Le CPM invite le Ministre à réévaluer les impacts des appels d'offres sur les patients québécois
MONTRÉAL, le 6 juill. 2017 /CNW Telbec/ - Le gouvernement du Québec semble encore une fois concentrer toute son attention uniquement sur les coupures, sans égard au bien-être des patients. Le projet d'appel d'offres du Ministre Barrette se veut une sérieuse déception pour le Conseil pour la protection des malades (CPM). Le gouvernement du Québec a annoncé ses intentions de lancer un processus d'appel d'offres pour réduire le coût des médicaments génériques. Nous comprenons les intentions du gouvernement de chercher à diminuer les coûts des médicaments, mais cela ne doit en aucun cas se faire aux dépens des patients.
«Il ne s'agit pas ici d'un appel d'offres pour boucher des nids de poule, mais bien d'un appel d'offres concernant des médicaments sur lesquels dépendent des centaines de milliers de Québécois », affirme Me Paul Brunet, président du CPM. «Le gouvernement n'est pas en droit de dégrader la condition de vie de patients Québécois au nom de la réduction des coûts. »
De sérieux risques pour l'ensemble des Québécois
Dans son mémoire déposé devant commission parlementaire responsable d'étudier le projet de loi 81, l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) affirmait que « la pénurie de médicaments est le risque qui vient le plus spontanément à l'esprit quand il s'agit de procéder par appels d'offres. »i Alors que de nombreux cas de pénurie de médicaments frappent d'autres pays procédant par appel d'offres comme la Nouvelle-Zélande, comment est-ce que le gouvernement du Québec compte assurer la garantie d'approvisionnement?
Des répercussions thérapeutiques importantes pour les patients sous médication
La stratégie d'appel d'offres avancée par le gouvernement entraînerait des changements de prescriptions pour des centaines de milliers de patients, avec d'importants enjeux en termes d'efficacité, de profil d'innocuité et d'observance au traitement.
Bien que les médicaments génériques soient équivalents entre eux, certaines composantes sont différentes d'un produit à un autre (différents ingrédients actifs et excipients). Le changement d'un médicament pour un autre peut donc dans plusieurs cas amener des effets secondaires indésirables aux patients, sans compter le stress et la confusion engendrés par de tels changements chez les personnes âgées ou encore les patients aux prises avec des troubles de santé mentale.
Le coût plus important que la qualité?
Le gouvernement devrait mettre le bien-être de la population au premier plan en assurant de porter son attention sur la qualité des médicaments plutôt que sur leurs coûts. Dans son même rapport, l'AQPP soulignait que « la question de qualité des molécules pourrait également faire surface lorsque l'on s'arrête aux standards relatifs aux contrôles de qualité qui diffèrent des normes nord-américaines pour certaines organisations basées dans des pays moins développés. »ii
À titre d'exemple, la plus grande organisation d'achat de médicaments pour les hôpitaux au Canada, HealthPro, a elle-même mise en place un processus d'appel d'offres avec un système d'évaluation des médicaments pour lequel les prix comptent pour seulement 35% des points, le reste étant des facteurs qualitatifs.
Si le gouvernement va de l'avant avec ses appels d'offres, que comportera le cahier des charges sur les questions fort importantes de la qualité des médicaments et qu'en sera-t-il des centaines de milliers de patients québécois qui verront leur médication être changée? Pourquoi le ministre de la santé n'est-il pas soumis, comme tous les autres ministres et tous les autres organismes gouvernementaux, à la Loi sur les contrats des organismes publics, laquelle prévoit déjà des exigences en terme de sécurité et de qualité, afin notamment de protéger le public ?
Le CPM demande au ministre de la Santé de réévaluer le processus risqué d'appel d'offres pour les médicaments génériques d'ordonnance et de négocier une solution durable avec les acteurs de l'industrie pour le bien-être des Québécois, ce que la Loi sur les contrats des organismes publics permet déjà d'ailleurs.
À propos du Conseil pour la protection des malades
Le CPM est un organisme privé, sans but lucratif, voué depuis bientôt 50 ans à la protection et à la défense des droits des usagers du réseau de la santé et des services sociaux. Le CPM regroupe de nombreux comités des usagers et de résidents implantés au sein d'établissements de santé et de services sociaux situés aux quatre coins de la province, lesquels représentent plus de la moitié de tous les usagers québécois du réseau de la santé.
i Mémoire de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires présenté à la commission parlementaire de la Santé sur le projet de loi No 81 prévoyant des appels d'offres pour l'acquisition de certains médicaments, mars 2016, p. 13 |
ii Mémoire de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires présenté à la commission parlementaire de la Santé sur le projet de loi No 81 prévoyant des appels d'offres pour l'acquisition de certains médicaments, mars 2016, p. 15 |
SOURCE Conseil pour la protection des malades
Pour coordonner une entrevue : Conseil pour la protection des malades, (514) 592-0127; Marie-Philip Leduc, (514) 267-3619; Karl Helou, (514) 560-7785
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