MONTRÉAL, le 14 déc. 2022 /CNW Telbec/ - Nos Premières Nations innues d'Essipit et de Pessamit déplorent le manque d'audace du gouvernement du Québec à annoncer des actions concrètes pour protéger le caribou forestier et notre culture, puis à soutenir des exemples concrets de leadership autochtone. En ce jour 8 de la COP15 sur la biodiversité, nos demandes répétées et nos initiatives pour préserver le caribou du Pipmuacan demeurent ignorées par Québec.
Nous accueillons favorablement l'investissement annoncé par Québec pour l'atteinte de la cible mondiale de conservation de 30 % d'ici 2030. Nous saluons également les engagements à soutenir le leadership autochtone et la création d'aires protégées d'initiative autochtone. Toutefois, nous regrettons vivement que le gouvernement du Québec n'ait pas profité de la COP15 pour faire aboutir nos initiatives clés en main pour résoudre un enjeu majeur de la perte de biodiversité au Québec, qu'est celui du déclin du caribou forestier. C'est le cas entre autres du projet d'aire protégée Pipmuakan déposée par le Conseil des Innus de Pessamit en novembre 2020 et qui, depuis, accumule la poussière sur le bureau du ministre.
« Nous avons un projet savamment élaboré et entériné par la Commission indépendante sur les caribous forestiers qui cadre parfaitement avec plusieurs engagements du gouvernement : une aire protégée d'initiative autochtone dans le sud de la province, qui vise à préserver le caribou forestier, une espèce hautement en péril, puis un symbole clé de notre culture et de la biodiversité au Québec. Si le gouvernement du Québec avait une réelle intention d'appuyer le leadership autochtone en matière de conservation, pourquoi ne pas annoncer la protection du projet Pipmuakan? » soulève Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef au Conseil des Innus de Pessamit.
Paradoxalement, pendant que Québec fait la promotion de son Plan Nature, l'exploitation des ressources et le développement de la villégiature se poursuivent dans l'habitat du caribou du Pipmuacan et dans les territoires envisagés par nos initiatives de conservation malgré notre opposition. Cette situation menace l'intégrité du territoire visé par nos projets d'aire protégée et leur valeur de conservation. Elle a aussi pour effet de plonger la population de caribou dans un état encore plus critique, puis d'augmenter les efforts et les investissements qui seront nécessaires pour restaurer son habitat.
« Retarder inutilement des actions concrètes de protection et de restauration de l'habitat de l'espèce ne fait que nous éloigner davantage de l'objectif » s'indigne Michael Ross, directeur Développement et Territoire au Conseil de la Première Nation des Innus Essipit.
Après six jours de participation active à la COP15, nous n'avons toujours pas reçu l'écoute espérée de la part du gouvernement du Québec, qui brillait d'ailleurs par son absence lors de notre évènement organisé au Pavillon du Canada le 7 décembre. En revanche, plusieurs représentants du gouvernement fédéral et des journalistes étaient présents. L'évènement, aussi présenté dans l'espace public auprès de la société civile, a fait salle comble.
« On sent un très fort appui de la part de la population québécoise. Les organisations sont de plus en plus nombreuses à nous supporter, tant au niveau national qu'international avec, par exemple, Amnistie internationale. La société civile est prête à agir pour une véritable réconciliation entre nos peuples, au tour maintenant des gouvernements d'emboiter le pas » mentionne Jean Luc Kanapé, gardien du territoire et d'atiku au Conseil des Innus de Pessamit.
Sans annonce d'action concrète pour le caribou du Pipmuacan, notre bilan du Québec à la COP15 se résultera par un échec.
SOURCE Conseil de la Première Nation des Innus ESSIPIT
Secteur Territoire et Ressources, Conseil des Innus de Pessamit, [email protected], Tél. : 418 567-3132; Marie-Eve B.Théberge, Conseil de la Première Nation des Innus Essipit, [email protected], Tél. : 418 233-2509
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