Chasse au caribou: un droit ancestral inaliénable
QUÉBEC, le 1er mars /CNW Telbec/ - C'est avec grande fierté que les Chefs de l'Alliance stratégique innue ont fait le bilan de l'expédition de chasse au caribou, qui a eu lieu la semaine dernière au Labrador. "Cette action est une belle réussite et une grande victoire. D'une part, nous ramenons des caribous pour nos communautés, et d'autre part, nous nous sommes faits entendre par les gouvernements, notamment celui de Terre-Neuve/Labrador qui a compris qu'il devait tenir compte de nos droits dans l'avenir", a déclaré le Chef de Uashat Mak Mani Utenam, Georges-Ernest Grégoire.
Quelque 150 chasseurs ont pris part à cette expédition dont l'un des objectifs était d'affirmer leur droit ancestral inaliénable de chasse au caribou sur leur territoire traditionnel situé tant au Québec qu'au Labrador, un droit qui leur était pourtant nié jusqu'à maintenant par les autorités gouvernementales de Terre-Neuve/Labrador. Au terme de cette chasse, environ 250 caribous ont été tués et ramenés dans les communautés pour être distribués à des fins alimentaires.
"Nous pratiquons la chasse au caribou depuis plusieurs milliers d'années sur un territoire que nous appelons le Nitassinan. Aucune frontière inventée par les Euro-canadiens, arrivés ici depuis seulement quatre siècles, ne peut limiter notre Nitassinan et les droits que nous y possédons. Notre démonstration de la semaine dernière est claire et affirme notre ferme volonté de défendre nos droits contre toute atteinte de la part des gouvernements fédéral et provinciaux", a quant à lui affirmé le Chef de Matimekush-Lac-John, Réal McKenzie.
Extinction?
"Le débat entourant l'extinction du caribou forestier est un faux débat. Nous ne menaçons aucune espèce animale. Le caribou est pour nous un animal sacré que nous respectons et que nous protégeons depuis des temps immémoriaux. Ce ne sont pas les troupeaux de caribous qui sont en voie d'extinction, c'est plutôt la nation innue qui doit lutter contre les politiques d'assimilation et sa disparition. Pour nous, l'exercice de nos droits, c'est une question de survie", de préciser le Chef d'Ekuanitshit, Jean-Charles Pietacho.
Les aînés innus rappellent que la chasse traditionnelle se fait depuis toujours dans le respect le plus complet de l'animal. Des aînés présents la semaine dernière ont d'ailleurs profité de l'occasion pour enseigner leurs connaissances aux plus jeunes. Ces aînés, qui connaissent de fond en comble le Nitassinan, ne comprennent pas et ne partagent pas les explications fournies par les biologistes canadiens en ce qui concerne la soi-disant harde menacée. Ils rappellent qu'avant la colonisation, il n'existait qu'un seul troupeau de caribou sur cette partie du Nitassinan. Il provenait de la Rivière-Georges et assurait un cycle migratoire important. Par la colonisation intensive du territoire, ce troupeau s'est scindé et une partie se serait sédentarisée dans la forêt, alors que l'autre aurait continué son parcours migratoire habituel. Lors de la migration dans la forêt du caribou des bois, certains caribous ont décidé de rester dans la forêt. Les deux groupes représentent ainsi un seul et même troupeau. Certains biologistes, méconnaissant des faits historiques, perçoivent donc faussement les deux groupes comme des hardes distinctes. Il existe aujourd'hui près de 3 000 caribous dits "forestiers", qui ne représentent pas une espèce menacée.
"Les accusations d'extinction du caribou forestier, toujours prononcées par le gouvernement de Terre-Neuve/Labrador lorsque des Innus du Québec chassent sur le territoire, sont frauduleuses et ne visent qu'à monter l'opinion publique contre nous, dénonce le Chef d'Unamen Shipu, Georges C.S. Bacon. Je fais bien plus confiance aux Innus qu'aux gouvernements pour protéger la faune et l'environnement."
Une nation divisée par les gouvernements
"Notre action n'était pas dirigée contre nos frères et sœurs innus au Labrador, mais contre les gouvernements qui refusent de reconnaître nos droits en nous imposant une frontière absurde", a tenu à préciser le Chef de Pessamit, Raphaël Picard. Il rappelle que la division de la nation innue est le résultat des politiques coloniales des gouvernements, dont l'infâme Loi sur les Indiens.
Les Chefs de l'Alliance innue reconnaissent le droit légitime des communautés innues du Labrador à conclure des ententes avec les gouvernements. Ils ne remettent pas en question les ententes ou les négociations entre Innu Nation et les gouvernements fédéral et provincial, mais promettent de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que leurs droits soient ignorés ou enfreints. L'Alliance stratégique innue se battra notamment pour que ses droits territoriaux soient pris en considération dans le cadre de la négociation d'un futur traité au Labrador.
L'Alliance stratégique innue
L'Alliance stratégique innue regroupe les Chefs des communautés d'Ekuanitshit, Matimekush-Lac John, Pessamit, Uashat mak Maniutenam et Unamen Shipu, représentant environ 12 000 personnes, soit 70% des membres de la nation innue vivant au Québec. L'Alliance stratégique a pour objet de permettre aux parties de défendre de manière convergente leurs droits et intérêts communs, ainsi que d'initier des interventions conjointes de tous genres afin d'atteindre des résultats politiques, économiques et judiciaires.
Renseignements: Marie-Hélène Boudreau-Picard, Conseillère en communication/Cardinal Communication, (450) 638-5159, (514) 349-2315, 1-877-638-5159, [email protected]; www.cardinalcommunication.com
Partager cet article