Budget québécois, rapport Godbout, secteur financier: les économistes québécois sont ambivalents
MONTRÉAL, le 7 mai 2015 /CNW Telbec/ - Dans un sondage effectué du 20 avril au 4 mai 2015, les membres de l'Association des économistes québécois se sont exprimés sur certaines questions de l'actualité économique et politique.
Des objectifs budgétaires difficiles à atteindre
Le budget 2015-2016 du gouvernement du Québec vise un surplus de 1,6 G$ qui sera versé au Fonds des générations, ainsi qu'une croissance de ce surplus au cours des quatre prochaines années. Bien qu'une majorité (59 %) des économistes consultés considère justifiés des objectifs budgétaires aussi ambitieux, une majorité encore plus nette (88 %) est d'avis que ceux-ci seront difficiles à atteindre compte tenu de l'ampleur des réformes à effectuer et des ententes à conclure avec les employés du secteur public. Ainsi, seulement 38% des répondants estiment réalistes les prévisions de revenus du budget. Par ailleurs plus des 2/3 (68%) d'entre eux croient que le que le gouvernement ne pourra faire autrement que de réduire le niveau des services offerts à la population et de se retirer de certains champs d'activité. Neuf économistes sur dix (89 %) croient que le gouvernement devrait viser des gains d'efficience dans l'organisation du travail et dans la prestation des services publics.
Appui au rapport de la commission Godbout mais avec quelques réserves
La commission d'examen sur la fiscalité présidé par le fiscaliste Luc Godbout a produit une série de recommandations pour accroître l'efficacité, l'équité et la compétitivité du régime fiscal québécois. Les économistes québécois appuient deux des principales recommandations de la commission, soit l'augmentation des taxes et des tarifs en contrepartie d'une réduction de l'impôt sur le revenu des particuliers (63% sont favorables), et l'élimination des crédits d'impôt remboursables pour les grandes entreprises (62 %). Cependant, une majorité (57 %) des répondants au sondage croit que l'augmentation de la TVQ à 11 % risque de favoriser le marché noir pour certains produits et services et la moitié (52 %) d'entre eux croient qu'il serait hasardeux d'imposer davantage les gains en capital.
L'apport du secteur financier à l'économie : des plus et des moins
Le prochain congrès de l'Association des économistes québécois se tiendra à Montréal du 20 au 22 mai sur le thème «L'économie et la finance : y a-t-il une rupture?». À cet égard, les répondants au sondage ont des sentiments partagés. Ainsi, ils sont nettement d'avis que le secteur financier fournit des services utiles et de bonne qualité ainsi que des rendements appréciables aux entreprises et aux individus. De même, dans une proportion de 82% ils estiment que la solidité et la crédibilité des institutions financières aident à attirer les investisseurs. Cependant, du même souffle, une majorité de répondants déplore que le monde de la finance ait tendance à créer des produits financiers opaques, à privilégier les rendements à court terme, à faciliter l'évasion fiscale et à prendre des risques excessifs. Aussi, avec une unanimité rare dans la profession, 100% des répondants sont d'avis que l'Autorité des marchés financiers devrait disposer de ressources suffisantes pour bien s'acquitter de ses responsabilités.
Pour deux tiers (67 %) des répondants), Montréal peut tirer son épingle du jeu comme place financière grâce à la présence de plusieurs institutions financières d'envergure et à la disponibilité de professionnels et de chercheurs experts. La spécialisation dans les produits dérivés pourrait aussi constituer un atout mais à ce sujet les économistes sont moins catégoriques puisque plus du tiers (38%) croient que ce facteur a pu aussi contribuer à déplacer l'activité financière vers Toronto, Calgary et Vancouver. De toute façon, les répondants au sondage estiment que rien n'est acquis malgré les atouts dont dispose Montréal. En effet, plus de la moitié d'entre eux (56 %) croient que l'évolution des marchés financiers, qui a mené à l'introduction de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques d'investissement, rend plus vulnérables certaines entreprises québécoises aux prises de contrôle étranger.
Conjoncture économique : un regain d'optimisme depuis l'automne
Grâce à des facteurs comme la déprécation du huard et la poursuite des investissements en infrastructures par le gouvernement du Québec, la grande majorité (85 %) des économistes interrogés sont d'avis que la situation économique du Québec va se maintenir ou s'améliorer au cours des six prochains mois. Il s'agit d'une progression sensible par rapport au sondage effectué en novembre dernier (79%).
