du programme de l'Aide financière aux études (AFE). Dans son étude publiée aujourd'hui, l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) dévoile également les impacts socio-économiques néfastes du recours aux institutions financières dans le cadre de l'AFE sur l'endettement des étudiant-es.
"Depuis près de 20 ans, c'est entre 40 et 120 M$ que le gouvernement verse aux banques dans le cadre du programme de l'AFE chaque année. Si ce montant peut paraître modeste, il est important de souligner que les institutions financières ne prennent aucun risque, car le gouvernement garantit tous les prêts. Les institutions financières profitent donc de cette manne, ce qui grève d'autant le budget de l'État." affirme Philippe Hurteau, auteur de l'étude.
Quand les étudiant-e-s mettent fin à leurs études, c'est à leur tour d'assumer le paiement des intérêts liés à leurs dettes. Cela représente en moyenne 1 291$ que chaque étudiant-e québécois-e verse aux institutions financière pour l'ensemble de son prêt. "En faisant le choix de faire affaire avec les institutions financières, le gouvernement oblige également les étudiant-e-s à s'endetter auprès d'elles et à leur verser d'importantes sommes en intérêts. Les étudiant-e-s ayant un prêt et étant aux études en 2006-2007 verseront, au bas mot, 32 M$ en intérêts aux institutions financières, le tout pour des prêts sans le moindre risque !", lance Philippe Hurteau, chercheur de l'IRIS.
L'étude fait la démonstration qu'il serait plus avantageux, tant pour les finances publiques que pour les étudiant-e-s, que le gouvernement assume lui-même la gestion de ces prêts. Le gouvernement fédéral a jugé bon de faire ce choix depuis l'an 2000 en empruntant lui-même aux banques de l'argent qu'il prête ensuite aux étudiant-e-s. En conséquence, il impose aux étudiant-e-s des taux d'intérêts comparables à ceux des institutions financières et perpétue ainsi l'endettement étudiant. Le gouvernement du Québec pourrait faire un choix différent en augmentant ses revenus ou en mobilisant du capital public disponible.
"Le gouvernement devrait chercher à éliminer l'endettement étudiant, nous avons déjà proposé des pistes de solution en ce sens dans nos études précédentes sur la gratuité scolaire. L'étude du programme de l'AFE nous montre plus encore la pertinence d'envisager l'abolition des tarifs au niveau de l'éducation, tant leur présence oblige à mettre en place un système de compensation coûteux pour les finances publiques et les étudiants. Si le gouvernement n'envisage pas de s'en dispenser, il pourrait tout au moins cesser de verser des intérêts aux institutions financières. Dans l'étude, nous nous penchons sur la possibilité d'utiliser le capital de la Caisse de dépôts et de placements du Québec pour financer les prêts étudiants. Cette politique aurait le triple avantage de réduire les coûts pour les finances publiques et ceux pour les étudiant-e-s tout en stabilisant l'épargne des futurs retraités", conclut Philippe Hurteau.
Renseignements: Bertrand Schepper, chercheur à l'IRIS, (514) 206-6733
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