Colombie: Les libéraux et les conservateurs ferment les yeux sur les
violations des droits de la personne
OTTAWA, le 26 mars /CNW Telbec/ - L'AFPC est profondément troublée de constater que les libéraux sont prêts à collaborer avec les conservateurs pour ignorer les préoccupations des syndicats et de la société civile au sujet des graves violations des droits de la personne en Colombie. Le porte-parole libéral en matière de commerce, le député Scott Brison, de concert avec le président colombien, Alvaro Uribe, a concocté une modification au projet de loi (C-2), mettant en oeuvre l'Accord de libre-échange Canada-Colombie (ALECC), sur le rapport annuel d'évaluation des incidences de l'ALECC sur les droits de la personne et du travail après la mise en vigueur de l'Accord.
C'est le gouvernement colombien lui-même qui soumet régulièrement à l'OIT des rapports d'évaluation sur ses propres progrès relativement aux droits de la personne et aux droits du travail, même si la Colombie demeure l'un des endroits les plus dangereux au monde pour tout militant syndicaliste. En 2009, 45 syndicalistes ont été assassinés; plus de 2 700 depuis 1986. Quatre-vingt-dix-sept 97 % de ces crimes sont restés impunis.
L'AFPC soutient que toute évaluation des incidences de l'accord sur les droits de la personne doit être menée par une tierce partie crédible, des experts indépendants en droits de la personne. Une évaluation complète indépendante sur les droits de la personne doit être entreprise avant la mise en vigueur de l'Accord. Autrement, le Canada deviendra complice des pires violations des droits de la personne de l'hémisphère occidental.
Seulement en 2009, 45 militants syndicalistes et 114 autochtones ont été assassinés et des milliers d'Afro-Colombiens ont été chassés de leurs terres. Le gouvernement de Colombie a été impliqué dans des scandales de corruption, d'espionnage illégal de juges, d'avocats, de fonctionnaires, de financement occulte de partis politiques. Selon le bureau de l'ombudsman et de l'avis d'observateurs, durant les récentes élections législatives en Colombie, à laquelle les alliés du président Uribe ont été les grands gagnants, les bureaux de scrutin dans un tiers des municipalités ont été la cible d'actes de violence, de corruption ou de fraude, d'achat de votes et de pressions indues sur les électeurs.
La motion Brison, appuyée par le député libéral, Bob Rae, et le ministre du Commerce, Peter Van Loan, va à l'encontre de toute norme internationale reconnue régissant le respect des droits de la personne. En proposant cette motion, le Parti libéral a tourné le dos aux normes et conventions internationales protégeant les droits de la personne et a trahi un engagement parlementaire visant à mener une telle évaluation indépendante avant la ratification de l'Accord avec la Colombie. Les pays signataires de conventions internationales sur les droits de la personne ne peuvent faire rapport sur leur propre bilan en matière de droits de la personne. Cela relève de la responsabilité du système international de surveillance des droits de la personne.
De récents rapports de l'ONU et d'Amnistie Internationale ont révélé une violence croissante contre les collectivités autochtones et afro-colombiennes, incluant des meurtres et l'expropriation forcée des terres communales. Ces rapports, et le taux inacceptable d'impunité, ont suffi à convaincre des pays alliés, dont la Belgique et les États-Unis, à bloquer et même mettre fin à tout accord commercial similaire.
Compte tenu du bilan du gouvernement Harper relativement aux droits de la personne : manipulation politique au Centre international sur les droits de la personne et le développement démocratique, fermeture de trois bureaux régionaux de la Commission canadienne des droits de la personne, démantèlement du Programme de contestation judiciaire, réduction des fonds et fermeture de bureaux à Condition féminine Canada, il n'est donc pas étonnant de voir les gouvernements Harper et Uribe prendre des ententes secrètes en coulisse. Quant au Parti libéral, il n'envoie pas non plus un bon message à la population canadienne lorsqu'il se montre prêt à récompenser le pire transgresseur des droits de la personne des Amériques.
Renseignements: Louise Casselman - cellulaire (613) 290-3394, (613) 560-5494
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