Boire de l'alcool comporte des risques graves pour votre santé
MONTRÉAL, le 12 avril 2018 /CNW Telbec/ - Dans un mémoire, déposé ce matin à Québec, l'Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) déplore l'absence de la notion de santé dans le projet de loi no 1701 et le manque d'une analyse critique des problèmes sociaux et de santé liés à l'augmentation de la consommation d'alcool.
« C'est étrange, déplore Émilie Dansereau-Trahan, spécialiste de contenu à l'ASPQ, puisque l'alcool demeure un problème majeur de santé publique. Dans le projet de loi no 157 concernant le cannabis, par exemple, le gouvernement du Québec mentionne à 34 reprises le mot santé, à deux reprises le mot santé publique et à 12 reprises le mot prévention; alors que dans le projet de loi no 170, aucun de ces termes n'est mentionné. Avec son projet de loi no 170, l'approche gouvernementale en matière d'alcool est abordée principalement sous l'angle de la rentabilité. On semble ignorer les coûts de santé et sociaux, directs et indirects, liés à la consommation de l'alcool au Québec. Pourtant ces coûts sont importants!»
Risques de santé et sociaux
Sans vouloir se faire alarmiste, Madame Dansereau-Trahan rappelle que « toute consommation régulière d'alcool, même faible, est à risque. Les études scientifiques sont claires à ce sujet : le risque du cancer augmente avec la consommation moyenne d'un verre par jour. Cette augmentation du risque est proportionnelle à la quantité d'alcool consommée. De plus, l'alcool coûte beaucoup plus cher à l'État qu'il ne lui rapporte. Les données les plus récentes, datant de 2002, montrent que les coûts sociaux de l'alcool au Québec s'élèvent à plus de 3 milliards de dollars, alors que les bénéfices nets de la Société des alcools du Québec (SAQ) atteignaient 1,06 milliard de dollars. On peut facilement estimer que, 16 ans plus tard, les coûts associés à l'alcool ont aussi grimpé.
Publicité, promotion, marketing
La promotion de l'alcool se fait aujourd'hui sur une quantité de plateformes : télévision, radio, magazines, journaux, circulaires, panneaux publicitaires, abribus, Internet, médias sociaux, bons de réduction, cartes de fidélité, infolettres, courriels, etc., sans oublier le placement de produits dans les films ou dans les émissions de télévision. « Les alcooliers investissent beaucoup d'argent dans le développement de stratégies de marketing afin de rejoindre et de fidéliser un public bien ciblé. Selon Madame Dansereau-Trahan, si au Québec on interdit la promotion du tabac et que l'on compte en faire autant pour le cannabis, il serait logique et cohérent d'appliquer cette interdiction à l'alcool. »
Étiquetage
« Aucune mise en garde n'est affichée sur les étiquettes des boissons alcooliques, bien que les alcooliers connaissent les risques de leurs produits sur la santé. Pourtant, on sait depuis 2015, à la suite du célèbre procès-tabac, qu'une entreprise doit se rendre imputable de ses actions dans le domaine de la santé publique2. Selon Émilie Dansereau-Trahan, l'étiquetage affichant des mises en garde relatives à la santé permet de sensibiliser et d'augmenter le niveau de connaissance des consommateurs3. Et puisque, socialement, nous avons banalisé les risques associés à l'alcool, le projet de loi no 170 pourrait contribuer à renverser la vapeur. »
Formation obligatoire
Enfin, l'ASPQ souscrit au programme de formation intitulé Action Service4, s'adressant aux propriétaires, au personnel et aux gérants de bars, de brasseries, de tavernes et de restaurants et de tout établissement détenant un permis d'alcool. « Cette formation permet notamment d'assumer ses responsabilités professionnelles, d'apprendre à servir des boissons alcooliques de façon responsable, de prévenir la violence et les accidents causés par des personnes en état d'ébriété́ et ainsi de sauver des vies », conclut Émilie Dansereau-Trahan.
À propos de l'Association pour la santé publique du Québec (ASPQ)
L'ASPQ regroupe citoyens et partenaires pour faire de la santé durable, par la prévention, une priorité.
L'ASPQ soutient le développement social et économique par la promotion d'une conception durable de la santé et du bien-être. La santé durable s'appuie sur une vision à long terme qui, tout en fournissant des soins à tous, s'assure aussi de les garder en santé par la prévention. www.aspq.org.
____________________________
1 http://m.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-170-41-1.html
2 http://info-tabac.ca/recours-collectif-la-saga-continue/
3 Id
4 Pour un service responsable des boissons alcooliques : http://www.ithq.qc.ca/actionservice/fr/
En résumé, L'ASPQ formule les recommandations suivantes :
- L'ASPQ recommande de réduire le nombre d'heures où il est possible de se procurer de l'alcool.
- L'ASPQ recommande que les jeunes de moins de 18 ans non accompagnés d'un adulte dans un lieu d'hébergement n'aient pas accès aux minibars et que les distributrices de boissons alcoolisées soient interdites comme c'est le cas pour le tabac depuis 2006.
- L'ASPQ recommande :
- d'investir dans les ressources financières et humaines nécessaires pour appliquer de manière stricte et rigoureuse le Règlement sur la promotion, la publicité et les programmes éducatifs en matière de boissons alcooliques ;
- d'inclure des restrictions en matière de publicité en incluant la publicité sur Internet et les médias sociaux ;
- d'interdire toute forme de promotion d'alcool aux moins de 18 ans ;
- d'interdire la promotion sous forme de placement de produits ou de commandites d'événements étudiants, sportifs et culturels.
- L'ASPQ recommande :
- d'interdire la promotion croisée impliquant l'alcool ;
- d'établir une nouvelle catégorie de prix minimum pour la bière à forte teneur en alcool ;
- de fixer un prix minimum pour chaque type d'alcool en fonction du degré alcoolique (% d'alcool/vol.) ;
- d'imposer des taxes proportionnelles au degré alcoolique à des fins de clarté du discours public et de cohérence de l'action gouvernementale.
- L'ASPQ recommande d'apposer une étiquette sur chaque contenant de boisson alcoolisée indiquant :
- le nombre de consommations standards qu'il contient afin d'aider le consommateur à surveiller sa consommation ;
- le nombre de calories par verre standard ;
- la mise en garde obligatoire pour les jeunes, les femmes enceintes (pictogramme), les personnes qui prennent des médicaments ;
- la mention des risques de la conduite avec facultés affaiblies ;
- un avertissement sanitaire tel que « Toute consommation d'alcool comporte des risques pour votre santé » et de mentionner le risque potentiel de cancer.
- L'ASPQ recommande de produire et de diffuser largement des campagnes gouvernementales de prévention neutres sur les risques réels de la consommation d'alcool. Ces campagnes devront s'appuyer sur des données probantes.
- L'ASPQ recommande de reconnaître et de rendre obligatoire la formation Action Service.
- L'ASPQ recommande d'intégrer à la mission de la Société des alcools du Québec (SAQ) la notion de prévention de la santé, comme c'est le cas pour la Société québécoise du cannabis (SQDC).
- L'ASPQ recommande de rédiger une loi cohérente de santé durable qui tienne compte de la prévention des dommages sanitaires et sociaux, sans pour autant nier le souci gouvernemental du développement économique des filiales concernées.
SOURCE Association pour la santé publique du Québec (ASPQ)
Jean Alexandre, Responsable des communications et de la collecte de fonds, Association pour la santé publique du Québec, Téléphone : 514 528-5811, poste 261, Cellulaire : 514-442-7119 - Courriel : [email protected]
Partager cet article