MONTRÉAL, le 22 janv. 2018 /CNW Telbec/ - Les États-Unis et le Canada doivent faire des concessions pour sauvegarder l'ALÉNA, dont les jours sont comptés si les parties à la table de négociation persistent à vouloir protéger leurs industries au détriment des consommateurs et du libre-échange, soutient l'IEDM.
« Les deux pays doivent faire des compromis. Pas juste les Américains, nous aussi. Tout le monde doit mettre de l'eau dans son vin », soutient Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques à l'IEDM.
Alors que s'amorce à Montréal la sixième ronde de discussions, M. Moreau rappelle que l'ALÉNA a profité au Canada, aux États-Unis et au Mexique. « C'est une entente gagnant-gagnant-gagnant. Depuis l'entrée en vigueur de l'ALÉNA en 1994, la productivité a augmenté partout en Amérique du Nord et les échanges commerciaux ont explosé. Tout le monde en profite ! », dit-il.
La fin de l'ALÉNA pourrait avoir des conséquences économiques graves puisque la quasi-totalité (96 %) des exportations de l'industrie automobile canadienne, par exemple, est destinée au marché américain. Les 125 400 emplois directs qui s'y rattachent sont donc très dépendants de notre partenaire économique. Les tarifs à la frontière heurtent aussi le secteur aéronautique et celui du bois d'œuvre, où le marché américain représente près de 75 % des exportations canadiennes.
Afin de sauvegarder l'entente, chaque pays doit faire des concessions et sortir de la logique mercantiliste. Le Canada, par exemple, pourrait libéraliser son marché agricole - tout en indemnisant les agriculteurs touchés - et demander en retour un plein accès aux autres marchés.
« On ne peut pas d'un côté défendre le maintien des tarifs, qui peuvent atteindre 300 % pour les produits sous gestion de l'offre, et accuser de l'autre le gouvernement américain d'être protectionniste », souligne Alexandre Moreau. « S'il voulait démontrer son leadership, le Canada devrait plaider pour l'abolition de toutes les barrières au commerce qui persistent de part et d'autre de la frontière. »
Dans le contexte particulier de la renégociation de l'ALÉNA, l'abolition d'un irritant majeur comme la gestion de l'offre permettrait au Canada d'être en meilleure position pour contrer les élans protectionnistes américains dans le secteur automobile et celui du bois d'œuvre, deux secteurs névralgiques pour le pays. « Les Canadiens seraient doublement gagnants, car le système de quotas et de tarifs imposés sur les produits laitiers, les œufs et la volaille bloque l'entrée de produits étrangers et coûte plus de trois milliards $ par année aux consommateurs canadiens, selon l'OCDE », explique Alexandre Moreau.
« Le Canada a toujours été un leader du libre-échange. Nous sommes une nation d'exportateurs qui ont toujours su conquérir des nouveaux marchés, c'est dans notre ADN », ajoute Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l'IEDM. « L'ALÉNA est une réussite dont nous pouvons être fiers, mais sa survie est menacée. Le Canada doit démontrer son leadership dans ces négociations, en prônant une ouverture des marchés des deux côtés de la frontière. »
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L'IEDM est un organisme de recherche et d'éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l'IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
SOURCE Institut économique de Montréal
Demandes d'entrevues : Pascale Déry, Vice-présidente, Communications et développement, IEDM. Tél. : 514-273-0969 p. 2233 / Cell. : 514-502-6757 / courriel : [email protected]
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