Arguments en faveur d'un plan d'action canadien contre la violence faite aux femmes
OTTAWA, le 8 oct. 2013 /CNW Telbec/ - Au Canada, en 2010, 593 maisons d'hébergement accueillaient des femmes violentées vivant de multiples problématiques sociales et leurs enfants, ce qui représente 11 461 lits. Il est évident que ces chiffres n'ont pas diminué depuis… Il est également évident aussi que nous ne disposons pas des moyens nécessaires à un tel combat.
Afin d'identifier les lacunes des politiques et des lois liées à la violence faite aux femmes (VFF) au pays, le Réseau canadien des maisons d'hébergement pour femmes (RCMHF) a mené, en 2012, le projet Prospectives de politiques et d'opportunités en matière de VFF. Financée par la Fondation canadienne des femmes, l'étude examine en profondeur les politiques, lois et plans d'action concernant la VFF dans l'ensemble des provinces et territoires ; les ressources allouées à la protection et au soutien des survivantes ; les limites des systèmes juridiques et des lois ; l'accès au logement ; la justice sociale et, finalement, la prévention de la VFF.
Les résultats inquiétants de cette étude sont publiés aujourd'hui dans notre rapport Arguments en faveur d'un plan d'action canadien contre la violence faite aux femmes. Les conclusions montrent clairement l'importance d'élaborer et d'implanter un plan national de lutte contre les violences faites aux femmes.
« Le Réseau demande au gouvernement fédéral de prendre de nouveaux engagements, notamment financiers, et de mettre en place de solides mécanismes de surveillance, d'évaluation et de collecte de données. », déclare Manon Monastesse, directrice de la Fédération de ressources d'hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec.
En effet, en absence d'un tel plan, les réponses à la VFF sont largement fragmentées, les services d'aide et d'hébergement souvent inaccessibles et la sécurité des femmes souvent plus entravée qu'améliorée par différentes démarches.
Les maisons d'hébergement de tout le pays soutiennent la nécessité de se doter d'un plan d'action national et reconnaissent que la simple création de services ne permettra pas un réel endiguement de la VFF. « Bien qu'au Québec de nombreuses mesures ont été mises en œuvre en matière de violence faite aux femmes et en matière d'égalité, un plan d'action canadien permettrait d'améliorer la prévention et les actions de lutte contre cette violence, particulièrement au niveau des compétences fédérales », de déclarer Louise Riendeau, coordonnatrice des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.
Le rapport montre que le gouvernement fédéral n'identifie pas les femmes (en tant que groupe démographique particulier) comme une population à risque en termes de violence par un partenaire intime ou de violence sexuelle, négligeant ainsi certaines variables fondamentales, notamment les causes profondes de la VFF.
Holly Johnson, chercheuse principale, souligne que « de plus en plus, le gouvernement fédéral aborde la sécurité des femmes sans tenir compte d'une dynamique de genre et, par conséquent, ne fait pas de lien entre la violence et le sexe. C'est la raison pour laquelle le Canada n'a pas de politique positionnant la VFF dans un contexte d'inégalité entre les sexes, décuplée par beaucoup d'autres inégalités sociales. »
Voici quelques conclusions percutantes de ce rapport :
- Dans plusieurs provinces et territoires, la sécurité des femmes est compromise par une insuffisance de fonds gouvernementaux ;
- Un changement d'orientation s'impose en vue de fournir des services aux femmes autochtones ;
- Les systèmes juridiques au Canada sont coûteux, inaccessibles, fragmentés et doivent être améliorés en vue de mieux contrer la VFF et de bénéficier aux survivantes ;
- Il n'existe que peu d'évaluations des méthodes efficaces pour contrer la VFF ou pour transformer les attitudes et les comportements face à la VFF.
Un plan d'action canadien de lutte contre la VFF au Canada devrait avoir comme priorités : la cohérence en matière de politiques et de lois concernant la VFF ; une vision commune des causes profondes de la VFF ; des approches cohérentes en matière de prévention et de réponse à la VFF ; la recherche collective des solutions les plus appropriées et, finalement, la généralisation de services et de systèmes coordonnés, clairs et efficaces, au service du respect effectif des droits des femmes violentées.
« Un plan progressiste d'envergure nationale aurait dû être créé depuis longtemps », affirme Lise Martin, directrice générale du Réseau. « Il est absolument crucial que la vision et les savoirs des maisons d'hébergement et de leurs intervenantes soient au cœur du plan d'action canadien que nous espérons bientôt. »
Cet automne, le Réseau amorce avec des partenaires et des organisations alliées l'élaboration d'un modèle de plan d'action canadien sur la VFF, y compris un processus axé sur les survivantes qui tienne véritablement compte de l'expertise développée au fil des ans par les maisons d'hébergement.
Le Réseau canadien des maisons d'hébergement pour femmes (RCMHF) est une coalition de 12 réseaux provinciaux et territoriaux de maisons d'hébergement pour femmes représentant plus de 350 maisons d'hébergement au Canada. Le Réseau présente une voix unifiée à des fins de collaboration, d'éducation et d'innovation en vue d'impulser des changements systémiques qui mettront fin à la violence faite aux femmes.
Le sommaire exécutif et les recommandations
Arguments en faveur d'un Plan d'action canadien contre la violence faite aux femmes est en ligne au https://contrevff.ca/
SOURCE : Réseau canadien des maisons d'hébergement pour femmes
Pour commentaires:
Professeure Holly Johnson, Département de criminologie, Université d'Ottawa
Lise Martin, directrice générale, Réseau canadien des maisons d'hébergement pour femmes
Manon Monastesse, directrice, Fédération de ressources d'hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec et co-présidente du Réseau canadien des maisons d'hébergement pour femmes
Louise Riendeau, coordonnatrice des dossiers politiques, Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
Pour les médias :
Lise Martin
(613) 680-5119
[email protected]
@endvawnetwork
https://www.facebook.com/endvawnetwork
Manon Monastesse : (514) 878-9757 poste 222, cellulaire : (514) 242-6354
Louise Riendeau : (514) 878-9134 poste 1604, cellulaire (514) 220-1057
Partager cet article