Cinquième rapport annuel du Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques : Amélioration constante pour les producteurs, détérioration inquiétante pour les bars et encadrement nécessaire des prix de l'alcool
MONTRÉAL, le 15 mars 2012 /CNW Telbec/ - Le Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques, présidé par Me Claude Béland, a rendu public ce matin son cinquième rapport annuel sur les pratiques des membres de l'industrie en matière de communication, de commercialisation et de promotion de l'alcool. Trois grands volets en ressortent : la réduction du nombre de plaintes contre l'industrie de l'alcool, les pratiques intolérables dans les bars et l'argument du prix pour vendre l'alcool.
Diminution spectaculaire des plaintes reliées à l'industrie de l'alcool depuis 5 ans
En 2008, le Conseil d'éthique enregistrait le plus grand nombre de plaintes, soit 211. En 2012, ce nombre ne s'élève qu'à 19. Cette diminution marquante s'expliquerait à la fois par l'amélioration indiscutable des pratiques de commercialisation de l'alcool par l'industrie, par l'augmentation du seuil de tolérance de notre société et par le sentiment d'impuissance qu'une partie de la population ressent, ayant perdu confiance en la capacité ou en la volonté des pouvoirs publics de mettre fin à ce qu'elle considère comme inacceptable. Le Conseil encourage néanmoins la population à dénoncer les situations et les pratiques qu'elle juge à l'encontre de ses valeurs.
Augmentation des pratiques inacceptables dans les bars et renforcement des pouvoirs d'enquête de la RACJ
Parmi les 19 plaintes reçues par le Conseil d'éthique, 15 étaient dirigées contre des bars. Celles-ci portaient notamment sur la promotion de la consommation excessive par des offres d'alcool gratuit, sur le recours au sexisme et aux pratiques promotionnelles dégradantes pour les femmes, sur la sollicitation des mineurs au sein d'établissements d'enseignement.
« Il suffirait que quelques sanctions exemplaires soient prises et qu'elles soient largement publicisées pour qu'elles aient un effet dissuasif majeur. Pour cela, le Conseil demande que le gouvernement donne à la Régie des alcools, des courses et des jeux les moyens de faire appliquer les lois dans toute leur sévérité à l'égard de pratiques de toute évidence illégales, par l'ajout d'inspecteurs dédiés dont elle ne dispose pas à l'heure actuelle », a indiqué Claude Béland.
Enfin, le Conseil se réjouit du fait que tous les adhérents au code d'éthique en aient respecté les dispositions. Deux plaintes ont été déposées à leur encontre et elles n'étaient pas fondées.
L'alcool gratuit et l'augmentation de la taxation sur la bière
Cette année, le Conseil a été interpellé sur la question du prix minimum de la bière et sur le recours à l'argument du prix pour vendre de l'alcool. Il a partagé ses réflexions sur ce sujet avec l'industrie de l'alcool et l'a invitée à mener en ses rangs pour s'autoréglementer dans ce domaine avant que des interventions d'autorité soient rendues nécessaires si des abus devaient survenir.
De fait, lorsqu'il reçoit une plainte, le Conseil évalue si l'offre promotionnelle a pour effet de réduire le prix de l'alcool au point que celui-ci devienne une incitation à la consommation abusive. C'est notamment le cas lorsqu'un produit alcoolisé est accessible gratuitement.
« Nous savons que certains consommateurs apprécient les gratuités, mais celles-ci ne doivent pas servir d'argument de vente ou de moyen d'attirer les consommateurs dans les magasins. Annoncer à tout le monde, ouvertement, que l'on donne de l'alcool, c'est banaliser le produit au point de contredire l'esprit du code d'éthique », de préciser Claude Béland.
D'autre part, les tactiques commerciales des grandes brasseries permettent aux grandes surfaces et aux chaînes qui disposent d'un pouvoir d'achat considérable d'obtenir leur bière à des prix dérisoires et de la vendre au prix minimum, ce qui est impossible pour les petites surfaces et les dépanneurs. On note même que ces derniers se procurent parfois leur bière dans les grandes surfaces, qui la leur vendent moins chère que les brasseries elles-mêmes.
Il apparaît au Conseil que les pratiques commerciales dans ce secteur doivent faire l'objet d'un encadrement plus rigoureux et que le prix de la bière devrait faire l'objet d'un débat et d'une révision, notamment pour qu'il occupe la même proportion du panier à provision qu'il y a 15 ans,
« Augmenter le prix minimum de la bière a pour effet d'augmenter les profits privés, alors qu'augmenter la taxation sur la bière, c'est remettre des sommes additionnelles à l'État, donc à la collectivité. Les coûts sociaux de l'abus d'alcool sont énormes, il est normal que l'État prenne, par la réglementation, le parti de la prévention et de la santé publique. C'est l'option que nous favorisons », de conclure Claude Béland.
À propos du Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques
Créé en 2006, le Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques est un organisme d'autoréglementation qui a pour mandat de voir à l'application du code d'éthique dont se sont dotés les distillateurs, les fabricants de vin, les fabricants de cidre, les agents promotionnels, la Société des alcools du Québec et auquel ont adhéré les associations de restaurateurs, de chaînes de restaurants, de propriétaires de bars, tavernes et brasseries.
Toute personne qui souhaite porter plainte auprès du Conseil d'éthique peut le faire en se procurant un formulaire de plainte sur son site Internet (www.conseilethique.qc.ca) ou par courriel ([email protected]).
Source : Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques
Pour informations supplémentaires et entrevues :
Rosalie Bergeron
418 529-3223, poste 23
Cellulaire : 581 982-5539
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