MONTRÉAL, le 28 janv. 2021 /CNW Telbec/ - CACTUS Montréal, Dopamine, L'Anonyme, Spectre de rue et Moms Stop the Harm s'inquiètent de la baisse de fréquentation des sites de consommation supervisée (SCS) et des centres d'accès au matériel de prévention, ainsi que de la judiciarisation des personnes les fréquentant, depuis l'entrée en vigueur du couvre-feu. Les organismes de première ligne en réduction des méfaits sont des services de santé essentiels. Les SCS demeurent ouverts même après le couvre-feu. Les personnes parvenant à s'y rendre se verront remettre une attestation de déplacement qu'ils pourront présenter aux policiers en cas de contrôle.
« Il ne faut pas oublier que nous sommes présentement en pleine crise des surdoses au Canada, affirme Julien Montreuil, directeur adjoint à L'Anonyme. Nous encourageons fortement les personnes qui fréquentent nos organismes à continuer à le faire, particulièrement les personnes consommant seuls. »
L'accès au matériel de consommation à moindre risque, à la naloxone (antidote contre les surdoses d'opioïde), à un espace d'injection sécuritaire et à un soutien psychosocial après 20 h est essentiel pour assurer la sécurité et la santé des personnes utilisatrices de drogues par injection et inhalation. La chute de fréquentation de nos ressources durant la période de couvre-feu est particulièrement inquiétante pour des activités essentiellement nocturnes. Nous craignons que ceux qui restent isolés meurent seuls, sans aide, et que ceux qui restent ensemble soient contraints de partager du matériel de consommation, avec les risques que cela comporte pour leur santé.
« La mise en place de mesures exceptionnelles, comme un couvre-feu, ne devrait pas compromettre le travail que nous effectuons depuis des années pour réduire la portée de l'épidémie de VIH ou mettre fin à la crise des surdoses, implore Martin Pagé, directeur général de l'organisme Dopamine. Ce genre de mesure est un recul majeur dans les services de prévention des ITSS et de réduction des méfaits. »
Une nécessaire collaboration
Il est impératif que le SPVM et ses agents laissent circuler les personnes qui désirent venir fréquenter les SCS après le couvre-feu et respectent le caractère essentiel de nos installations pour les personnes qui les fréquentent. Plusieurs personnes nous ont rapporté avoir eu maille à partir avec les policiers malgré leur attestation de déplacement. Ce type de comportement mine les efforts de tous les acteurs œuvrant en réduction des méfaits et met inutilement à risque les communautés marginalisées. Nous insistons pour que la direction du SPVM et la Ville de Montréal réaffirment le droit de circuler de nos usager.es lorsqu'ils se déplacent vers nos ressources auprès des policier.es montréalais.es. La répression ne saurait être une réponse adéquate pour assurer la santé des populations marginalisées et la sécurité des collectivités.
« Certaines personnes ont reçu un constat malgré la présentation de leur attestation d'autre ont vu les policiers simplement la déchirer, sans parler de tous ceux qui ne risqueront jamais de faire face aux policiers seuls la nuit, selon Jean-François Mary directeur général de l'organisme CACTUS Montréal. C'est très inquiétant, car nous craignions que des personnes mettent leur santé à risque en raison du couvre-feu comme on a vu la semaine dernière.»
Crise des surdoses
La pandémie de COVID-19 frappe Montréal simultanément à une autre crise sanitaire d'importance : la crise des surdoses. La lutte contre la pandémie ne doit pas avoir pour conséquence de réduire nos efforts pour enrayer la deuxième. Les mesures de distanciation physique et les confinements mis en place par le gouvernement ont déjà exacerbé la crise des surdoses. L'accès au SCS est donc plus important que jamais. Rappelons que d'avril à juin, le Canada a établi un triste record en enregistrant 1628 décès liés seulement à la consommation d'opiacé. Selon les chiffres de l'INSPQ, au Québec, nous n'avons pas connu un seul mois avec moins 30 morts depuis septembre 2019.
À propos des SCS ?
Un site de consommation supervisée (SCS) est un endroit où les utilisateurs de drogues par injection peuvent venir consommer des drogues qu'ils apportent dans de bonnes conditions d'hygiène et de sécurité ; sous la supervision d'un personnel qualifié et en toute légalité. À Montréal, ils sont offerts conjointement par des organismes communautaires et le CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal.
SOURCE L’Anonyme
Guillaume Faucher -- coordonnateur aux communications de L'Anonyme, [email protected] -- (514) 808-4615
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