Budget du Québec - Les ministres Proulx et Leitao n'ont pas répondu aux appels pour les besoins particuliers de la CSDM
MONTRÉAL, le 29 mars 2017 /CNW Telbec/ - Les présidences des cinq syndicats représentant le personnel de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) ont réagi aujourd'hui avec grande déception au budget 2017-2018 du gouvernement du Québec. Les sommes allouées pour les services dans les écoles primaires et secondaires ainsi que les centres d'éducation des adultes et de formation professionnelle sont beaucoup trop modestes et celles consacrées à l'entretien, la rénovation, l'agrandissement ou la construction des bâtiments scolaires sont nettement insuffisantes.
« La faible hausse ne nous permet pas d'effacer toutes les coupes effectuées par les mesures d'austérité du gouvernement Couillard. De plus, il faut se rappeler que les élèves et le personnel de la CSDM ont doublement été affectés par les compressions au cours des dernières années, car un plan de retour à l'équilibre budgétaire de près de 32 millions de dollars a été imposé simultanément aux mesures d'austérité. Si l'éducation était vraiment une priorité pour ce gouvernement, on investirait 4,8 % du PIB comme au Royaume-Uni au lieu des 3,9 % actuel. Le Québec pourrait aussi s'inspirer de l'Ontario qui consacre 4,2 % de son PIB à l'école publique, car les Ontariens ne reçoivent pas de subvention pour fréquenter l'école privée. », de commenter Catherine Renaud, présidente de l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal.
Malgré de multiples demandes de rencontres depuis novembre dernier, les ministres Sébastien Proulx et Carlos Leitao ont fait la sourde oreille à la demande de statut particulier pour répondre aux besoins particuliers des élèves de la CSDM. On se souviendra à l'automne dernier que les représentants des parents, du personnel syndiqué, des gestionnaires et des commissaires ont mis leurs différends de côté pour trouver des pistes de solutions durables à des problèmes récurrents notamment pour atténuer les effets combinés d'enseigner à des élèves dont près de 70 % sont issus de milieux défavorisés, environ 14 000 sont reconnus comme étant handicapés ou en difficulté d'apprentissage et la moitié n'ayant pas le français comme langue maternelle.
« À ces conditions particulières, il faut aussi ajouter le portrait exceptionnel du parc immobilier de la CSDM. Nos bâtiments sont les plus vétustes, les plus vieux, les plus contaminés de toutes les commissions scolaires. Nos édifices sont également trop petits, inadaptés et inadéquats. Les projets de rénovation et d'agrandissement en cours ne représentent qu'une petite partie des besoins. Ces travaux provoquent beaucoup d'effets collatéraux et génèrent, par le fait même, encore plus d'entretien ménager, mais les ressources financières et humaines ne suivent pas. », d'ajouter M. Gilbert Ducharme, président de l'Association des concierges du district des écoles de Montréal.
Son collègue, Rémi Desrosiers, président du Syndicat national des employées et employés de la CSDM, qui représente notamment le personnel des aides-concierges, des ouvriers spécialisés et du service alimentaire renchérit : « Non seulement l'entretien ménager est insuffisant pour que tous nos établissements soient salubres et aptes à accueillir les élèves et le personnel, l'entretien des bâtiments est encore plus négligé. La firme indépendante Foucault-Maestro a établi le déficit d'entretien des édifices de la CSDM à 1,2 milliard de dollars. Le vérificateur général du Québec spécifiait dans son rapport de novembre 2012 que le ministère devait consacrer 2 % de la valeur du bâtiment à l'entretien pour allonger sa durée de vie utile alors que seulement 0,8 % de la valeur y est consacré. L'État du parc immobilier serait suffisant à lui seul pour que le gouvernement accorde un statut particulier à la CSDM. Seulement 10 des 225 bâtiments sont dans un état satisfaisant selon Foucault-Maestro.
