Budget du Québec 2017-2018 : Le décollage de l'État-renard
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Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)28 mars, 2017, 16:57 ET
QUÉBEC, le 28 mars 2017 /CNW Telbec/ - Le président du Conseil du Trésor Pierre Moreau a énoncé une mise en garde contre les « cigales dépensières » à l'occasion du budget du Québec 2017-2018. Le 4e budget du gouvernement Couillard marque plutôt le début du dernier droit d'un cycle néolibéral qui nous mènera à la prochaine échéance électorale.
« Le nouvel État néolibéral au Québec - ou l'État-renard si l'on faisait comme le ministre Moreau et qu'on citait Lafontaine - il se porte très bien. Ceci notamment dans la méthode utilisée pour offrir les services. En matière de développement économique, le gouvernement propose d'engager davantage les études supérieures sur les besoins du marché, tant en matière d'innovation qu'en faisant la promotion des diplômes d'attestation d'études collégiales (AEC), de soutenir une économie de dirigeants et d'offrir plus de déductions fiscales en espérant stimuler l'investissement. En matière de santé, on consacre le pouvoir et les gains des médecins, et on annonce même des augmentations supplémentaires qui pourraient atteindre 3% », affirme Guillaume Hébert, chercheur à l'IRIS.
« Après avoir exigé de la population des sacrifices qui ont affecté gravement l'accès et la qualité des services publics, voilà que le gouvernement dégage à nouveau des revenus importants qu'il s'empresse de camoufler dans le Fonds des générations (2 G$ en 2016-2017, 2,5 G$ en 2017-2018). Avec ce budget, il privilégie une fois de plus sa réputation auprès des marchés financiers et prive ainsi la population de réinvestissements dignes de ce nom qui auraient réparé quelques-uns des pots cassés par les années d'austérité », explique Eve-Lyne Couturier, chercheure à l'IRIS.
« Mais si l'État néolibéral se porte bien, c'est l'État social qui en paie les frais. Lorsqu'on annonce que les coûts du système sont tout juste couverts, on ne devrait bien-sûr pas y voir une avancée. En santé, avec une hausse de 4,3%, soit 1667M$, des dépenses au chapitre des services à la population, on ne compense évidemment pas pour les compressions appliquées depuis le début de la décennie qui privent aujourd'hui le réseau d'environ 4000M$ annuellement. En éducation, les augmentations demeurent largement insuffisantes puisqu'il aurait fallu 780M$ de plus pour combler les retards au primaire et au secondaire », ajoute Marie-Pier Roberge-Brouillette, également chercheure à l'IRIS.
En somme, le ministre des Finances Carlos Leitão a raison d'affirmer que le gouvernement n'a pas dérogé à son plan depuis son élection en 2014. Malheureusement pour la population québécoise, ce plan n'a jamais considéré l'intérêt collectif et met de l'avant un État développé par et pour le monde des affaires et les mieux nantis.
SOURCE Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)
Guillaume Hébert, (514) 322-6826
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