MONTRÉAL, le 12 avril 2016 /CNW Telbec/ - Le ministère de la Santé bloque sans raison les projets de cliniques développés par des infirmières praticiennes spécialisées en soins de première ligne. Ces cliniques sans médecin sont flexibles, répondent à des besoins parmi les Québécois et une infirmière praticienne coûte au système de santé environ trois fois moins qu'un médecin omnipraticien, montre une Note économique publiée aujourd'hui par l'IEDM.
Ces infirmières praticiennes spécialisées en soins de première ligne peuvent notamment poser des diagnostics et prescrire certains médicaments, des activités habituellement réservées aux médecins. Elles sont au nombre de 225 au Québec comparativement à près de 2000 en Ontario. Alors que la province voisine compte aussi plus de 25 cliniques de superinfirmières, le réseau public de santé n'en compte aucune.
« Heureusement, le secteur privé remédie à la situation. Depuis un an, les projets de cliniques d'infirmières praticiennes voient le jour. Cela permet de voir cette solution à l'œuvre, pendant que le secteur public passe à côté d'une formidable opportunité », analyse Youri Chassin, économiste et auteur de la publication.
Les infirmières praticiennes peuvent s'occuper à des coûts très bas des cas d'amygdalites, d'otites ou de sinusites, prescrire des antibiotiques pour les affections courantes, prescrire la pilule anticonceptionnelle ou faire des points de suture, par exemple.
« Elles peuvent offrir un meilleur accès à des soins de base, ajoute Youri Chassin, en citant l'exemple de la clinique sans médecin SABSA, à Québec. Cette clinique menace de fermer ses portes, privant potentiellement des centaines de familles de l'accès à des soins de première ligne. »
Le cas des superinfirmières illustre à quel point il est difficile pour les solutions innovantes d'émerger dans un système de santé caractérisé par une approche bureaucratique, un rationnement des services et un accès difficiles aux soins. Depuis les années 1970, avec la création des CLSC, puis encore dans les années 2000 avec les GMF, les solutions que le ministère tente d'implanter sont toujours imposées d'en haut et échouent immanquablement.
« Il est grand temps de laisser une chance aux solutions innovantes qui émergent d'elles-mêmes, croit Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques et coauteur de la publication. L'offre actuelle pour les soins de première ligne est rigide et bureaucratisée, alors que les superinfirmières représentent une solution flexible pour ceux qui n'ont pas facilement accès à un médecin de famille. »
Parce qu'elles ne peuvent travailler plus de 35 heures par semaine dans le secteur public, les superinfirmières se tournent vers le secteur privé. Celui-ci offre davantage de flexibilité que le réseau public et semble miser davantage sur leurs compétences.
« Il est primordial que les ressources disponibles en santé soient utilisées de la manière la plus efficace possible. Le gouvernement devrait encourager ces nouveaux modèles de soins et favoriser une approche libéralisée avec un cadre plus souple s'il souhaite améliorer la qualité générale du système de santé public québécois », concluent Youri Chassin et Alexandre Moreau.
La Note économique intitulée « Cliniques de superinfirmières : une solution flexible pour un meilleur accès aux soins de santé » est signée par Youri Chassin, économiste et directeur de la recherche à l'IEDM et Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques. Cette publication est disponible sur notre site.
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L'IEDM est un organisme de recherche et d'éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l'IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
SOURCE Institut économique de Montréal
Demandes d'entrevues: Pascale Déry, conseillère principale, communications et développement, IEDM, Tél. : 514-273-0969 p. 2233, Cell. : 514-502-6757, Courriel : [email protected]
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