Budget 2018-19 : Noël en mars pour les grands cigarettiers
MONTRÉAL, le 27 mars 2018 /CNW Telbec/ - La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac déplore l'absence d'une hausse de la taxe sur le tabac dans le budget provincial 2018-2019, le quatrième consécutif sans une telle augmentation.
« Malgré la diminution soutenue du taux de contrebande, le gouvernement a encore une fois choisi d'écarter le moyen le plus efficace pour réduire le tabagisme et de favoriser les profits de l'industrie du tabac, » déplore Flory Doucas, porte-parole de la Coalition. En effet, la contrebande de cigarettes est passée du tiers du marché en 2009, à environ 15 % entre 2011 et 2015, à 12 % en 2016. Selon le nouveau budget, « la part de marché des produits de la contrebande de tabac est passée de près de 30 % en 2009 à 12 % en 2016, et ce, malgré le fait que la taxe spécifique sur les produits du tabac ait augmenté durant cette période. »
« Le Québec est la province avec les taxes les plus basses au pays. Il n'y a aucune justification pour un gouvernement soucieux de la santé de la population de ne pas profiter de ce contexte extrêmement favorable pour procéder à une hausse qui bénéficierait autant la santé de la population que les finances publiques. »
L'organisme réclame une hausse de 5,00 $ la cartouche de 200 cigarettes depuis la dernière hausse en 2014, calculant que cette dernière résulterait en plusieurs dizaines de milliers de fumeurs en moins, en plus de près de 150 millions de dollars de revenus annuels supplémentaires.
Marge de manœuvre laissée à l'industrie
« La décision du gouvernement de ne pas hausser la taxe tabac, budget après budget, représente un cadeau de quelque 150 millions de dollars par année à l'industrie du tabac et une perte du même montant pour les contribuables. Après tout, ce sont les contribuables qui sont pris avec la facture de 1,9 milliards de dollars en des soins de santé attribuables au tabagisme, » déplore madame Doucas. (La taxe provinciale rapport environ 1 milliard en revenus annuels.)
« L'immense marge de manœuvre disponible pour augmenter les prix des cigarettes est actuellement entièrement accaparée par l'industrie du tabac, qui profite de l'inaction gouvernementale sur ce front pour discrètement augmenter ses propres prix par des montants souvent supérieurs aux hausses de taxes qu'elle a l'habitude de décrier. »
Selon les données de Santé Canada, les fabricants ont augmenté le prix de vente de gros de 4,60 $ par cartouche depuis 2014, ce qui leur a généré 150 millions $ en revenu additionnels.
Contrairement aux hausses de taxes, qui affectent pareillement toutes les marques, la manipulation des prix par l'industrie a pour effet de protéger la santé économique d'une industrie mortelle au lieu de décourager le tabagisme. « Les manufacturiers de tabac déploient des stratégies de prix extrêmement sophistiquées qui minimisent l'impact de leurs augmentations du prix sur le tabagisme -- par exemple en imposant le gros des augmentations sur les marques haut de gamme. Ainsi, l'industrie récolte davantage de profits tout en assurant une offre en cigarettes abordables aux populations les plus sensibles au prix, comme les personnes issues de milieux défavorisés et les jeunes. »
Les augmentations systématiques de prix effectuées par l'industrie elle-même démontrent l'hypocrisie derrière ses campagnes de peur quant au risque de la contrebande de cigarettes. Rappelons qu'un document interne d'Imperial Tobacco montre clairement comment les groupes-façade de l'industrie (soit l'Association canadienne des dépanneurs en alimentation et la Coalition nationale contre le tabac de contrebande) instrumentalisent l'enjeu de la contrebande dans le cadre d'une vaste stratégie de relations publiques ayant pour objectif de refroidir toute volonté politique à augmenter les taxes ou introduire de nouvelles réglementations.
Pour voir le communiqué au complet, avec graphiques et sources, voir :
http://www.cqct.qc.ca/Communiques_docs/2018/PRSS_18_03_27_PasDeTaxesTabac_BudgetQc.pdf
SOURCE Coalition québécoise pour le contrôle du tabac
Entrevues : Mme Flory Doucas, 514-598-5533, 514-515-6780 (cell.)
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