BILAN 2023 DE L'EMPLOI AU QUÉBEC - 8e ÉDITION - MOINS DE PÉNURIES DE MAIN-D'OEUVRE MAIS PLUS DE CHÔMEURS
MONTRÉAL, le 7 févr. 2024 /CNW/ - Alors que l'économie ralentit la cadence sous la pression des taux d'intérêt, le marché de l'emploi demeure robuste au Québec. C'est entre autres ce qu'indique le Bilan 2023 de l'emploi de l'Institut du Québec (IDQ) publié aujourd'hui. À preuve, il s'est créé 67 000 nouveaux emplois au Québec entre décembre 2022 et décembre 2023, une croissance qui se compare aux années d'embellie que la province a connues avant la pandémie.
Au Québec, le ralentissement économique s'est surtout traduit par une baisse des postes vacants. « En début d'année l'offre de main-d'œuvre ne suffisait pas à combler la demande des employeurs, explique Emna Braham, directrice générale de l'IDQ. Ces derniers ont donc préféré supprimer des postes affichés - surtout pour les emplois les moins bien rémunérés - qu'effectuer des mises à pied. » Cette pratique n'a toutefois pas suffi à échapper à une augmentation, bien que légère, du taux de chômage, qui est passé de 4,1 % en décembre 2022 à 4,7 % en décembre 2023.
Cette progression du taux de chômage est également due au fait que le bassin potentiel de travailleurs se soit accru plus rapidement que la création d'emplois. Ainsi, l'année 2023 a été marquée par une forte croissance de la population active, de près de 100 000 personnes, largement attribuable à l'arrivée de nouveaux résidents temporaires.
« L'arrivée importante de nouveaux résidents temporaires semble avoir allégé les pénuries de main-d'œuvre dans certains secteurs comme la restauration où on les retrouve en grand nombre, note Simon Savard, directeur adjoint de l'IDQ. Toutefois, ils n'ont pas tous eu autant de facilité à s'intégrer. Sur les 49 000 chômeurs qui se sont ajoutés au Québec entre décembre 2022 et décembre 2023, 13 000 étaient des résidents temporaires. »
Cette réalité résulte d'une augmentation notable du nombre de résidents temporaires couplé à un ralentissement économique venu réduire les possibilités d'emplois. Elle s'explique aussi par l'accueil plus important de demandeurs d'asile qui éprouvent souvent plus de difficultés à intégrer le marché de travail que les autres résidents temporaires.
Mais le plus préoccupant demeure le taux de chômage des immigrants permanents qui s'est accru de 4,7 % à 7,5 % entre décembre 2022 et décembre 2023. Historiquement plus exposés aux pertes d'emplois en période de ralentissement économique, cette hausse surprend alors que le Québec connaissait une amélioration notable de l'intégration de ses immigrants au cours des dernières années.
Depuis la crise sanitaire, les salaires se sont rapidement appréciés au Québec. D'abord, parce que les employeurs ont consenti davantage d'augmentations pour attirer ou retenir les travailleurs mais aussi parce que bon nombre de travailleurs se sont déplacés vers des emplois bien rémunérés.
Heureusement, l'inflation - qui a explosé au sortir de la pandémie - n'a grugé qu'en partie ces gains et le salaire horaire moyen réel était même plus élevé en décembre 2023 (33,02 $) qu'en décembre 2019 (31,87 $). Même constat pour le nombre d'emplois dans les secteurs les mieux rémunérés qui a connu une progression de 45 % en décembre 2019 à 48 % en décembre 2023.
Bien que les déséquilibres entre l'offre et les besoins en main-d'œuvre s'estomperont légèrement en 2024, de nombreux défis persisteront. En se poursuivant, le ralentissement économique réduira la demande pour certains travailleurs, ce qui affectera leur pouvoir de négociation. Les immigrants, particulièrement sensibles à ces fluctuations, pourraient encore en faire davantage les frais.
En parallèle, des problèmes de recrutement persisteront dans d'autres secteurs, comme en santé où l'offre de main-d'œuvre est insuffisante pour répondre à la demande, et dans celui de la construction où la main-d'œuvre qualifiée disponible pourrait ne pas suffire à l'afflux de nouveaux projets.
« Malgré ce contexte difficile, davantage d'employeurs pourraient miser sur l'automatisation, l'intégration de nouvelles technologies, la formation continue et l'adoption de nouvelles pratiques pour rendre les emplois plus attractifs et amoindrir leurs difficultés à recruter, relève Emna Braham. Marqués au fer rouge par les pénuries de main-d'œuvre des dernières années, ils sont désormais plus nombreux à redoubler d'inventivité pour trouver de nouvelles solutions et éviter de se retrouver au dépourvu. »
Téléchargez le rapport Bilan 2023 de l'emploi au Québec : Des clés pour comprendre un marché du travail en mutation
L'Institut du Québec est un organisme à but non lucratif qui axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face. Il vise à fournir aux autorités publiques et au secteur privé les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique, compétitive et prospère.
www.institutduquebec.ca | @InstitutduQC
SOURCE Institut du Quebec
Source : Liette D'Amours, Responsable des relations avec les médias, 514 649-2347, [email protected]
Partager cet article