Avis aux médias - Message de la fête du Travail : Le militantisme des
travailleurs peut nous amener le Canada que nous méritons
Ken Lewenza, président national des TCA
TORONTO, le 3 sept. /CNW/ - Les TCA célèbrent le 25e anniversaire officiel de leur fondation en cette fin de semaine de la fête du Travail. Un anniversaire qui suscite des émotions contradictoires.
La fondation de notre syndicat indépendant en 1985 a représenté un moment important pour le mouvement ouvrier. Le vote de désaffiliation des membres des TCA de leur syndicat international américain allait à contre-courant d'une plus grande intégration continentale. Nous avons créé un espace qui a donné une nouvelle voix à la classe ouvrière du Canada et qui a permis de formuler de nouvelles demandes, de nouveaux idéaux et une nouvelle vision pour la société canadienne.
Nos victoires s'inscrivent depuis lors dans le prolongement des importantes réalisations passées du mouvement ouvrier, notamment la semaine de 40 heures, les soins de santé universels, l'assurance-emploi, les congés de maternité et beaucoup d'autres. Les victoires issues des luttes ouvrières ont profité à tous les Canadiens, syndiqués ou non, ce qui me rend très fier.
Moins de Canadiens sont syndiqués aujourd'hui, bien que l'importance des syndicats n'ait jamais été aussi grande. Avec la diminution de notre masse critique, nous risquons de perdre nombre de gains que les travailleurs ont obtenus dans les années d'après-guerre.
Ce n'est pas une coïncidence si des services publics vigoureux et des normes de travail élevées (pensons notamment aux lois rigoureuses sur la santé et la sécurité, aux heures de travail, aux avantages sociaux et même au salaire minimum vital) vont de pair avec des taux élevés de syndicalisation. Nous n'avons qu'à jeter un coup d'œil chez nos voisins du sud pour comprendre ce fait capital. Aujourd'hui, aux États-Unis, le taux de syndicalisation a chuté à 12,3 % en moyenne, plombé par les soi-disant États du "droit de travailler", où les gouvernements ont le droit, comme condition d'emploi, d'interdire l'appartenance à un syndicat.
Selon les propres statistiques du département américain du travail, les États du "droit de travailler" sont le théâtre de beaucoup plus d'accidents du travail (en fait, 51 % de plus) et accordent des salaires moins élevés (en moyenne, les travailleurs y gagnent 5 333 $ de moins par année) que les États n'ayant pas promulgué le "droit de travailler", et les travailleurs n'y bénéficient pas des clauses sur l'ancienneté ou la durée du service acquises par la syndicalisation et les négociations collectives.
La situation n'est pas aussi désastreuse au Canada, mais elle est loin d'être idéale. Ici, le taux de syndicalisation s'établit sous les 30 % et chute régulièrement depuis son sommet de près de 40 % atteint au milieu des années 1980. Si le taux de syndicalisation continue de chuter, nos acquis risquent de s'éroder graduellement, gouvernements et employeurs estimant que le système de contrepoids établi par un taux élevé de syndicalisation commence à montrer des signes de faiblesse.
Les syndicats sont la voix de fait des travailleurs, mais le nombre de syndiqués diminuant, leur influence s'amoindrira aussi. Les pontifes de la droite peuvent se réjouir de ce fait, mais les Canadiens devraient faire attention, particulièrement en cette période de désastre économique où les attaques concertées contre les salaires et les avantages des travailleurs sont à l'ordre du jour.
À peine sorti de la récession, le mouvement ouvrier doit contrer les attaques des gouvernements et des sociétés privées contre les services publics et les travailleurs du secteur public. En Ontario par exemple, le gouvernement provincial a décidé de geler les salaires des travailleurs non syndiqués et tente de restreindre les droits à la négociation collective de dizaines de milliers de travailleurs syndiqués au nom de la protection des services publics, tout en réduisant l'impôt des sociétés, réduction désapprouvée par une forte majorité d'Ontariens, selon un récent sondage.
Des centaines de milliers de Canadiens sont encore sous le choc de la dernière récession, et bien que les marchés montrent des signes de reprise, ceux-ci ne se manifestent pas de façon évidente dans la vie de tous les jours. Le mouvement ouvrier s'unit pour dire que la réduction des services publics n'est pas la solution au déficit et que l'acharnement à faire payer le déficit du gouvernement par le secteur public ne sera pas accepté, particulièrement si ce gouvernement plie face aux grosses sociétés.
Cette attaque contre les services publics suit une période prolongée d'attaques sauvages contre les travailleurs du secteur privé. Dans la fabrication, nous n'avons toujours pas remplacé, loin de là, les 550 000 emplois perdus depuis 2002. Dans le secteur des métaux et des mines, les multinationales ramassent nos ressources naturelles à la pelle tout en ne respectant pas leurs engagements sur le plan des emplois et laissant démunis les travailleurs et les localités.
Ils sont nombreux ceux qui, mis à pied, n'ont toujours pas touché la totalité de leur indemnité de cessation d'emploi. Et ils sont nombreux ceux qui, ayant pu trouver un autre emploi, ont dû accepter des conditions de travail inadéquates et de plus en plus précaires.
Parler de leurs expériences quotidiennes avec les travailleurs peut être profondément triste et susciter un autre type d'émotion : la colère. Ce n'est pas le Canada que moi-même et les autres membres des TCA avions imaginé il y a 25 ans. Notre pays a toujours été un pays de compassion, de diversité, de leadership et de vision. Aujourd'hui, ces principes ont été érodés par la cupidité, le manque de vision et l'intérêt personnel, aussi bien par nos gouvernements que par nos employeurs.
Cependant, la colère ne pourra mener notre mouvement très loin tant qu'elle ne sera pas alliée à l'action. Le militantisme des travailleurs, qui luttent pour un monde dont ils peuvent être fiers, est une constante de l'histoire de notre syndicat, de l'histoire du mouvement ouvrier au Canada et dans le reste du monde. Ce militantisme est aujourd'hui, plus que jamais, essentiel.
J'ai confiance en la force de la solidarité et de l'action collective. Même en cette période de désespoir social et économique, notre mouvement n'est pas près de disparaître. Nous sommes peut-être moins nombreux, mais je crois qu'un nombre croissant de travailleurs canadiens s'identifient à notre lutte et appuient nos idéaux.
Ensemble, nous pouvons nous battre, au nom de tous les Canadiens, pour le Canada que nous voulons et le Canada que nous méritons.
Renseignements: Shannon Devine, communications, Syndicat des TCA, 416-302-1699 (cell.), ou Angelo DiCaro, 416-606-6311 (cell.)
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