L'ASSOCIATION DES ÉCONOMISTES QUÉBÉCOIS
L'Association des économistes québécois est une association professionnelle à but non lucratif fondée en 1975 dans le but de répondre aux besoins et aux intérêts des économistes œuvrant dans divers secteurs d'activités au Québec : entreprise privée, secteur public, milieux syndicaux, associations sectorielles, monde universitaire, etc.
Par son congrès annuel, les sondages réalisés auprès de ses membres et ses autres activités, l'Association veut contribuer à la diffusion du savoir économique auprès du public. L'Association se donne aussi comme objectif d'intervenir de façon crédible et impartiale sur les enjeux économiques qui confrontent la société québécoise.
Résultats détaillés du sondage
Le sondage a été réalisé par Internet. Dans l'ensemble, 176 des 539 membres de l'Association rejoints par courriel y ont répondu. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une précision de ± 6,1 %, et ce, 19 fois sur 20.
Tableau 1
Question 1
Depuis quelques mois, une reprise économique se manifeste lentement dans la zone euro ; néanmoins, la croissance économique mondiale a ralenti, notamment aux États-Unis où la création d'emplois a récemment été moins forte et surtout au Canada où l'économie a été affectée par la baisse des cours du pétrole et les efforts des divers gouvernements pour retourner à l'équilibre budgétaire. Cependant, la dépréciation du huard et la décision récente de la Banque du Canada d'abaisser le taux bancaire, ainsi que la poursuite des investissements en infrastructure par le gouvernement du Québec, pourraient soutenir un tant soit peu l'économie.
Au cours des six prochains mois, est-ce que la situation économique du Québec devrait, à votre avis...
Base : tous les répondants (n=176)
MAI 2015 |
NOV. 2014 |
AVRIL |
MARS |
NOV. |
MAI |
FÉV. |
NOV. 2012 |
JUILLET |
MARS 2012 |
|
Se détériorer |
15 % |
17% |
6 % |
14 % |
11 % |
22 % |
13 % |
23 % |
23 % |
23 % |
Se maintenir |
48 % |
50% |
43 % |
53 % |
58 % |
63 % |
67 % |
68 % |
65 % |
63 % |
S'améliorer |
37 % |
29% |
48 % |
30 % |
28 % |
13 % |
17 % |
8 % |
11 % |
11 % |
Sans opinion |
1 % |
5 % |
5 % |
3 % |
3 % |
2 % |
3 % |
1 % |
2 % |
3 % |
OCT. 2011 |
JUIN 2011 |
MARS 2011 |
NOV. 2010 |
JUIL. 2010 |
MARS 2010 |
OCT. 2009 |
MAI 2009 |
FÉV. 2009 |
|
Se détériorer |
35 % |
8 % |
8 % |
12 % |
7 % |
3 % |
7 % |
27 % |
82 % |
Se maintenir |
58 % |
65 % |
62 % |
70 % |
60 % |
51 % |
50 % |
47 % |
17 % |
S'améliorer |
7 % |
26 % |
30 % |
17 % |
32 % |
45 % |
42 % |
24 % |
1 % |
Sans opinion |
1 % |
1 % |
0 % |
1 % |
1 % |
1 % |
1 % |
2 % |
0 % |
Tableaux 2
Question 2
Le gouvernement du Québec a opté pour un budget équilibré en 2015-2016, au sens de la loi sur l'équilibre budgétaire, i.e. il vise en réalité un excédent de 1,6 G$ en 2015-2016, ainsi qu'une croissance de cet excédent dans les 4 exercices financiers suivants. À cette fin, il mise sur une plus faible croissance des dépenses, notamment en santé et en éducation, qui impliquera une réduction des effectifs et un gel de la rémunération globale. Par ailleurs, exclusion faite des revenus provenant des entreprises d'État, le budget prévoit un accroissement de 5,3 % des revenus autonomes du gouvernement en 2015-2016.
