Au Québec, le handicap est un signe ostentatoire de patience
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Regroupement des personnes handicapées visuelles (régions 03-12)05 nov, 2013, 09:45 ET
QUÉBEC, le 5 nov. 2013 /CNW Telbec/ - En tant qu'organisations de défense des droits des personnes handicapées, le débat sur les valeurs québécoises du projet de charte nous questionne. Quelle vision porte le Québec sur l'égalité entre les personnes ayant des limitations fonctionnelles et celles qui n'en n'ont pas ? À quelques semaines de la fin de l'épopée de Monsieur Robert Delarosbil, nous constatons que cette question est loin d'être réglée. Selon la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, 30 % des plaintes en 2012-2013 avaient comme motif de discrimination le handicap. Les rapports successifs de la Protectrice du citoyen sont également éloquents du non respect des droits auxquels font face au quotidien les personnes handicapées. Pourtant, tout semble bien aller, comme l'indique le rapport de la Commission Bouchard-Taylor, l'impression de la population semble bien différente «On sait aussi que les accommodements visant à assurer l'égalité des femmes enceintes ou des personnes vivant avec un handicap physique sont très largement acceptées….». Nous aurions aimé savoir qui était ce on, afin de lui apprendre à distinguer un préjugé d'un fait. Quitte à proposer un message clair sur les valeurs québécoises, ne serait-il pas temps de clarifier qu'au Québec, le handicap est un signe ostentatoire de patience.
Le Code de construction, un exemple de patience
En 1976, le Québec incluait au Code de construction l'accessibilité pour les personnes handicapées, essentiellement celles utilisant un fauteuil roulant. Déjà à l'époque se posaient trois enjeux : les bâtiments construits avant 1976, les bâtiments de moins de 4 étages, et les besoins liés à d'autres limitations. Ces questions se réglaient sur le papier dès 1984, avec les engagements de la politique À part ... Égale. En 2004, face au non respect de ces engagements, la loi assurant l'exercice des droits des personnes handicapées imposait au ministre du travail de déterminer, par règlement, avant décembre 2007, les catégories d'immeubles devant être rendues accessibles aux personnes handicapées et les normes à respecter. Lors des débats, le Ministre Philippe Couillard nous racontait d'ailleurs son histoire : « je voulais déménager mon bureau de comté dans un immeuble construit avant 1976, (...), mais le propriétaire a refusé d'aménager une rampe d'accessibilité pour paraplégiques, pour des raisons, disait-il, esthétiques. C'est quelque chose, hein, qu'on ait encore à faire face à ces attitudes-là ? (…) alors, il s'agit de s'assurer que ce propriétaire, dans le cadre de cette loi et du règlement qui sera déterminé par le ministre, devra le faire, là. »
Près de 40 ans après la modification du Code de construction plus inclusif, 30 ans après les premières promesses de lendemain qui chantent, 10 ans après le rafraîchissement de la loi assurant l'exercice des droits des personnes handicapées, aucun règlement à l'horizon … L'assurance de l'autonomie qui se profile se vivra dans les bâtiments de plus de 4 étages et dans ceux construits après 1976 qui ont respecté le Code de construction … Sauf si la ministre du Travail décide enfin, en collaboration avec le mouvement communautaire des personnes handicapées, de faire passer les valeurs d'équité pour les personnes handicapées du papier au cadre bâti. La Charte des valeurs pourrait ainsi faire l'économie de clarifier pourquoi au Québec, le handicap est un signe ostentatoire de patience.
L'une des missions de l'Association des personnes avec une déficience de l'audition et le Regroupement des personnes handicapées visuelles (régions 03-12), est la défense collective et individuelle des droits des personnes handicapées.
SOURCE : Regroupement des personnes handicapées visuelles (régions 03-12)
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