MONTRÉAL, le 25 sept. 2017 /CNW Telbec/ - Si le département du Commerce américain donne raison cette semaine à l'entreprise Boeing, qui souhaite l'imposition d'une taxe pouvant aller jusqu'à 80 % sur les avions C Series de Bombardier, les conséquences seraient lourdes pour l'entreprise québécoise et l'industrie en général.
« Boeing allègue que Bombardier serait subventionné par les gouvernements du Québec et du Canada, ce qui lui aurait permis de vendre à perte des avions C Series à l'entreprise Delta. Or, si on ajoute une taxe de 80 %, le prix de ces appareils vendus aux États-Unis sera beaucoup plus élevé et Bombardier aura beaucoup de difficultés à les vendre », explique Mathieu Bédard, économiste à l'IEDM.
L'ampleur de ce conflit nous montre encore une fois les effets nuisibles de la course aux subventions dans l'industrie aéronautique. En effet, les entreprises déploient des ressources pour faire du lobbying afin d'obtenir une aide financière ou de mettre des bâtons dans les roues de leurs concurrents, plutôt que d'investir dans leurs avions et services. Pendant ce temps, les contribuables - y compris d'autres entreprises - doivent parier contre leur gré sur le succès d'avions subventionnés.
« Il faut aussi se demander si les autres pays où Bombardier a vendu des C Series vont suivre cette voie. Imaginez si un pays comme la Chine, qui possède une immense assiette fiscale, décidait de s'inspirer de l'aide accordée récemment par Ottawa à l'industrie canadienne pour aider son secteur aéronautique. Ou encore la Russie, où un nombre considérable de travailleurs œuvrent dans ce secteur », ajoute Mathieu Bédard.
Clairement, le Canada, dont l'économie est relativement petite, ne peut sortir gagnant d'une course aux subventions ou d'une escalade protectionniste. Une grande partie des 55 724 emplois en fabrication aérospatiale serait en péril. Il importe plutôt d'envoyer un message clair indiquant que les interventions des gouvernements seront dorénavant restreintes.
« Le bras de fer actuel entre Bombardier et Boeing, qui profite elle-même de la générosité des contribuables américains, montre que le Canada a fortement intérêt à proposer un nouvel accord international, comme il y en a déjà eu dans le passé, ceci afin d'éviter une ruineuse course aux subventions dans le secteur aéronautique et des conflits comme celui auquel nous assistons en ce moment », ajoute Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l'IEDM.
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L'IEDM est un organisme de recherche et d'éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l'IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
SOURCE Institut économique de Montréal
Demandes d'entrevues : Pascale Déry, Vice-présidente, Communications et développement, IEDM., Tél. : 514-273-0969 p. 2233 / Cell. : 514-502-6757 / courriel : [email protected]
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