Criminalisation des personnes atteintes de maladie mentale : les psychiatres du Canada demandent aux gouvernements d'intervenir English
OTTAWA, le 5 mars 2012 /CNW/ - L'Association des psychiatres du Canada (APC) rend public un Énoncé de principes demandant aux gouvernements fédéral et provinciaux de réduire la criminalisation d'un nombre croissant de personnes atteintes de maladie mentale.
« Au cours des dernières décennies, le nombre de personnes atteintes de maladie mentale au sein du système de justice pénale a augmenté de façon excessive—plusieurs d'entre elles pour des infractions mineures, déclare le Dr Gary Chaimowitz, l'auteur du document de l'APC paru dans le numéro de février de la Revue canadienne de psychiatrie.
On doit accroître les ressources et mieux les coordonnées et augmenter la surveillance et la recherche pour réduire le nombre de Canadiens souffrant de maladie mentale au sein de nos établissements carcéraux, poursuit-il. Nous espérons que la stratégie sur la santé mentale de la Commission de la santé mentale du Canada que nous attendons avec impatience préconisera des mesures en ce sens. »
L'APC recommande que le gouvernement fédéral attribue aux administrations provinciales la responsabilité de doter les hôpitaux et les collectivités des ressources psychiatriques appropriées et suffisantes de façon à prévenir la criminalisation injustifiée des personnes atteintes de maladie mentale grave. L'APC recommande en outre que tous les niveaux de gouvernement examinent les répercussions de la nouvelle législation criminelle fédérale sur les personnes souffrant de maladie mentale pour éviter qu'elles soient injustement traitées. L'APC propose aussi que la Commission de la santé mentale du Canada et le gouvernement créent un mécanisme de surveillance des interactions entre les prisons, les hôpitaux et les services communautaires. On recommande également que la recherche relève des indicateurs prévisionnels qui permettraient de cerner le risque qu'une personne aux prises avec une maladie mentale grave ait des démêlés avec la justice et propose des moyens de prévenir ces démêlés.
Le manque d'accès à des services en santé mentale appropriés et en temps opportun constitue une partie importante du problème. Au cours des derniers 40 ans, les hôpitaux psychiatriques du Canada ont été fermés et le nombre de lits accessibles pour la psychiatrie a diminué considérablement dans tous les hôpitaux. Cependant, les services en santé mentale que l'on avait promis pour appuyer les communautés ont peu de ressources et sont fragmentés.
« Par désespoir, des membres des familles de détenus les ont incités à espérer accéder à ces services par le biais du système de psychiatrie légale », explique le Dr Chaimowitz. Malheureusement, le prix de cet accès est la criminalisation de l'individu. »
Dans son plus récent rapport annuel, l'enquêteur correctionnel révèle qu'au moment de leur admission, 38 % des détenus doivent subir des évaluations plus approfondies pour déterminer leurs besoins en santé mentale. Il en est de même pour plus de 50 % des délinquantes. Cela excède de beaucoup le taux de prévalence de la maladie dans la population générale.
« Les systèmes correctionnels ne sont pas sans danger. Le taux de suicide des personnes incarcérées est près de huit fois supérieur à celui de la population générale. Le taux d'homicide est plus de 14 fois supérieur à celui de la communauté » conclue le Dr Chamowitz.
Lien à l'Énoncé de principes, La criminalisation des personnes atteintes d'une maladie mentale : http://publications.cpa-apc.org/media.php?mid=1269
L'Association des psychiatres du Canada est un organisme national qui représente 4 100 psychiatres et plus de 600 résidents en psychiatrie. Fondée en 1951, l'APC plaide en faveur d'un milieu propice à la prestation des meilleurs soins cliniques, à l'éducation et à la recherche.
Hélène Côté
Association des psychiatres du Canada
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