Allégations graves envers la DPJ : un reportage manquait d'équilibre
MONTRÉAL, le 8 janv. 2025 /CNW/ - Le Conseil de presse du Québec a publié trois nouvelles décisions relatives à des plaintes qu'on lui avait soumises. Il a retenu deux plaintes et en a rejeté une.
D2024-01-002 : Ève Sasseville c. Florence Lamoureux et Le Journal de Montréal
Le Conseil de presse retient la plainte d'Ève Sasseville visant l'article « Pères violents : des mères se font retirer la garde de leur enfant », paru le 15 janvier 2024, et blâme la journaliste Florence Lamoureux et Le Journal de Montréal concernant le grief de manque d'équilibre. La décision du Conseil souligne l'importance de présenter le point de vue des parties directement visées par une histoire. Alors que des décisions prises par des intervenantes de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) étaient vivement dénoncées, l'article ne présentait pas la version des faits de la principale intéressée, la DPJ, ni du ministère responsable.
La décision indique que lorsqu'une personne ou un organisme est visé par des allégations graves, il est indispensable de tenter d'obtenir sa version des faits. « Lorsque des accusations si graves envers une personne ou une entité sont le sujet d'un reportage, un journaliste se doit de tout faire pour obtenir sa réponse. Et même devant un refus, il existe plusieurs façons d'apporter l'équilibre », fait valoir la décision.
Par ailleurs, le Conseil rejette les griefs d'information inexacte et de manque de fiabilité des informations transmises par les sources.
D2024-02-015 : Kaven Benoit c. La Presse Canadienne et Radio-Canada
Le Conseil de presse retient la plainte de Kaven Benoit visant l'article « Que faut-il savoir sur les inhibiteurs de puberté, qui font débat en Alberta? », de La Presse Canadienne, publié sur le site Internet de Radio-Canada le 11 février 2024, concernant un grief d'information incomplète.
Le Conseil annonce d'emblée, dans sa décision, que « la question des soins d'affirmation de genre chez les jeunes est un sujet sensible qui, à l'heure actuelle, est source de débat dans le milieu médical, dans la sphère politique et dans la société en général ». Il poursuit : « Dans ce contexte, il est important de rappeler l'impartialité du Conseil de presse en la matière. Il est également important de préciser que seules les informations qui étaient disponibles au moment de la publication de l'article ont été prises en considération dans l'étude de ce dossier. »
Le Conseil s'est penché sur une phrase précise du reportage pointée par le plaignant et a déterminé qu'elle était incomplète. Alors que le reportage affirmait : « Les effets des inhibiteurs de puberté sont réversibles si le traitement est interrompu », il ne mentionnait pas la possibilité d'effets secondaires irréversibles. Dans ce contexte précis, où les études à long terme font défaut et les spécialistes ne sont pas tous d'accord, l'affirmation sur les « effets réversibles » manquait de nuances essentielles. Le Conseil rappelle que « [c]ertaines données sur les effets indésirables potentiels des inhibiteurs de puberté étaient disponibles dans l'espace public au moment de la publication de l'article en cause. [...] Le fait de ne pas fournir ces informations a eu pour conséquence d'altérer considérablement la compréhension du sujet, puisque l'affirmation "les effets des inhibiteurs de puberté sont réversibles si le traitement est interrompu" laisse entendre au lecteur que tous les effets liés à la prise d'inhibiteurs de puberté chez les adolescents sont réversibles et peut amener le public à penser qu'un tel traitement ne comporte pas de risques pour la santé. Or, il est important pour le public de connaître les enjeux liés à un tel traitement, de surcroît si une partie importante de la communauté scientifique s'en inquiète. »
Il était donc « essentiel à la compréhension du sujet de l'article de mentionner que, selon des études récentes, la prise d'inhibiteurs de puberté chez les adolescents est susceptible de causer des effets indésirables potentiellement irréversibles, notamment en ce qui a trait au développement osseux. Des craintes de spécialistes ont aussi été soulevées quant à l'absence d'études probantes concernant les effets à long terme des inhibiteurs de puberté sur le développement du cerveau et la fertilité. »
Le manquement déontologique ayant été corrigé par les médias concernés, le Conseil absout les mis en cause, qui ne reçoivent pas de blâme.
D2023-12-083 : Michèle Fiset c. Radio-Canada
Le Conseil de presse rejette la plainte de Michèle Fiset visant des contributions du public publiées à la suite des articles « Touchées par un taux de criminalité élevé, des communautés autochtones s'organisent » et « L'économie autochtone pourrait atteindre 100 milliards $, selon une leader », respectivement publiés les 8 et 23 novembre 2023 sur le site Internet Espaces autochtones de Radio-Canada, concernant les griefs d'absence de modération d'une contribution du public et de refus injustifié de publier des contributions du public. « Étant donné que Radio-Canada a mis en place les moyens raisonnables qu'on peut exiger d'un média pour modérer les contributions du public et que le Guide prévoit une obligation de moyens et non de résultats, le Conseil rejette le grief d'absence de modération d'une contribution du public », peut-on entre autres lire dans la décision.
À propos
Le Conseil de presse du Québec est un organisme privé, à but non lucratif, qui œuvre depuis plus de 50 ans à la protection de la liberté de la presse et à la défense du droit du public à une information de qualité. Son action s'étend à tous les médias d'information distribués ou diffusés au Québec, qu'ils soient membres ou non du Conseil, qu'ils appartiennent à la presse écrite ou électronique. Le Conseil reçoit les plaintes du public et rend des décisions relativement à la déontologie journalistique. Mécanisme d'autorégulation de la presse, le Conseil ne peut être assimilé à un tribunal civil, il ne possède aucun pouvoir judiciaire, réglementaire, législatif ou coercitif; il n'impose aucune autre sanction que morale.
Le Conseil de presse remercie Cision d'avoir rendu possible l'envoi de ce communiqué.
SOURCE CONSEIL DE PRESSE DU QUEBEC
RENSEIGNEMENTS : Caroline Locher, secrétaire générale, Conseil de presse du Québec, [email protected]
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