Croyez-vous que :
Base : tous les répondants (n=176)
OUI |
NON |
Je ne sais pas / |
|
l'objectif budgétaire que le gouvernement s'est |
59 % |
33 % |
9 % |
l'atteinte de l'objectif budgétaire sera difficile, |
88 % |
7 % |
5 % |
si le gouvernement parvient à atteindre les cibles |
68 % |
24 % |
8 % |
pour atténuer le risque de réduction du niveau de |
89 % |
5 % |
6 % |
les revenus anticipés par le gouvernement dans le |
38 % |
38 % |
24 % |
Tableaux 3
Question 3
La Commission d'examen sur la fiscalité québécoise a remis son rapport le 19 mars dernier, lequel comporte 71 recommandations.
En rapport avec certaines recommandations de cette commission, croyez-vous que :
Base : tous les répondants (n=176)
OUI |
NON |
Je ne sais pas / |
|
compte tenu de l'évolution prévue de |
63 % |
30 % |
8 % |
compte tenu du niveau actuel de la TVQ et du |
57 % |
35 % |
8 % |
compte tenu que les gains en capital servent à |
52 % |
38 % |
11 % |
l'idée d'éliminer les crédits d'impôts |
62 % |
20 % |
17 % |
de façon générale, la Commission n'a pas |
43 % |
29 % |
28 % |
Le prochain congrès de l'Association des économistes québécois aura lieu à Montréal, du 20 au 22 mai 2015, sur le thème « L'économie et la finance : y a-t-il une rupture ? ». Plusieurs questions importantes seront abordées lors de ce congrès et vous êtes invités, ci-dessous, à exprimer votre opinion sur quelques-unes.
Tableaux 4
Question 4A
Le thème général du congrès fait référence aux interrogations souvent soulevées sur la place publique quant à une déconnexion possible entre l'économie financière et l'économie réelle, ou ce que certains qualifient de financiarisation de l'économie.
À cet égard, croyez-vous que le monde de la finance se distingue toujours, parfois, rarement ou jamais par :
Base : tous les répondants (n=176)
Toujours |
Parfois |
Rarement |
Jamais |
Je ne sais |
|
un soutien adéquat aux entreprises désireuses |
13 % |
62 % |
10 % |
1 % |
15 % |
une solidité financière et une crédibilité qui |
26 % |
56 % |
6 % |
1 % |
11 % |
l'offre de services aux individus qui facilitent |
21 % |
40 % |
26 % |
3 % |
10 % |
des rendements forts appréciables pour les |
9 % |
43 % |
34 % |
5 % |
9 % |
Tableaux 5
Question 4B
Croyez-vous que le monde de la finance se distingue également par :
Base : tous les répondants (n=176)
Toujours |
Parfois |
Rarement |
Jamais |
Je ne sais |
|
la création de produits financiers opaques ? |
16 % |
68 % |
3 % |
0 % |
12 % |
la priorité accordée aux rendements trimestriels |
35 % |
47 % |
5 % |
0 % |
14 % |
des pratiques trop souvent frauduleuses, qui |
10 % |
56 % |
19 % |
1 % |
14 % |
une prise de risques qui se fait parfois au |
11 % |
52 % |
25 % |
1 % |
11 % |
Tableaux 6
Question 5
Depuis plusieurs années, l'attrait et la rétention au Québec de sièges sociaux d'entreprises financières ou autres semblent difficiles. Croyez-vous que :
Base : tous les répondants (n=176)
OUI |
NON |
Je ne sais pas / |
|
ce phénomène puisse être attribuable à |
56 % |
18 % |
26 % |
l'attrait de villes comme Toronto, Vancouver ou |
38 % |
25 % |
37 % |
Tableaux 7
Question 6
Concernant l'avenir de Montréal et le rôle attendu du gouvernement du Québec, croyez-vous que :
Base : tous les répondants (n=176)
Oui |
Non |
Je ne sais |
|
Montréal pourrait bien tirer son épingle du jeu en raison de sa |
67 % |
11 % |
22 % |
le gouvernement du Québec devrait revoir le mandat actuel |
23 % |
25 % |
52 % |
l'Autorité des marchés financiers a les ressources nécessaires |
23 % |
18 % |
60 % |
le gouvernement du Québec devrait s'assurer que l'Autorité |
100 % |
0 % |
0 % |
SOURCE Association des économistes québécois (ASDEQ)
CONTACTS : Association des économistes québécois, Bernard Barrucco, Directeur général, Association des économistes québécois, (418) 663-6613, (418) 681-9247, [email protected]; Léger : Sébastien Poitras, conseiller en recherche, (514) 982-2464, [email protected]
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