Conversion résidentielle de l'ancien Séminaire de philosophie des Prêtres de
Saint-Sulpice sur le mont Royal
Les amis de la montagne s'insurgent contre la décision de la ministre St-Pierre de donner son accord à ce projet immobilier privé qui met en cause les principes même de protection et de mise en valeur du mont Royal comme ensemble patrimonial national
MONTRÉAL, le 30 nov. /CNW Telbec/ - C'est par le biais d'un article du journal La Presse vendredi 27 novembre que Les amis de la montagne ont appris que la ministre de la Culture du Québec, Mme Christine St-Pierre responsable de la protection de l'Arrondissement historique et naturel du Mont-Royal, aurait donné son accord au projet de construction résidentielle du Développement Cato sur le site de l'ancien Séminaire de philosophie des Prêtres de Saint-Sulpice, un domaine institutionnel dont l'origine et le paysage remontent aux débuts de Montréal.
Cette décision déçoit profondément les défenseurs du mont Royal. Elle serait d'autant plus surprenante que le Conseil municipal de la Ville de Montréal n'a pas encore eu l'occasion de se pencher sur ce projet qui requiert une modification au Plan d'urbanisme. En effet, il s'agirait d'un geste très peu orthodoxe sur un dossier des plus controversé de l'histoire récente de la montagne.
Est-ce que l'achat sans condition au coût de 46 M $ d'une propriété institutionnelle à un promoteur privé justifierait un traitement différent du dossier, un traitement de faveur ? Si tel est le cas, les citoyens du Québec vont perdre confiance dans nos institutions qui ont la tâche d'assurer la protection du patrimoine collectif, ainsi que dans nos instances de participation démocratique.
Aucune des 60 personnes et organisations qui ont participé aux consultations de l'Office de consultation publique de Montréal dont Les amis de la montagne, n'a pu voir le projet tel que modifié par le promoteur suite au rapport de l'Office. Les amis de la montagne s'inquiètent du traitement que la Ville pourra donner à ce projet suite à la position de la ministre St-Pierre. Des éléments fondamentaux de la protection de la montagne tels que "la capacité limite à ajouter de nouvelles constructions" sans mettre en péril la valeur patrimoniale reconnue par le décret gouvernementale, le maintien des propriétés institutionnelles sur la montagne et la protection des espaces verts ne sont pas réglés.
Contournement d'un processus pour un projet qui déroge au Plan d'urbanisme ?
Rappelons que depuis 2005, tout projet sur le mont Royal doit être approuvé par la Ministre qui intervient seulement après le processus municipal d'analyse et d'approbation. Jusqu'à ce jour, en aucun cas, la Ministre ne s'était prononcée avant le Conseil municipal. Dans le cas du projet de conversion de cet ancien séminaire qui logeait le collège Marianopolis jusqu'en 2007, le Maire de Montréal Gérald Tremblay a confirmé aux représentants des Amis de la montagne que la décision du Conseil municipal ne serait pas prise avant les élections du 1er novembre considérant la controverse et la complexité de ce dossier.
Les amis de la montagne s'étonnent donc d'apprendre que la Ministre aurait donné son accord alors même que le nouveau Conseil municipal ne s'est pas encore réuni pour disposer du projet en séance. Cette information est d'autant plus troublante que Développement Cato, qui a présenté en consultation publique un projet de construction de 325 unités d'habitation et 671 places de stationnement sur un site historique de grande valeur, n'a donc toujours pas obtenu la modification au Plan d'urbanisme et au zonage qui lui permettrait d'engager son projet et que le site reste zoné institutionnel.
Un projet qui fera jurisprudence pour toutes les institutions sur le mont Royal
Alors que d'importants projets institutionnels ou privés comme l'agrandissement de l'Hôpital Général de Montréal au détriment du quartier environnant sèment le doute dans la population sur la solidité de l'engagement des autorités montréalaises et québécoises à protéger la montagne, la position apparente de la ministre de la Culture sur le projet Cato est loin d'être rassurante. C'est l'avenir de toutes les propriétés institutionnelles sur le mont Royal qui est en cause car ce projet fera jurisprudence pour les hôpitaux, les universités, les congrégations religieuses qui seront toutes inspirées par cette situation et encouragées à liquider leurs propriétés sur la montagne pour réaliser des profits au détriment d'un patrimoine dont tous reconnaissent l'importance exceptionnelle et la rareté. Ces grands propriétaires attendent assurément le résultat de la démarche du projet de conversion de l'ancien Séminaire de philosophie qui, jusqu'à tout récemment, appartenait aux Prêtres de Saint-Sulpice.
Demande à la Ministre de faire le point publiquement
Ce site est d'une trop grande importance pour la montagne et les projets futurs pour que l'on fasse l'économie d'une planification rigoureuse et transparente en accord avec le Décret gouvernemental et le Plan d'urbanisme. Les amis de la montagne demandent expressément à la ministre St-Pierre de faire le point publiquement sur cette nouvelle de son accord au projet de reconversion résidentielle de l'ancien Séminaire de philosophie. Nous lui demandons de s'engager publiquement à assumer pleinement et fermement sa responsabilité de protectrice du mont Royal et de son patrimoine, au nom de l'intérêt collectif face aux intérêts particuliers de promoteurs privés ou institutionnels. Enfin, nous souhaitons rencontrer la ministre pour faire le point sur ce dossier et sur la mise en place d'un régime efficace de protection et de mise en valeur du mont Royal qui réponde avec exemplarité, à sa valeur emblématique exceptionnelle.
Renseignements: Gabrielle Korn, Directrice des communications, Les amis de la montagne, (514) 843-8240 poste 237, [email protected], www.lemontroyal.qc.ca
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