Charte des valeurs - Un débat nécessaire qui s'engage sur un projet manquant de cohérence, estime la FAE
MONTRÉAL, le 10 sept. 2013 /CNW Telbec/ - Satisfaite que l'on puisse enfin débattre de la véritable proposition gouvernementale, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) accueille néanmoins avec d'importantes réserves le projet de charte des valeurs déposé aujourd'hui par le gouvernement Marois parce qu'il manque de cohérence dans son ensemble.
« Nous sommes déçus que l'on s'appuie sur une charte des valeurs, qui fait référence à des principes moraux, plutôt que sur une charte de la laïcité, qui fait appel à des principes politiques. Ce sont justement les principes politiques qui ont fait défaut jusqu'à présent, a commenté à chaud le président de la FAE, Sylvain Mallette. Le Québec n'est pas en situation de crise. C'est pourquoi, nous espérons que le débat puisse se tenir dans un climat serein et dans le plus grand respect des différences. »
La FAE a rendu public la semaine dernière son modèle de laïcité et d'accommodements raisonnables. La laïcité y est définie comme principe politique assurant la séparation de l'État du pouvoir religieux, ainsi que la neutralité de l'État au regard des croyances religieuses. Cependant, cette laïcité doit s'appliquer aux institutions plutôt qu'aux individus parce que le port de signes religieux n'est pas synonyme de prosélytisme.
« L'objectif de rallier l'ensemble de la population québécoise autour de valeurs communes ne sera jamais atteint si le document mis sur la table ce matin est adopté tel quel, car il comporte, même si elles sont des mesures transitoires, des échappatoires, des critères d'exclusion et des clauses dérogatoires, ce qui rendra le débat inutilement compliqué », a souligné M. Mallette.
Parmi les incohérences relevées, notons le maintien du crucifix dans le Salon bleu de l'Assemblée nationale et le fait que l'on fasse porter par certaines et certains le poids de la laïcité et pas à d'autres. « Cela va à l'encontre de l'objectif de neutralité de l'État et de cohésion sociale », de dire le président.
Dans le modèle de laïcité et d'accommodements raisonnables qu'elle a mis de l'avant, la Fédération estime qu'il ne faut pas remettre en question le droit au travail des enseignantes et enseignants et des autres personnels des établissements scolaires du simple fait qu'une ou un employé porte un vêtement ou un accessoire ayant une connotation religieuse ou culturelle, à moins que ceux-ci ne contreviennent aux règles de base de sécurité et du professionnalisme qui régissent déjà les différents métiers et professions.
« La proposition gouvernementale sur la dimension des accessoires ostentatoires ouvre la porte à une application arbitraire. Allons-nous passer de l'époque où les directeurs d'école mesuraient la longueur des jupes des jeunes filles pour s'assurer qu'elles respectaient le code vestimentaire à l'ère de l'évaluation de la grosseur des signes religieux? », a questionné M. Mallette.
Aussi, la FAE est déçue que le projet de charte ne s'applique pas aux écoles privées et que la question soit renvoyée à la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Marie Malavoy. Les écoles privées, qui sont financées à plus de 60 % par des fonds publics, doivent être soumises aux mêmes règles que les écoles publiques, incluant les exigences faites au personnel enseignant.
La FAE regroupe huit syndicats qui représentent quelque 32 000 enseignantes et enseignants (le tiers du personnel enseignant au Québec) du préscolaire, du primaire, du secondaire, du milieu carcéral, de la formation professionnelle, de l'éducation des adultes et le personnel scolaire des écoles Peter Hall et du Centre académique Fournier, ainsi que les membres de l'Association de personnes retraitées de la FAE (APRFAE).
SOURCE : Fédération autonome de l'enseignement (FAE)
Armand Dubois, conseiller au Service des communications
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