Coalition pour la pratique sage-femme - Un pas dans la bonne direction
MONTRÉAL, le 18 févr. 2013 /CNW Telbec/ - La Coalition pour la pratique sage-femme (CPPSF), qui regroupe des centaines de milliers de femmes au Québec, se réjouit de l'annonce faite aujourd'hui par la ministre déléguée aux Services sociaux et à la Protection de la jeunesse et responsable de la région de Lanaudière, madame Véronique Hivon. Au nom du ministre de la Santé et des Services sociaux, le docteur Réjean Hébert, elle a déclaré que les femmes et les familles de Lanaudière auraient bientôt accès à des services de sage-femme et à une maison de naissance.
Pour la CPPSF, cette annonce est un pas de plus vers la concrétisation de l'engagement du ministère de la Santé et des Services sociaux, formulé dans sa politique de périnatalité, de mettre en place 13 nouvelles maisons de naissance au Québec et de rendre accessibles les services de sage-femme à 10 % des Québécoises d'ici 2018.
Cette annonce, ne l'oublions pas, est l'aboutissement du travail acharné et de la demande exprimée depuis plus de sept ans par le groupe citoyen Accès maisons de naissance de la région, qui a travaillé sans relâche auprès des décideurs de l'Agence de la santé et des services sociaux de Lanaudière pour que ce projet voie le jour. La coalition souhaite que le CSSS du Sud de Lanaudière intègre le groupe citoyen dans sa mise en œuvre. « Les maisons de naissance sont le résultat de la demande des femmes et elles doivent être partie prenante de la mise en place et du fonctionnement », précise Lysane Grégoire, présidente du groupe MAMAN, et membre de la CPPSF.
Un dossier hautement politique qui demande fermeté et vision
Toutefois, pour la CPPSF, le ministre de la Santé et des Services sociaux, doit faire en sorte que son ministère sorte d'une logique de développement minimal et prenne tous les moyens nécessaires pour prioriser la mise en place des maisons de naissance comme prévu dans la politique de périnatalité (2008-2018). « Il est essentiel, dans un réseau public de santé, qu'il s'assure de la collaboration des centres hospitaliers à l'intégration des sages-femmes dans les régions », souligne la coordonnatrice de la CPPSF, Lorraine Fontaine.
La Coalition pour la pratique sage-femme souhaite que le développement des services de sage-femme et des maisons de naissance fasse l'objet d'une planification nationale dans laquelle le MSSS appliquera ses propres stratégies et les recommandations qui lui sont faites. Il est grand temps que soit mis en place le comité national de soutien et de planification des maisons de naissance qui permettra de répondre aux besoins exprimés par les femmes et les familles du Québec d'avoir des services de première ligne en périnatalité.
« Les maisons de naissance constituent un modèle d'organisation des services de maternité, envié au Canada et ailleurs dans le monde. Ce sont des infrastructures de première ligne qui ont le potentiel de devenir la porte d'entrée du système de santé en périnatalité, pour les femmes en bonne santé vivant une grossesse normale et qui le souhaitent », rappelle Lorraine Fontaine.
Une résistance systémique
Depuis 30 ans, l'intégration des sages-femmes dans le système de santé résulte d'abord et avant tout de luttes citoyennes tenaces. Aux quatre coins du Québec - Montérégie, Lanaudière, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Gaspésie-Îles-de-La-Madeleine, Montréal, Laval, Kamouraska, Victoriaville, Sept-Îles, Rivière-du-Loup, Beauce, Hautes-Laurentides - de nombreux groupes citoyens revendiquent depuis des années des services de sage-femme et des maisons de naissance, mais font face à des processus complexes et à des résistances parfois locales, régionales ou carrément ministérielles.
Comme le souligne Lorraine Fontaine, coordonnatrice de la CPPSF : « Tandis qu'on se réjouit dans Lanaudière, les groupes citoyens de Laval et de La Baie des Chaleurs font actuellement face à un cul-de-sac dans leurs projets ».
Ailleurs, dans les régions du Bas-Saint-Laurent et du Cœur-du-Québec, les sages-femmes qui travaillent dans les maisons de naissance mises en place respectivement en 1995 et en 2003 se voient encore refuser, par les centres hospitaliers régionaux, la possibilité de pratiquer les accouchements à l'hôpital. « Ce refus inacceptable limite le droit de choisir des femmes le lieu de naissance qui leur convient le mieux (maison de naissance, domicile ou hôpital) et entrave le développement de ces services de première ligne dans ces deux régions. » précise Lorraine Fontaine.
À Montréal, aucune nouvelle maison de naissance n'a été mise en place depuis 1994 alors que seulement une femme sur cinq qui en fait la demande reçoit les services de sage-femme. Les femmes et les familles de l'est de l'île n'ont toujours pas accès à une maison de naissance dans une région qui compte pour le quart des naissances au Québec. Un projet du CSSS Jeanne-Mance déposé par l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal est toujours en attente d'une approbation du ministre.
Le ministère se contente d'un développement minimal
Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a récemment fait savoir à des membres de la CPPSF qu'il n'a pas l'intention d'interpeller les centres hospitaliers en région qui refusent de permettre aux sages-femmes de pratiquer les accouchements dans leurs institutions. De plus, le ministère a décidé de ne pas appliquer les diverses recommandations de la Commission permanente de la santé et des services sociaux, émises en 2011, qui favoriseraient, entre autres, une meilleure connaissance du travail des sages-femmes dans le réseau de la santé et dans la population ainsi que du haut degré de sécurité de leurs services.
Le MSSS commande et reçoit de nombreux rapports, fort couteux, qui tous confirment l'importance de soutenir et de planifier le développement des maisons de naissance dans le réseau de la santé (rapports de l'INESSS [2012] et rapport du commissaire à la santé [2011]). Il a lui-même produit un document sur les stratégies de mise en œuvre de la politique de périnatalité (2008-2012). Malheureusement, il faut constater que dans le dossier des sages-femmes il y a loin de la coupe aux lèvres.
À propos
La Coalition pour la pratique sage-femme est composée de :
Afeas (Association féminine d'éducation et d'action sociale)
Association des étudiantes sages-femmes de l'UQTR
Cercle des fermières
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Fédération des femmes du Québec (FFQ)
Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN)
Fédération québécoise des organismes communautaires famille (FQOCF)
Groupe MAMAN, Mouvement pour l'autonomie dans la maternité et pour l'accouchement naturel
L'R des centres de femmes du Québec
Regroupement Les sages-femmes du Québec (RSFQ)
Regroupement Naissance-Renaissance (RNR)
Réseau des Centres de ressources périnatales du Québec (Réseau des CRP)
Réseau québécois d'action pour la santé des femmes (RQASF)
Seréna Québec
SOURCE : CSN
Noémi Desrochers, Service des communications de la CSN
Cellulaire : 514 216-1825 ; bureau : 514 598-2162.
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