Conflit de travail dans l'industrie de la construction - Le Conseil du patronat du Québec suggère l'adoption rapide d'une loi spéciale qui protégerait l'intérêt des clients de la construction
MONTRÉAL, le 28 juin 2013 /CNW Telbec/ - Alors que le conflit de travail dans l'industrie de la construction au Québec se poursuit dans les secteurs industriel et institutionnel et commercial, le président du Conseil du patronat du Québec, M. Yves-Thomas Dorval, a fait parvenir aujourd'hui la lettre ouverte suivante à l'ensemble des élus à l'Assemblée nationale:
« Mesdames les députées, Messieurs les députés,
Tout comme vous, le Conseil du patronat du Québec constate, avec une certaine déception, que la grève déclenchée par l'Alliance syndicale paralyse depuis maintenant près de deux semaines les chantiers de construction au Québec dans les secteurs industriel et institutionnel et commercial, à la suite de l'échec des négociations pour le renouvellement des conventions collectives pour 2013-2017 des 89 000 travailleurs œuvrant dans ces deux secteurs.
Même si une entente de principe a été conclue entre les parties patronale et syndicale concernant le secteur résidentiel et celui du génie civil, de la voirie et des grands travaux, nous déplorons que les négociations soient dans une impasse pour les deux secteurs restants. Cela entraîne des retards et des coûts additionnels pour les clients de ces secteurs.
Rappelons que la valeur totale des investissements publics et privés dans les secteurs industriel et institutionnel et commercial était de près de 10 milliards de dollars en 2012, ce qui représentait environ 3 % du produit intérieur brut (PIB). Bien qu'elles soient pour l'instant difficilement chiffrables, les pertes encourues jusqu'à ce jour s'avèrent sans doute considérables, d'autant plus que la majorité des chantiers sont particulièrement en activité pendant la saison estivale.
Dans ce contexte, alors que le Conseil du patronat du Québec préfère des ententes négociées, nous devons demeurer réalistes et pragmatiques. Nous estimons en effet que dans l'intérêt de l'économie du Québec et de l'ensemble des Québécois, les élus doivent dès maintenant discuter de l'adoption d'une loi spéciale pour faire en sorte que les travailleurs de la construction reviennent le plus tôt possible sur les chantiers.
Cette loi spéciale, si elle devait fixer les conditions de travail au sein des secteurs restants pour les quatre prochaines années, ne devrait cependant pas le faire à n'importe quel prix. Il est en effet louable que les nouvelles conventions collectives protègent le pouvoir d'achat des travailleurs de la construction. Mais il est également essentiel qu'elles tiennent compte de la capacité de payer des donneurs d'ouvrage - qui paient au bout du compte la facture - et que ces conventions contribuent à accroître la productivité dans l'organisation du travail. Il s'agit ici de permettre aux entrepreneurs de la construction dans ces secteurs de demeurer concurrentiels et de répondre aux besoins de leurs clients, dans un contexte où la croissance économique et les chantiers de construction dans ces secteurs risquent de ralentir au cours prochaines années. Une telle approche contribuerait à maintenir également un plus grand nombre d'heures travaillées pour les travailleurs de la construction.
À ce titre, le Conseil du patronat du Québec réitère son ferme appui à l'Association de la construction du Québec, qui a entendu les préoccupations des donneurs d'ouvrage lors de la phase préparatoire des négociations collectives et les a défendues avec vigueur, tout en ayant proposé des solutions, lors des pourparlers avec la partie syndicale.
Il est évident que le déroulement pour le moins chaotique des négociations pour le renouvellement des conventions collectives dans l'industrie de la construction cette année témoigne d'une problématique fondamentale à laquelle il faudra bien un jour trouver une solution. En effet, il faut se poser la question suivante : dans la société d'aujourd'hui, est-il souhaitable de maintenir un régime de relations du travail dans l'industrie de la construction basé sur une syndicalisation obligatoire, qui met aux prises dans un même processus une alliance des syndicats représentant tous les travailleurs dans quatre secteurs, soit l'équivalent d'un monopole?
Les quatre secteurs se retrouvent alors intimement liés par l'impact de l'un sur l'autre, alors que l'ensemble des clients à la fois dans le secteur public (les contribuables), les entreprises clientes donneurs d'ouvrage et les consommateurs sont ultimement pris en otage et héritent de la facture globale, et ce même si les associations spécifiques d'entrepreneurs en construction mettent tout en œuvre pour protéger les intérêts de leurs clients.
Le Québec peut se targuer de bénéficier d'une industrie de la construction disposant de nombreux atouts, tels que la qualité et l'expertise de sa main-d'œuvre et de ses entrepreneurs. Nous ne pouvons collectivement nous permettre de nous priver de leur potentiel plus longtemps en laissant perdurer un conflit de travail qui nuit finalement à tout le monde, incluant les travailleurs de la construction et leurs proches.
C'est pourquoi, Mesdames les députées, Messieurs les députés, nous vous invitons à prendre rapidement les mesures nécessaires pour que l'activité reprenne sur tous les chantiers et que, à plus long terme, nous n'ayons plus à revivre une telle situation qui nuit à la prospérité du Québec. »
Regroupant plusieurs des plus grandes entreprises du Québec, le Conseil du patronat du Québec réunit également la vaste majorité des associations patronales sectorielles, en faisant ainsi la seule confédération patronale du Québec.
SOURCE : Conseil du patronat du Québec
Renseignements et entrevues :
Patrick Lemieux
Conseiller principal - Communications
Cell. : 438 886 9804
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