Campagne de plaintes contre la STM pour discrimination fondée sur le handicap - MEMO-Qc et ses membres se mobilisent
MONTRÉAL, le 27 mars 2012 /CNW Telbec/ - Moelle épinière et motricité Québec (MEMO-Qc) invite ses membres à joindre leurs voix à la campagne de plaintes pour discrimination fondée sur le handicap, qui vise à dénoncer l'inaccessibilité des services de la Société de transport de Montréal (STM). L'organisme appuie toutes les personnes ayant des limitations fonctionnelles qui ont déposé une plainte, comme Bethsa, Jacques, Isabelle, Nicolas et Marcel, membres de l'organisme dont nous vous présenterons les témoignages.
Cette démarche de MEMO-Qc fait suite à une initiative du Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec (RAPLIQ). En effet, le 8 décembre dernier, onze personnes handicapées ont décidé de faire appel à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), estimant que l'inaccessibilité du transport en commun ainsi que les pratiques du transport adapté briment plusieurs de leurs droits et libertés reconnus par la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Chacun réclame 20 000 $ en dommages. Les plaignants demandent également un plan d'accès à l'égalité ambitieux pour éliminer les obstacles brimant leur droit au transport en commun et un échéancier de mise en accessibilité des services de transport en commun permettant de rattraper le recul accumulé par rapport à Toronto, qui aura un réseau de métro complètement accessible d'ici 2025. De plus, les plaignants réclament des services de transport adapté respectant les droits et libertés des usagers. MEMO-Qc salue cette opération du RAPLIQ, qui s'est fait l'initiateur du dépôt collectif de plaintes sur l'inaccessibilité du système de transport en commun de Montréal, une première dans l'histoire des droits de la personne au Québec.
L'inaccessibilité du transport en commun limite, compromet et réduit les conditions sociales, économiques, culturelles et politiques et les droits et privilèges de citoyenneté à part égale et entière des personnes handicapées. Cela a pour effet de mettre en péril la qualité de vie psychologique, émotive et physique de ces personnes. Walter Zelaya, directeur général de MEMO-Qc, ajoute : « La mission de notre organisme est de favoriser l'autonomie des personnes blessées médullaires, mais aussi plus globalement des Québécois vivant avec un handicap. Par conséquent, nous dénonçons avec conviction cette situation, qui affecte la qualité de vie de nos membres quotidiennement. » Plusieurs d'entre eux ont décidé de porter plainte et MEMO-Qc les soutient dans cette démarche, qui, selon Nicolas Messier, conseiller en intégration, volet défense des droits chez MEMO-Qc, « pourrait créer pour le Québec un précédent historique qui fasse jurisprudence, ouvrant la porte à des gains législatifs substantiels ».
Au-delà des chiffres, des personnes
Bethsa, conseillère en intégration chez MEMO-Qc, utilise le transport adapté de la STM pour ses déplacements réguliers. Elle déplore notamment dans sa plainte que chaque sortie doive être prévue plus d'une journée à l'avance et qu'un transport puisse être annulé à la dernière minute s'il est classé en tant que loisir. Notons que tout déplacement qui n'est pas pour le travail, les études ou des raisons médicales est considéré comme tel.
Son collègue Jacques, quant à lui, souligne l'absence de lecteur optique de carte OPUS dans les véhicules du transport adapté qui l'oblige à acheter un laissez-passer mensuel, malgré ses déplacements réduits, ou à payer en argent comptant chaque déplacement, avec ce que cela implique de manipulations compliquées pour une personne ayant peu de dextérité manuelle. Une amende de 217 $ pourrait lui être imposée s'il refusait d'obtempérer.
Isabelle, membre de MEMO-Qc, se considère privilégiée puisqu'elle possède son propre véhicule, qu'elle ne peut toutefois conduire elle-même. Elle nous explique : « Ma plainte est fondée sur la lenteur de l'adaptation des infrastructures du métro, puisque je suis à dix minutes de deux stations de métro que je ne peux pas utiliser, le manque de suivi de la formation des employés de la STM qui trop souvent me font sentir comme une marchandise à transporter et la difficulté à faire reconnaître mes engagements, de quelque nature qu'ils soient, comme des déplacements qui ne peuvent pas être annulés sans préavis. »
Nicolas, membre de l'équipe de travail de MEMO-Qc, a pour sa part dû se résoudre à acheter un véhicule personnel adapté en raison des contraintes excessives imposées par le transport adapté ne lui permettant pas de mener la vie active à laquelle il aspirait suite à l'accident qui l'a laissé tétraplégique ; c'est l'impossibilité d'utiliser, comme tous les autres citoyens, le réseau de transport régulier de la STM qui l'a motivé à porter plainte.
Marcel, membre de MEMO-Qc, raconte que, dans les années 60, il a pu suivre les discussions entre l'APQ (maintenant MEMO-Qc), la Ville de Montréal et la STM concernant l'accessibilité du futur métro en construction. Toutes les demandes furent refusées pour des raisons budgétaires. Il ajoute : « 45 ans plus tard, nous faisons face aux mêmes problèmes d'accessibilité du métro. Nous devons nous mobiliser afin d'obliger la STM à rendre le métro accessible non pas dans 50 ans, mais rapidement, d'avoir plus de minibus et de taxis adaptés, le tout dans le respect des usagers. » Il dépose une plainte basée sur le motif que la STM porte atteinte à ses droits fondamentaux tels que présentés dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.
Ces cinq témoignages illustrent quelques-unes des nombreuses raisons de déposer une plainte contre la STM. D'ailleurs, près d'une soixantaine de personnes ont déjà répondu à l'appel du RAPLIQ. L'accès au transport est un droit reconnu et une condition fondamentale de la participation sociale à toutes les sphères de la société. C'est pourquoi MEMO-Qc invite les personnes ayant des limitations fonctionnelles se sentant lésées par l'inaccessibilité du réseau de la STM à se joindre à la liste des plaignants en contactant le RAPLIQ par téléphone au 514 656-1664 ou par courriel à l'adresse suivante : [email protected].
Moelle épinière et motricité Québec (anciennement Association des paraplégiques du Québec / Fondation pour la recherche sur la moelle épinière) est un organisme à but non lucratif dont la mission est de favoriser l'autonomie des personnes blessées médullaires du Québec, de promouvoir et faciliter leur intégration sociale et professionnelle et de défendre leurs droits.
Source :
Sara Leblanc, agente de communication, MEMO-Qc
Tél : 514 341-7272, poste 29
Renseignements :
Nicolas Messier, conseiller principal en intégration - Volet défense des droits, MEMO-Qc
Tél : 514 341-7272, poste 35 Cell. : 438 333-1562
Walter Zelaya, directeur général, MEMO-Qc
Tél. : 514 341-7272, poste 20 Cell. : 514 779-8283
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