Austérité : 20% moins de psychologues ?
MONTRÉAL, le 24 févr. 2015 /CNW Telbec/ - Le président de l'Association des psychologues du Québec (APQ), M. Charles Roy, s'inquiète des informations qui sont véhiculées dans le réseau de la santé et des services sociaux concernant la fin de la prime salariale actuellement consentie aux psychologues.
Il faut savoir que la profession de psychologue fait partie des titres d'emploi les plus problématiques au regard des indices de pénurie de main-d'œuvre. Dès 2011, le gouvernement du Québec « (prévoyait) qu'en 2015-2016, il (serait) incapable de pourvoir un poste de psychologue sur cinq dans le réseau public, ce qui représente 547 postes, deux fois plus que les niveaux (de 2011) 1 ».
Ainsi, pour répondre à ce déficit de main d'œuvre, le MSSS a mis en place une prime salariale à partir de 2012. Cette dernière visait à assurer les services requis à la population. De plus, le MSSS s'était aussi engagé à réaliser une évaluation des impacts de cette mesure. Mais voilà, depuis quelques semaines, des CSSS ont déjà annoncé à leurs psychologues que cette prime s'arrêtera au 1er avril 2015.
Cette réaction surprend M. Roy pour deux raisons : « Tout d'abord, le Ministère s'était engagé à effectuer une analyse des impacts de la prime : or on nous a informés que cette analyse n'est toujours pas terminée. Ensuite, les très nombreux témoignages reçus récemment nous confirment que cette prime semble avoir des effets positifs car plusieurs de nos collègues anticipent de quitter le réseau si la prime salariale est abolie. »
Il faut comprendre que ce sont les conditions salariales des psychologues qui aggravent substantiellement le problème de pénurie. Ils se sont d'abord retrouvés perdants dans l'exercice de l'équité salariale. Puis, malgré les ajustements liés à la reconnaissance du doctorat quelques années plus tard, le salaire est demeuré peu attrayant pour les psychologues qui préfèrent nettement travailler en cabinet privé.
Encore une fois, les psychologues et les services de santé mentale feront les frais des compressions budgétaires. Choisir, au nom de l'austérité, de couper le salaire des psychologues et ainsi générer une pénurie de main d'œuvre dans le réseau est un bien mauvais calcul. Le président de l'APQ rappelle que « les services de santé mentale ont besoin des psychologues, dont l'efficacité est attestée par les nombreuses recherches et par le plan d'action en santé mentale 2005-2010 de M. Couillard. Sans compter la rentabilité économique de leurs interventions qui, par exemple, font économiser à l'État 3 000 dollars suite au traitement de courte ou moyenne durée d'une dépression. »
Si le réseau de la santé veut continuer d'offrir les services psychologiques requis à la population, le salaire des psychologues devra être sérieusement réajusté afin de combler l'écart entre les conditions salariales du secteur privé et celles du secteur public. À défaut de quoi c'est une pénurie de 20% de psychologue qui s'annonce dès cette année, témoignages à l'appui.
Et dire que MSSS affirmait prôner l'accessibilité des services de psychologie dans le réseau de la santé et des services sociaux et se disait préoccupé étant donné le rôle central qu'occupent les psychologues au sein des équipes de santé mentale de première ligne. « Je me demande bien où est la cohérence dans les décisions du gouvernement, car une fois de plus nous avons la preuve que l'austérité budgétaire semble vouloir se faire sur le dos des services aux citoyens. » de conclure M. Roy.
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Le Devoir- 22 août 2011. La Presse canadienne . Santé - Québec prédit une forte pénurie de main-d'oeuvre |
SOURCE Association des psychologues du Québec
Charles Roy à [email protected], Disponibilité : mardi le 24 février à partir de 10h00, À : 514 273-5600 # 4610
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