BULLETIN No 5 - Régime de santé et de sécurité du travail - SELON LE CONSEIL
DU PATRONAT, IL FAUT RÉDUIRE LES DÉLAIS D'ATTENTE EN CHIRURGIE DES
TRAVAILLEURS VICTIMES D'UNE LÉSION PROFESSIONNELLE
Le Conseil du patronat du Québec poursuit sa série de constats des dysfonctionnements actuels du régime de santé et de sécurité du travail en examinant de plus près le rôle que le régime attribue au médecin traitant, et l'une des dérives incontournables qui en découle : celle du surtraitement des patients victimes d'une lésion professionnelle.
MONTRÉAL, le 21 nov. /CNW Telbec/ - Le régime actuel de santé et de sécurité du travail fait du médecin traitant le pivot du régime. Malheureusement, le médecin est livré à lui-même pour remplir toute une série d'obligations administratives et traiter des patients dont il ignore souvent le contexte de travail et ses exigences. C'est beaucoup demander à des professionnels déjà surchargés, constate le Conseil du patronat du Québec. Cette situation pose plusieurs difficultés tant sur le plan financier que pratique, et une mise à jour du régime pourrait facilement les résoudre.
Un nombre excessif de traitements de physiothérapie
Les soins de physiothérapie, qui sont souvent prescrits pour soulager différents troubles chez les travailleurs, illustrent bien la dérive actuelle du régime.
Selon les données d'une étude de SECOR réalisée récemment à la demande de la CSST1, les dossiers de lésions professionnelles donnent lieu en moyenne actuellement à plus de 50 traitements de physiothérapie par patient. En fait, seulement 40 % des lésions professionnelles donnent lieu à moins de 20 traitements. Selon un consensus qui émane des experts du milieu de la santé dans la foulée des travaux du Dr Walter O. Spitzer2, ces traitements sont parfois plus poussés que requis pour le retour du travailleur dans son emploi. En pratique, au-delà d'une vingtaine de traitements de physiothérapie, ces derniers, sauf exception, deviennent inefficaces.
Certains cas qui sont signalés aux employeurs sont manifestement exagérés, comme celui de deux travailleurs accidentés d'une même entreprise et traités par le même médecin à qui on a prescrit 90 traitements de physiothérapie et 60 d'ergothérapie sur six mois pour l'un, et 122 et 138 traitements respectivement sur un an pour l'autre. Ces cas sont encore plus troublants lorsqu'on constate que les traitements des deux travailleurs ont été dispensés
dans la clinique appartenant au médecin traitant. Il ne faut pas néanmoins mettre en doute le professionnalisme de la très grande majorité des physiothérapeutes et des ergothérapeutes alors que la situation actuelle démontre avant tout un manque d'encadrement.
En matière de réhabilitation, lorsque l'invalidité d'un travailleur se prolonge, cela peut se faire à son détriment, notamment en ce qui concerne son droit de retour au travail si l'absence dure trop longtemps.
Dans des provinces comme l'Alberta et la Nouvelle-Écosse, les organisations de santé locales établissent des limites aux soins de physiothérapie; par exemple, l'une d'entre elles établit la limite à six semaines, à raison de trois séances par semaine. Ces périodes peuvent être prolongées, mais une demande doit être soumise à l'instance responsable dans ces provinces. Les cas de surtraitement cités précédemment, parmi tant d'autres, illustrent clairement qu'il y aurait lieu d'offrir un meilleur cadre de référence aux médecins traitants.
Mieux soutenir le médecin traitant
Dans l'étude de SECOR, on constate que plusieurs initiatives visant à accélérer le rétablissement des travailleurs ne sont pas possibles au Québec, ou plus difficiles qu'ailleurs, puisque la CSST est liée par les décisions du médecin traitant.
Le rapport note que le médecin traitant est souvent mal outillé ou démuni dans la gestion de ses dossiers de travailleurs victimes d'une lésion professionnelle. Pour ce qui est de l'accompagnement du patient pour son retour au travail, rôle qu'il est appelé à jouer en tant que pivot du régime, les choses se compliquent.
Dans le mode de fonctionnement actuel, c'est en effet le médecin qui, par son évaluation de l'état de la lésion du travailleur, décide de facto de la date de retour au travail. Comment le médecin, qui la plupart du temps n'est pas familier avec les conditions de travail du travailleur, peut-il ainsi déterminer la date de retour au travail? Ne serait-il pas plus pertinent et plus respectueux de son rôle de lui demander en tant que spécialiste de la santé de préciser de façon systématique quelles sont, s'il y a lieu, les limitations fonctionnelles de l'employé à la suite de sa lésion professionnelle? Cette approche permettrait au travailleur de réintégrer son travail dans les meilleures conditions possibles.
Une autre difficulté tient aux nombreuses tâches desquelles le médecin traitant doit s'acquitter dans le cadre du régime, notamment des formulaires et des rapports à remplir. On fait du médecin un gestionnaire alors qu'il devrait pouvoir se concentrer en priorité sur son rôle médical. Le rapport SECOR constate, entre autres, que les médecins ne sont pas toujours faciles à joindre. Il arrive aussi que l'on ait souvent à attendre le rapport final du médecin, un rapport crucial pour le traitement du patient et son retour au travail.
Selon le Conseil du patronat du Québec, ces situations démontrent une fois de plus qu'il est temps de revoir les modalités du régime de santé et de sécurité du travail au Québec. Nous pourrons ainsi mieux définir le rôle du médecin traitant, mieux le soutenir et établir des balises qui rendront le régime plus performant. Après 30 ans d'existence, il est tout à fait normal que l'on veuille rendre ce régime encore plus efficace.
Regroupant plusieurs des plus grandes entreprises du Québec, le Conseil du
patronat du Québec réunit également la vaste majorité des associations patronales
sectorielles, en faisant ainsi la seule confédération patronale du Québec.
1 SECOR. Optimisation de la gestion et de la prévention de la chronicité, 9 mars 2010.
2 Walter O. Spitzer. Rapport du groupe de travail québécois sur les aspects cliniques des affections vertébrales chez les travailleurs, IRSST, 1986.
Renseignements:
Louis-Paul Lazure
Vice-président - Communications
Cell. : 514 235 4666
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