Budget fédéral 2010 - Un copier-coller des budgets précédents
OTTAWA, le 4 mars /CNW Telbec/ - Même si le budget fédéral ne passera pas à l'histoire pour l'originalité des mesures proposées, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) constate qu'aucune réduction n'a été imposée au Programme canadien de prêts aux étudiants pour les années 2009 et 2010. "Cela veut dire qu'il y a effectivement une augmentation de 35M $ en bourses qui seront versés par Ottawa à Québec dans le cadre du nouveau Programme canadien de bourses aux étudiants (PCBE)", se réjouit Jean Grégoire, président de la FEUQ.
En ce qui concerne le budget dans son ensemble, les étudiants québécois sont restés sur leur faim. "Bien que le discours du trône nous y ait préparé, nous nous attendions à mieux du gouvernement fédéral, surtout après une prorogation qui était sensée réaligner l'action des conservateurs", commente M. Grégoire.
Baisses d'impôt fédéral - La marge de manœuvre nécessaire pour financer les universités
Depuis 2006, le gouvernement fédéral a baissé les impôts des particuliers, des familles et des entreprises d'un montant cumulé de 220 G$ de dollars. Pour l'année à venir, le désengagement fiscal fédéral sera d'un montant de 3,2 G$, offrant une marge de manœuvre fiscale au gouvernement du Québec qui devrait en profiter pour augmenter ses revenus sans surcharger le fardeau fiscal des contribuables québécois. "Bien des solutions ont été proposées dans les derniers mois pour rétablir rapidement l'équilibre budgétaire au Québec, nous serions mal avisés de laisser passer cette marge de manœuvre que nous offre aujourd'hui Ottawa", soutient Jean Grégoire. Il faut aussi mentionner que les transferts fédéraux en matière d'éducation n'ont toujours pas été rétablis au niveau de 1994. C'est 800 millions $ en revenus qui manquent toujours au gouvernement du Québec. "Le gouvernement Charest doit cesser de voir des sources de revenus là où il n'y en a pas, comme chez les étudiants. Québec doit saisir les occasions qui se présentent pour retrouver l'équilibre", poursuit M. Grégoire.
Il est déplorable aussi que l'harmonisation de la TPS avec la TVQ pour le Québec ne se soit pas retrouvée à l'intérieur de ce budget alors que l'on parle de celles de l'Ontario et de la Colombie-Britannique. Il s'agit d'une politique de deux poids, deux mesures qui coûte cher aux Québécois.
Recherche et innovation - Des messages contradictoires
Les mesures sont particulièrement contradictoires au niveau de la recherche et de l'innovation. En ce qui a trait au financement de la recherche universitaire, qui passe par les conseils subventionnaires canadiens, l'augmentation des budgets de l'ordre de 32 millions de dollars est loin de correspondre aux besoins exprimés par ces mêmes conseils. De plus, la répartition de ces sommes est tout à fait inéquitable. Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) recevront un maigre 16 M$, le Conseil de recherche en sciences naturelles et génie (CRSNG) devra se débrouiller avec 13 M$ et le parent pauvre, le Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) ne recevra que 3 M$. "Depuis de nombreuses années, on accroît l'écart de financement entre les sciences humaines et les autres secteurs. Pourtant, les besoins des étudiants sont encore plus criants au CRSH que dans les deux autres conseils", commente Olivier Beaulieu-Mathurin, président du Conseil national des cycles supérieurs de la FEUQ (CNCS-FEUQ). Ce sous financement des conseils subventionnaires pourrait être compensé en partie par l'injection des montants accordés à la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI). "L'an dernier, les conservateurs n'avaient pas injecté de nouveaux fonds dans la FCI et cette année, on lui accorde 50 millions. C'est une stratégie de développement de la recherche qui n'a rien de cohérent ! Ces sommes auraient mieux été investies dans les conseils subventionnaires", déplore M. Beaulieu-Mathurin.
Une autre décision qui entre directement en contradiction avec la volonté gouvernementale de renforcer les champs d'expertise canadiens en recherche est le maintien de l'arrêt des subventions à la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère (FCSCA), malgré le tollé suscité dans la communauté scientifique. "La recherche sur le climat et l'atmosphère effectuée par le Canada a toujours été reconnue mondialement. Alors que tous les scientifiques crédibles s'accordent pour dire que le réchauffement climatique aura des conséquences importantes sur l'économie et le développement des pays, nous nous privons des outils technologiques et humains qui nous permettraient de surmonter les défis qui nous attendent" constate Olivier Beaulieu-Mathurin.
De plus, la décision de créer de nouvelles bourses pour les chercheurs postdoctoraux est assombrie par une autre, néfaste. En effet, le gouvernement fédéral a choisi d'enlever les exceptions qui empêchaient d'imposer fiscalement plusieurs de ces bourses. De telles décisions envoient un message paradoxal à la relève scientifique de demain. "Ce que le gouvernement fait, c'est qu'il donne de la main droite ce qu'il reprend de la main gauche. Ce devrait être les universités qui déterminent le statut du postdoctorant", indique M. Beaulieu-Mathurin.
En conclusion, il s'agit d'un budget où l'on retrouve des principes, mais peu de moyens concrets. "Pour la FEUQ, le gouvernement fédéral a encore raté une occasion d'améliorer concrètement la recherche et l'innovation au Canada en omettant, une fois de plus, de donner les montants dont le Québec a besoin afin d'améliorer le financement et la qualité de la formation universitaire", a terminé Jean Grégoire
Depuis plus de 20 ans, la FEUQ représente les étudiantes et les étudiants universitaires du Québec. Composée de 15 associations membres et forte de plus de 120 000 membres, la FEUQ est le plus important groupe jeunesse au Québec. www.feuq.qc.ca
Le Conseil national des cycles supérieurs de la Fédération étudiante universitaire du Québec (CNCS-FEUQ) regroupe toutes les associations composées d'étudiants des deuxième et troisième cycles universitaires. Le CNCS traite de la recherche subventionnée, du statut des étudiants-chercheurs, de certains dossiers internes ainsi que de quelques questions à saveur sociale comme la conciliation études-famille. Le CNCS et la seule instance nationale qui représente des étudiants de cycles supérieurs au Québec.
Renseignements: Mathieu Le Blanc, attaché de presse FEUQ, bureau: (514) 396-3380, Cell.: (514) 609-3380
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