Coupes dans les soins à domicile - Dr Amir Khadir et Me Jean-Pierre Ménard demandent à la Protectrice du citoyen d'enquêter
MONTRÉAL, le 9 avril 2017 /CNW Telbec/ - Devant la multiplication des coupes dans les services à domicile qui portent une atteinte grave à l'intégrité et à la sécurité des personnes vulnérables qui en bénéficient, le député et médecin Amir Khadir et Me Jean-Pierre Ménard demandent à la Protectrice du citoyen d'enquêter sur la situation rapidement.
Depuis les réformes Barrette, les personnes aînées, malades ou vivant avec un handicap sont de moins en moins nombreuses à recevoir des services à domicile. Le nombre de bénéficiaires est passé de 51 036 en 2011-2012 à 48 159 en 2015-2016. Selon les organismes de défense des droits des personnes vulnérables qui œuvrent sur le terrain, la diminution des services s'explique par les nombreux critères d'exclusion.
« L'insuffisance de services à domicile produit une forme de maltraitance, et Gaétan Barrette le sait très bien. La vie ou l'intégrité des personnes aînées et handicapées est mise en péril quand on coupe leurs heures de service de 50%. Le ministre Barrette doit savoir comme moi que nous les médecins on a un devoir déontologique d'assistance et de secours. Comment peut-il fouler ainsi au pied ses devoirs? Il sait très bien qu'avec le vieillissement de la population actuel, il est urgent d'investir dans les services à domicile pour assurer à toutes les personnes sécurité et bien-être. Sur la base d'un nombre grandissant de critères d'exclusion qui nous sont inconnus, le ministère refuse plutôt d'octroyer des heures de soins à domicile et renvoie les gens vers le privé. Le ministère économise carrément sur le dos des plus vulnérables. C'est inacceptable quand on sait que seulement 10% des besoins des personnes sont réellement comblés et de 8 000 à 10 000 personnes sont toujours en attente de services à domicile », a déploré Amir Khadir en point de presse dimanche matin.
Le dernier rapport de la Protectrice du citoyen sur le sujet date de 2012 et dressait déjà un constat inquiétant.
« La réduction des heures de service d'un grand nombre de personnes qui reçoivent des soins à domicile sans que leurs besoins n'aient changé constitue une atteinte directe aux droits de ces personnes à des services adéquats sur les plans humain et social, de même qu'une sérieuse atteinte au droit à la continuité des soins ainsi qu'à leur droit à la sécurité. Les établissements s'en prennent à des personnes vulnérables dont la grande majorité n'ose pas contester ces décisions de nivèlement par le bas, de peur de perdre le peu qu'il leur reste. Cette réduction de services porte directement atteinte à l'intégrité des personnes et perturbe gravement leur qualité de vie » a quant à lui indiqué l'avocat bien connu pour son travail de protection des patients Jean-Pierre Ménard.
Témoignages de bénéficiaires
Danielle St-Louis est atteinte d'arthrite chronique sévère et a vu ses heures de services à domicile passer de 48 à 22 heures aux 2 semaines. Depuis, elle se sent vieillir à la vitesse de l'éclair. « J'ai 59 ans et je ne me reconnais plus. Je pèse 83 livres parce qu'on a décidé à ma place, apparemment selon les nouvelles balises imposées par M. Barrette, quand je vais pouvoir me doucher, faire remplir mon réfrigérateur, manger, même me coucher et me lever. Je dois aller à mes rendez-vous médicaux, en jaquette, car je n'ai pas la possibilité d'avoir de l'aide pour m'habiller. C'est humiliant. Pourtant, même avec mes 48 heures d'aide à domicile, je coutais moins cher à l'État que si j'habitais en CHSLD, mais ma santé dépérit si rapidement que c'est là que je vais finir par me retrouver », a raconté Danielle St-Louis.
Michel Pigeon est atteint de paralysie cérébrale de naissance. Après avoir reçu 39.5 heures de soins à domicile pendant près de 30 ans, il a été informé en 2016 que ses soins seraient coupés à 27.75 heures par semaine. Il a par la suite entamé de longues démarches pour contester cette coupe, au terme de laquelle il a pu revenir à 30 heures de soins par semaine. « Les services que je reçois me permettent de bien fonctionner au quotidien et d'occuper un emploi rémunérateur. Toutes les coupures que j'ai subies me placent dans une situation d'isolement qui rend mon fonctionnement quotidien de plus en plus difficile. Et je dois continuellement me battre pour conserver les soins auxquels j'ai droit. », a souligné M. Pigeon.
Organismes appuyant la demande d'enquête auprès de la Protectrice du citoyen :
- Exaequo
- Association québécoise des retraités des secteurs publics et parapublics
- Regroupement des aidants naturels du Québec
- Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec
- Conseil québécois des malades
- Association québécoise de défense de droit des personnes retraitées et préretraitées
- Association des retraitées et retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec
- Coalition solidarité santé
SOURCE Aile parlementaire de Québec solidaire
Stéphanie Guévremont, Attachée de presse, [email protected] ou 418-473-2579
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