La légalisation du cannabis accompagnée d'une réglementation stricte est le moyen le plus efficace de réduire les méfaits
TORONTO, le 9 oct. 2014 /CNW/ - Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) a rendu public un nouveau rapport fondé sur des données probantes portant sur le contrôle du cannabis au Canada. Le cadre stratégique sur le cannabis élaboré par CAMH recommande la légalisation du cannabis accompagnée d'une réglementation stricte aux fins du contrôle de cette substance.
Le Canada affiche un des taux de consommation de cannabis les plus élevés au monde. En effet, 40 pour 100 des Canadiens en ont fait usage au moins une fois au cours de leur vie. CAMH a élaboré son cadre stratégique sur le cannabis afin d'établir des principes fondés sur des données probantes pour la réduction des méfaits causés par le cannabis. Pour ce faire, les scientifiques et les experts en politiques de CAMH ont analysé en profondeur les conséquences sociales, juridiques et pour la santé de la consommation de cannabis, ainsi que les politiques élaborées par d'autres territoires de compétence au sujet du cannabis.
« Le système canadien de contrôle du cannabis ne réussit pas à prévenir ni à réduire les méfaits associés à l'usage du cannabis, a déclaré le Dr Jürgen Rehm, directeur de la recherche sociale et épidémiologique à CAMH. Après avoir examiné les preuves en détail, nous estimons que la légalisation du cannabis accompagnée d'une réglementation stricte est le moyen le plus efficace de réduire les méfaits liés à son utilisation. »
Bien que 10 pour 100 des Canadiens aient consommé du cannabis au cours de la dernière année, il ne s'agit pas d'une substance inoffensive, précise le Dr Rehm. « L'usage de cannabis est associé à divers méfaits pour la santé comme les problèmes de fonctionnement cognitif et psychomoteur, les troubles respiratoires, la dépendance au cannabis et la maladie mentale. C'est pourquoi toute réforme du système canadien de contrôle du cannabis doit attacher une grande importance à la prévention et à une large gamme d'interventions visant les groupes ayant des risques plus élevés de méfaits, y compris les jeunes et les personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de maladie mentale. »
Le Dr Rehm a précisé que, selon les preuves étudiées, la criminalisation du cannabis ne décourage pas la consommation. Elle fait plutôt en sorte que les utilisateurs n'ont pas recours aux services de prévention, de réduction des risques et de traitement. Les Canadiens qui se procurent du cannabis dans un marché criminel ne connaissent pas la puissance ni la qualité des produits achetés. De plus, ils sont exposés à la criminalité et à d'autres drogues et courent le risque d'avoir un casier judiciaire. L'application des lois sur le cannabis coûte 1,2 milliard de dollars par année aux Canadiens.
L'accent mis sur la réglementation axée sur la santé publique fait en sorte que la recommandation de CAMH se distingue d'autres approches fondées sur la légalisation adoptées récemment aux États-Unis et ailleurs dans le monde. « Contrairement aux autres modèles de légalisation, nous suggérons un système nettement mieux contrôlé, de dire le Dr Rehm. La légalisation du cannabis doit être accompagnée de règlements stricts afin de veiller à ce que cette substance ne soit pas vendue comme d'autres produits. Ainsi, le gouvernement aurait le monopole de la vente de cannabis, les quantités mises en vente seraient limitées, les prix décourageraient l'usage de produits causant davantage de méfaits et le marketing du cannabis serait interdit. »
Au Canada, l'usage du cannabis est le plus répandu chez les adolescents et les jeunes adultes. En Ontario, il est estimé que 22 pour 100 des élèves de la 7e à la 12e année et 34 pour 100 des personnes de 18 à 29 ans en ont fait usage au cours de la dernière année.
« Dans le cadre de mon travail, j'ai constaté que les jeunes perçoivent le cannabis comme une substance naturelle et, par conséquent, inoffensive. Or, nous savons que l'usage du cannabis est associé à des changements du fonctionnement cognitif et que cette substance peut être particulièrement nocive pour les jeunes, déclare la Dre Joanna Henderson, psychologue clinicienne et chef de la recherche, Programme pour les enfants, les jeunes et leur famille, à CAMH. Le cerveau change et se développe pendant l'adolescence. Des recherches ont démontré qu'une consommation élevée de cannabis peut nuire au bon développement et causer des problèmes de santé mentale chez les jeunes. Notre approche en matière de contrôle du cannabis doit tenir compte de l'incidence de cette substance sur les jeunes et le développement des adolescents, ainsi que de l'importance de la prévention. »
La légalisation et la réglementation du cannabis donnent l'occasion aux gouvernements d'atténuer les méfaits de cette substance chez les jeunes et de promouvoir une approche en matière de santé publique axée sur la prévention et la sensibilisation, estime le Dr Rehm.
« Nous savons depuis longtemps que les politiques actuelles sur le cannabis ne fonctionnent pas, a déclaré le Dr Rehm. Nous voulons que notre cadre contribue à une discussion éclairée sur l'avenir de ces politiques et permette de dresser une liste des facteurs dont il faut tenir compte pour trouver une solution répondant le mieux aux besoins en matière de santé publique. Nous estimons que la légalisation accompagnée d'une réglementation stricte du cannabis constitue la meilleure solution. »
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) est le plus important hôpital d'enseignement dans les domaines de la toxicomanie et de la santé mentale au Canada, ainsi que l'un des principaux centres de recherche au monde dans ces domaines. CAMH intègre les soins cliniques et la recherche ainsi que les activités d'éducation, d'élaboration de politiques et de promotion de la santé afin de transformer la vie des personnes touchées par les problèmes de toxicomanie et de santé mentale. Affilié à part entière à l'Université de Toronto, CAMH est un Centre collaborateur de l'Organisation panaméricaine de la Santé et de l'Organisation mondiale de la Santé. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le www.camh.ca/fr.
SOURCE : Centre for Addiction and Mental Health
Personne-ressource pour les médias : Kate Richards, Spécialiste des relations avec les médias, Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), 416 535-8501, poste 36015, [email protected]
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