Budget 2025 - Consternation face à un budget qui ferme les yeux sur les besoins criants des femmes et enfants victimes de violence conjugale
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Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale25 mars, 2025, 17:46 ET
QUÉBEC, le 25 mars 2025 /CNW/ - Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale est consterné de constater que le budget dévoilé aujourd'hui ne contient aucune annonce de rehaussement de budget pour permettre aux maisons d'aide et d'hébergement de répondre aux besoins criants des femmes et des enfants qui tentent de fuir une situation de violence conjugale.
Alors qu'il estimait les besoins des maisons à quelque 57,7 millions de dollars, celles-ci ne pourront bénéficier que des 2,3M$ déjà annoncés dans les budgets 2021 et 2022, soit à peine 4% de la somme nécessaire. Les services de consultations externes et d'accompagnement des femmes offerts par les maisons ont augmenté de 92% dans les 4 dernières années. Ceux offerts aux enfants et aux jeunes de 103%. Phénomène jamais connu par le passé, quelque 40% des maisons ont maintenant des listes d'attente pour ces services, et un pourcentage semblable dit ne pouvoir répondre aux demandes des organismes et établissements de leur communauté pour des activités de sensibilisation, par exemple la promotion des rapports égalitaires auprès des jeunes dans les écoles.
Que pourront répondre les intervenantes des maisons aux femmes qui sollicitent leur aide pour préparer un départ en toute sécurité ou pour être accompagnées à la cour ou dans d'autres démarches? Comment faire face au désarroi exprimé par l'une d'elle?
« Quitter un conjoint violent est comme un saut de trapèze. (…) On se dit qu'il y a des ressources qui nous attendent en bas. (…) Mais non, finalement on s'écrase dans une liste d'attente: le filet n'était pas disponible au moment où nous avons lâché le trapèze, il faut attendre » - Témoignage d'une survivante
Du côté de la création de nouvelles places en hébergement : là non plus aucune somme additionnelle. Pourtant SOS violence conjugale indique ne pas pouvoir trouver une place en maison pour 50% des victimes qui font appel à leur service.
Visiblement, le ministre responsable des services sociaux, M. Lionel Carmant, qui pour la troisième année consécutive n'a demandé aucune somme supplémentaire pour les services directs aux femmes et enfants victimes de violence conjugale, ne semble avoir aucune idée de ce que veut dire vivre chaque jour dans la terreur. Terreur d'être humiliée, insultée, menacée, frappée ; et pour les enfants, terreur de se voir violentés tout comme leur mère, ou même tués.
« Avec un maigre ajout de 2,3M$ pour la centaine de maisons, les ressources devront évaluer si elles doivent couper dans les conditions de travail de leurs employées ou couper des postes, ce qui équivaudrait à couper des services » déclare Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques. Si Monsieur Carmant a le sentiment d'en avoir fait assez ces dernières années pour ce secteur, son refus de répondre aux besoins équivaut à commencer à déconstruire le rattrapage amorcé.
Des prix de consolation
Par ailleurs, le budget dévoilé aujourd'hui alloue 300 000$ par an au programme permettant aux maisons de payer les frais d'interprètes pour soutenir les femmes allophones. Cette nouvelle vient confirmer que le programme pourra se poursuivre pour les deux prochaines années, sans toutefois pouvoir le bonifier. On évitera ainsi de devoir couper d'autres services pour répondre à ces besoins.
Le budget ajoute aussi 1 000 nouvelles unités pour le Programme de supplément au loyer, programme dont peuvent bénéficier les femmes victimes de violence conjugale lorsqu'elle se relocalisent dans un logement privé.
Enfin, le budget alloue 1,4M$ pour poursuivre le travail de l'équipe dédiée à la violence entre partenaires intimes au sein de la Sûreté du Québec.
Bien que des plus utiles, ces allocations ne permettront pas de répondre aux besoins d'urgence des femmes et des enfants de violence conjugale. Faudra-t-il les diriger directement vers le bureau du ministre pour qu'il en soit conscient?
SOURCE Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale

Information et demandes d'entrevue : Fanny Guérin, responsable des communications et des relations de presse, [email protected] / 514 754-1057
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