Crise d'Oka, 1990 - 20e Anniversaire, 2010 - Le Grand Chef Sohenrise Paul
Nicholas déclare que la crise d'Oka appartient à l'histoire et que Kanesatake
se tourne vers un avenir meilleur
KANESATAKE, le 11 juill. /CNW Telbec/ - À l'occasion des 20 ans de la crise de 1990, le Grand Chef de Kanesatake, Sohenrise Paul Nicholas, prononce la déclaration suivante :
LA CRISE D'OKA FAIT PARTIE DE L'HISTOIRE; KANESATAKE ASPIRE À UN AVENIR MEILLEUR
Les événements de l'été 1990 ont été traumatisants pour la société québécoise. Nous pouvons facilement le constater à la lumière des reportages et des commentaires qui se font ces jours-ci. Mais peu de personnes connaissent l'ampleur du traumatisme vécu par la nation mohawk. Pour le Québec et ses médias, l'été 1990 est un événement historique : c'était la "crise d'Oka" ou "l'été indien". Pour nous, Mohawks, il s'agit du quotidien. En fait, les enjeux décisifs aux fondements de la crise de 1990 sont toujours bien présents et demeurent un obstacle persistant à notre développement.
Au cœur du problème, il y a le territoire de la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes, concédée, dans un premier temps, par le Roi de France en 1718 aux Sulpiciens pour l'usage exclusif des Mohawks. En 1759, lors de la conquête, la Couronne britannique réaffirme nos droits sur ces terres, à la fois pour notre usage exclusif et pour nos activités de chasse en conformité avec le Traité d'Oswegatchie. Puis, en 1763, à nouveau, la Proclamation royale stipule que ces terres sont réservées à notre usage et à notre profit.
Malgré cet engagement solennel, les Sulpiciens et les gouvernements ont graduellement vendu la très grande partie de ces terres à des propriétaires privés. Ces ventes étaient illégales et représentent un manquement grave aux obligations de fiduciaire de la Couronne, manquement d'ailleurs en partie officiellement reconnu aujourd'hui par le gouvernement fédéral. Les Mohawks ont toujours protesté contre l'aliénation illégale de ces terres et se sont toujours battus, parfois par la force, pour les défendre.
Le contentieux lié aux terres de la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes a récemment été ravivé par des événements concernant le projet de la société Norfolk. Il est à noter que les terrains, sur lesquels cette entreprise prévoit de construire un lotissement, font partie de la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes, dans la partie appelée "La Petite Commune" que notre peuple utilisait, entre autres, pour le pâturage et les inhumations. La Petite Commune représente près de 2,5 milles carrés. Elle entourait le village indien de la seigneurie (village, aujourd'hui, appelé Oka). Nous tenons à rappeler que le projet de développement immobilier a été initié sans aucune consultation avec notre communauté mohawk.
Après les événements de l'été 1990, le gouvernement du Canada avait accepté de négocier la revendication territoriale des Mohawks de Kanesatake mais, en 2006, il a unilatéralement mis fin au processus de négociation. Depuis, nous en sommes au point mort en dépit de nos appels répétés pour la mise en place d'une nouvelle table de négociations.
Aujourd'hui, nous sommes heureux de voir que le gouvernement fédéral a finalement nommé un négociateur afin que nous puissions examiner les preuves historiques tangibles relatives à cette question et que nous en arrivions à une compréhension historique correcte de notre droit sur la seigneurie du Lac des Deux-Montagnes. Aujourd'hui, nous sommes moins loin d'un accord que nous ne l'étions hier.
Nous ne voulons pas d'une deuxième crise d'Oka, nous voulons que cette question soit réglée comme il se doit, c'est-à-dire par la négociation d'une entente formelle. J'ose croire que les autorités gouvernementales ont appris de la crise de 1990 et que, 20 ans plus tard, nous puissions régler nos différends une fois pour toute, pour que de tels événements ne se produisent plus.
Regard vers l'avenir
Le 11 juillet 2010, ce n'est donc pas vers le passé que nous regardons mais vers l'avenir. Nous sommes résolument engagés dans une marche vers l'autonomisation de notre communauté et la prise en main de notre développement. Fiers de nos racines et confiants dans l'avenir, nous lançons aujourd'hui un message clair à nos voisins Québécois : c'est dans une relation respectueuse de nation à nation, sur la base des traités de "paix et d'amitiés" qui ont jadis été conclus entre nos ancêtres respectifs, que nous voulons nous développer et devenir des partenaires du développement du Québec.
La récente amélioration de nos relations avec les gouvernements du Québec et du Canada nous permet d'aborder l'avenir avec optimisme. Une nation mohawk forte et prospère ne peut être que profitable pour l'ensemble de la société québécoise.
Nous sommes déterminés à employer les moyens nécessaires pour convaincre ces gouvernements et sans attendre un autre 20 ans, ni une autre crise, pour que nous convenions d'une entente définitive quant à la nature de nos terres et de nos droits.
Dans la Paix et l'Amitié,
Grand Chef Sohenrise Paul Nicholas
Au nom des membres élus du Conseil Mohawk de Kanesatake
Le Grand Chef Nicholas et les membres du Conseil Mohawk participent aujourd'hui aux différentes activités organisées sur le territoire de Kanesatake, dont une allocution prononcée vers 12h30 et le lancement du livre "À l'orée des bois" (traduction de "At the wood edge" par Francine Lemay, la sœur du Caporal Marcel Lemay). Une démonstration de jeu de Lacrosse, des danseurs et des percussionnistes sont également au programme.
Renseignements: Éric Cardinal, 450-638-5159, Cell : 514-258-2315, eric@ cardinalcommunication.com
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