MONTRÉAL, le 15 nov. 2017 /CNW Telbec/ - Si Santé Canada atteint son objectif de faire baisser le prix plafond des médicaments, cela pourrait nuire à la santé des Canadiens. C'est ce que montre un Point publié aujourd'hui par l'IEDM.
En effet, dans les pays qui ont adopté une telle politique de contrôle des prix, les nouveaux médicaments sont devenus moins accessibles à la population.
« En voulant faire diminuer le prix des médicaments, Santé Canada risque plutôt de faire diminuer l'accès aux médicaments! », souligne Mathieu Bédard, économiste à l'IEDM et auteur de la publication.
Plus tôt cette année, Santé Canada a lancé une consultation visant à réduire les prix maximaux des nouveaux médicaments introduits au pays. Lorsqu'on regarde ce qui est arrivé aux endroits où les politiques publiques ont forcé l'établissement de prix trop bas, on constate que ce sont les patients qui en ont fait les frais.
« En Nouvelle-Zélande, un pays souvent cité en exemple pour le prix de ses médicaments, l'accès par le système public à des traitements pour des maladies comme le diabète, le cancer et l'hypercholestérolémie peut être retardé de plus de dix ans par rapport au Canada », explique Mathieu Bédard.
L'innovation pharmaceutique, qui a notamment contribué à diminuer le nombre de décès prématurés liés au cancer et à réduire la durée des séjours à l'hôpital, en plus de permettre aux personnes âgées de vivre plus longtemps, dépend d'investissements colossaux et de nombreuses années de recherche. Or, les compagnies pharmaceutiques introduisent d'abord les médicaments innovants dans les marchés où le prix des médicaments tient compte de cette recherche et d'un certain retour sur l'investissement.
« Actuellement, le Canada se classe très bien pour ce qui est de l'accès aux nouveaux médicaments, mais si cet équilibre est rompu par une réforme qui force une baisse des prix, il pourrait se retrouver en queue de peloton », ajoute M. Bédard. « En 2015, le Canada se situait au 4e rang parmi les pays de l'OCDE pour la proportion de nouveaux médicaments mis sur le marché. Concernant les délais de lancement, le Canada est le second pays le plus rapide après le Japon, avec un délai moyen de 90 jours après l'approbation, contre plus de 400 jours pour la Nouvelle-Zélande, et près de 300 au Portugal. »
« Les intérêts des patients sont mieux servis lorsque les prix des médicaments sont à un niveau qui permet le financement de la recherche pharmaceutique. Quand la réglementation cherche à instaurer des prix artificiellement bas, ce que risque d'entraîner la proposition de Santé Canada, les patients risquent d'en faire les frais. Avant d'intervenir davantage dans ce marché, nos décideurs publics devraient apprécier l'accès privilégié qu'ont les Canadiens aux médicaments innovants ainsi que la fragilité de l'équilibre qui permet cet accès », conclut Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l'IEDM.
Le Point intitulé « Accès aux médicaments : un équilibre fragile à ne pas rompre » est signé par Mathieu Bédard, économiste à l'IEDM, avec la collaboration de Patrick Déry, analyste en politiques publiques. Cette publication est disponible sur notre site.
* * *
L'IEDM est un organisme de recherche et d'éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l'IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
SOURCE Institut économique de Montréal
Demandes d'entrevues : Pascale Déry, Vice-présidente, Communications et développement, IEDM, Tél. : 514-273-0969 p. 2233, Cell. 514-502-6757, courriel : [email protected]
Partager cet article