À ce rythme, le déficit d'entretien ne sera jamais comblé à la CSDM, car la majorité des travaux de rénovation sont donnés en sous-traitance et coûtent environ 30 % plus cher que lorsqu'ils sont effectués par les employés engagés par la CSDM. Des travailleurs qui ont une expertise, une fierté, un engagement et un souci de faire les travaux pour les bonnes raisons. Ils ont un rôle important à jouer au sein de la CSDM. De plus, grâce à l'article 258 de la L.I.P et l'article 54 de la L.E.P. les employés de la CSDM sont scrutés à la loupe pour leurs antécédents judiciaires, en est-il de même pour les sous-traitants? En engageant la sous-traitance, c'est encourager la corruption et l'insécurité. »
Au nombre des services dont le réinvestissement n'a pas comblé toutes les pertes provoquées par les mesures d'austérité et le plan d'équilibre budgétaire, les services professionnels, particulièrement ceux dévolus pour les élèves handicapés et en difficulté, sont parmi les plus touchés. « Le gouvernement ajoute un peu d'argent pour embaucher davantage de psychologues et d'orthophonistes, mais ces budgets ne sont pas suffisants tant pour la rétention que pour l'attraction de ces professionnels vers les commissions scolaires. Les salaires sont encore très loin des revenus qu'ils peuvent faire en cabinet privé et les conditions de travail sont épouvantables. Par exemple, nous n'avons qu'une quinzaine de psychologues sur la trentaine embauchés par la CSDM qui font de l'intervention dans les écoles et les centres. Ces derniers doivent suivre des dizaines d'élèves dans 3, 4, et même 5 établissements différents par semaine. Les conditions ne résistent à aucune comparaison. », de poursuivre Michel Mayrand, président du Syndicat des professionnelles et professionnels du milieu de l'éducation à Montréal.
La situation n'est pas plus rose parmi le personnel de soutien. « En ce qui concerne l'informatique, plus ça change, plus c'est pareil. On confie de plus en plus l'entretien des équipements informatiques en sous-traitance. Ainsi, on dépense plus d'argent, pour avoir moins de services dans des délais plus longs, tout en perdant notre expertise interne en confiant la maintenance de nos tableaux interactifs à une firme externe par exemple. L'informatique est pourtant un outil essentiel à l'apprentissage. On pourrait dire la même chose des techniciens en loisirs qui sont en voie de disparition même si on réclame davantage d'activités parascolaires, des techniciens en documentation qui voient leurs heures de présence diminuer dans les bibliothèques des écoles secondaires ou des techniciens en travaux pratiques qui doivent composer avec un manque criant de matériel de base pour réaliser les laboratoires et ateliers des cours de sciences et technologie. », de renchérir Michel Picard, président de l'Association professionnelle du personnel administratif.
Les présidences des cinq syndicats de la CSDM condamnent d'une seule voix les ministres Sébastien Proulx à l'Éducation et Carlos Leitao aux Finances qui sont restés insensibles à la situation particulière de la CSDM et n'ont même pas voulu entendre les propositions consensuelles qui avaient été dégagées lors d'une réflexion collective en octobre dernier. « Des solutions, il y en a. À coût nul, en plus. Sans hausse de taxes et d'impôts. Parmi les 11 recommandations que nous voulions leur présenter, l'abolition des subventions aux écoles privées permettrait de réinjecter plus de 500 millions de dollars à l'école publique. Sans compter l'effet positif qu'entraînerait le retour de milliers d'élèves sans difficulté. À cela, si on ajoute une partie des sommes que le gouvernement a choisi de verser au Fonds des générations, il serait possible de hausser la proportion du PIB investi en éducation à 4,8 % sans ajouter aucun argent frais. Pour cela, il faut un gouvernement qui veut vraiment que l'éducation soit une priorité. Ce qui n'est malheureusement pas le cas. », de conclure les présidences de l'intersyndicale-CSDM.
L'Intersyndicale-CSDM représente les quelque 16 000 membres du personnel syndiqué de la CSDM.
Sources : |
Alliance des professeures et professeurs de Montréal |
SOURCE Alliance des professeures et professeurs de Montréal
Yves Parenteau, 514-910-3195
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