Consultation publique sur l'immigration - La ministre Weil muette face aux constats de recul du français
MONTRÉAL, le 5 févr. 2015 /CNW Telbec/ - La Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal présentait jeudi matin à l'Assemblée nationale son mémoire dans le cadre de la Consultation publique sur la future politique québécoise en matière d'immigration. Le président, Me Maxime Laporte, était accompagné pour l'occasion du directeur général de la SSJB, monsieur Ibra Kandji qui est d'origine sénégalaise, ainsi que de monsieur Eric Bouchard à titre d'expert du dossier linguistique.
La SSJB souhaitait d'une part, dresser le portrait de la dynamique des langues au Québec en lien avec la politique d'immigration et, d'autre part, déplorer que « par-delà les vœux pieux et les beaux discours consensuels sur la pérennité du français, le gouvernement n'entend vraisemblablement se doter d'aucune cible ni d'aucun objectif clair et quantifiable, fondé sur des scénarios démographiques solides, pour l'avenir de notre langue nationale et notamment l'augmentation, sinon le maintien du poids démographique des francophones d'ici 2025 ».
À la lumière des données présentées par la SSJB démontrant de manière accablante le recul du français au Québec et les projections inquiétantes pour l'avenir, la ministre Weil a été invitée à admettre l'incontestabilité du phénomène d'anglicisation, dont la politique d'immigration est, selon la SSJB, en bonne partie responsable. Or, Madame Weil s'est abstenue de répondre. Toutefois, ni elle ni aucun autre intervenant du Parti libéral ne s'est pour autant opposé à ces constats.
« Tous les indicateurs de vitalité du français sont à la baisse, a fait valoir monsieur Laporte. Le français, langue maternelle, le français, langue d'usage à la maison, le français, langue d'usage en public, le français, langue de travail, le français, langue de l'administration et des services… Ça recule sur tous les plans! »
Il a affirmé : « La dernière étude du Conseil supérieur de la langue française (CSLF) révèle clairement qu'on échoue à atteindre les objectifs de la Charte de la langue française (loi 101) pour ce qui est de l'intégration linguistique des allophones. À toutes fins pratiques, ceux qui parmi les nouveaux arrivants, parlent français en public et au travail… ce sont les francophones et les francotropes! Que les francophones parlent français en public et au travail, voilà sans doute une bonne nouvelle... Mais l'objectif premier de la loi 101 ne consistait-il pas à franciser ceux qui ne connaissent pas ou n'ont pas tendance à maîtriser naturellement notre langue officielle, c'est-à-dire les allophones non-francotropes? Or, d'après les données du CSLF, ces personnes ont pratiquement le même comportement linguistique au travail et dans l'espace public que les locuteurs de langue maternelle anglaise. »
« À noter que les nouveaux arrivants dont la seule langue officielle parlée est l'anglais tendent à quitter massivement le Québec après leur arrivée, d'où l'on voit l'importance de renforcer le français, langue commune, afin de favoriser l'Inclusion. »
La SSJB a notamment recommandé que la composition linguistique des flux d'immigration soit davantage à l'image du poids démographique relatif des francophones et des anglophones au Québec et ne favorise plus l'anglais. Le gouvernement devrait également adopter des balises concernant les budgets alloués à la francisation, par lesquelles il s'assurerait que toutes les sommes nécessaires soient investies pour franciser tous les nouveaux arrivants concernés par ces mesures. En somme, les recommandations consistent à prioriser les nouveaux arrivants francophones, francotropes et ceux qui ont une bonne connaissance le français, de même que les étudiants étrangers qui ont fréquenté des universités francophones.
Monsieur Laporte a par ailleurs tenu à rappeler au gouvernement que les efforts déployés par le Québec dans les années 60, 70 et 80 pour l'obtention de compétences accrues dans le domaine de l'immigration, avaient pour but d'assurer la pérennité du français.
« Or, on a l'impression, à la lecture des documents de consultation que, malgré une profession de foi à l'égard de notre langue officielle, la politique d'immigration en 2015 servira davantage aux besoins immédiats des entreprises qu'à la pérennité du français », a conclu monsieur Laporte.
Fondée par les Patriotes, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal célèbre cette année ses 180 ans. Elle œuvre depuis ses débuts à la défense et à la promotion du français et des intérêts du peuple québécois.
SOURCE Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
Pour information et demandes d'entrevue (Maxime Laporte) : Éric Bouchard, 438-398-5179, [email protected]
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