Débats des chefs : la question d'une modératrice n'était pas partiale, tranche le Conseil de presse
MONTRÉAL, le 23 mars 2021 /CNW Telbec/ - Le Conseil de presse du Québec a publié sept nouvelles décisions relativement à des plaintes qu'on lui avait soumises. Il en a rejeté quatre et en a retenu trois. Dans ces trois dossiers, le Conseil n'a pas blâmé les médias et a accordé l'absolution étant donné que les manquements constatés ont été rapidement corrigés.
D2019-10-134 : Danny Rioux c. Althia Raj, HuffPost Canada et CBC
Le Conseil a eu à se prononcer sur le travail d'une journaliste appelée à modérer un débat des chefs, présenté par un consortium de médias. La plainte vise une question de la journaliste Althia Raj du HuffPost Canada au chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, lors du débat en anglais diffusé à CBC dans le cadre de la campagne électorale fédérale de 2019. Selon le plaignant, qui a visionné le débat au réseau CBC, la journaliste responsable de modérer le segment sur les droits de la personne et l'immigration avait fait preuve de partialité dans sa question concernant la Loi sur la laïcité de l'État adoptée au Québec en juin 2019.
Le Conseil a d'abord déterminé que le modérateur d'un débat des chefs, dont le rôle est d'animer et d'assurer le bon déroulement des échanges, pratique le journalisme factuel. Pour cette raison, Mme Raj était tenue à un devoir d'impartialité.
Selon la majorité des membres du comité des plaintes, Mme Raj n'a pas fait preuve de partialité. En interrogeant Jagmeet Singh - qui arbore lui-même un signe religieux - sur la Loi sur la laïcité de l'État, la journaliste lui demandait de prendre position sur un sujet qui pourrait le rendre impopulaire au Québec. Se faisant, la journaliste a cherché à savoir s'il avait le « courage », en tant qu'aspirant au poste de premier ministre du Canada, de s'opposer à la Loi sur la laïcité de l'État, au risque de perdre une partie de l'électorat québécois. Ainsi, aux yeux des membres majoritaires du comité des plaintes, Althia Raj n'a pas exprimé d'opinion, mais a plutôt tenté d'obtenir des réponses à une question qui occupait l'espace public au moment du débat.
Un membre a exprimé sa dissidence, estimant que certaines formulations péjoratives de Mme Raj faisaient preuve de partialité.
D2019-07-093 : David Brett Normandeau c. Steve Sauvé et La Voix Régionale Vaudreuil-Soulanges
Le titre « Accusé d'avoir battu gravement un bébé de 17 jours » est jugé inexact. Comme le média a corrigé son erreur en modifiant le titre pour « Accusé d'utilisation d'une force excessive sur un bébé de 17 jours », le Conseil accorde l'absolution et ne blâme pas le média. Le choix des titres ne relevant pas de la responsabilité des journalistes, Steve Sauvé n'était pas visé par ce grief. Les autres inexactitudes alléguées dans la plainte qui visait également l'article « L'avocat de David-Brett Normandeau demande de faire sa plaidoirie par écrit » sont rejetées tout comme les griefs de manque d'équilibre, d'informations incomplètes, d'absence d'identification d'une source, de manque de vérification des informations transmises par une source et d'absence de correctif.
D2019-11-154 : Marc Olivier Rainville c. Le Téléjournal avec Pascale Nadeau et ICI Radio-Canada Télé
Une information manquait dans le reportage « Changement climatique : plus de nucléaire? » lors de sa diffusion dans l'édition 18h du Téléjournal : la fonction d'un des intervenants importants du reportage, ce qui aurait permis au public d'évaluer son intervention. Ce reportage se penchait sur la question de l'énergie nucléaire comme alternative aux sources d'énergie polluantes, telles que le charbon et le mazout. On y présentait le point de vue de plusieurs experts dont le nom et le titre apparaissaient en surimpression, sauf dans le cas de Sandy Taylor, président de la section Nucléaire de SNC-Lavalin. Radio-Canada a expliqué qu'un problème technique avait causé l'absence du sous-titre de l'intervenant. De façon générale, il est essentiel de présenter les personnes qui interviennent dans un reportage afin que le public puisse être conscient d'un éventuel biais lié à leur fonction et qu'il soit en mesure d'évaluer la valeur, la crédibilité et l'importance de leur témoignage. Ce l'était d'autant plus dans le contexte de ce reportage puisque M. Taylor était le seul intervenant étroitement lié à l'industrie de l'énergie nucléaire. Le titre de M. Taylor ayant été ajouté de manière diligente lors de l'édition suivante du Téléjournal, le Conseil constate que l'erreur a été corrigée, le média évite donc le blâme.
D2020-01-008 : Jean-Yves Pintal c. Sébastien Tanguay et Radio-Canada
Le Conseil a retenu le grief de manque d'équilibre contre l'article « La palissade de 1693 ne serait ni une palissade, ni datée de 1693 » publié sur le site Internet de Radio-Canada. En ne présentant pas le point de vue du plaignant, l'archéologue responsable du chantier qui fait l'objet de la controverse mentionnée dans l'article, le journaliste a manqué à son devoir d'équilibre. Étant donné que les mis en cause ont remédié à leur manquement promptement, soit le matin même de la diffusion de l'article, le Conseil leur accorde l'absolution et ils ne reçoivent pas de blâme. Par ailleurs, les griefs d'incomplétude et de correctif inadéquat sont rejetés.
D2019-12-170 : Pierre Lefebvre c. Patrick Lagacé, Le Québec maintenant, 98,5 FM et Cogeco Média
Le plaignant estimait que Patrick Lagacé avait tenu des propos inexacts lors de son entrevue radio avec la députée de Québec solidaire, Catherine Dorion, au sujet d'une vidéo dans laquelle elle reprochait à la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, de ne pas répondre à une question posée dans le cadre de travaux parlementaires. Le Conseil a jugé que Patrick Lagacé, qui pratique le journalisme d'opinion, n'a pas transmis d'information inexacte en affirmant que la ministre n'a pas répondu à la question de la députée, puisqu'il s'agissait plutôt d'une question d'opinion que de fait.
D2019-09-111 : Pour le droit des femmes (PDF Québec) c. Isabelle Hachey et La Presse
Le Conseil a rejeté les griefs d'informations inexactes et d'informations incomplètes contre la chronique « La femme qui dérange ». Le grief de confusion dans l'identification des genres journalistiques est jugé irrecevable.
2020-01-010 : Patrick Robert-Meunier, conseiller politique au cabinet du maire de la Ville de Gatineau c. Roch Cholette, 104,7 FM et Cogeco Média
Le grief d'informations inexactes concernant une chronique de Roch Cholette dans laquelle il critiquait le travail de l'attachée de presse du maire de Gatineau, diffusée dans le cadre de l'émission Que l'Outaouais se lève, est rejeté. En l'absence de manquement déontologique, le grief de refus de rectification est également rejeté.
À propos
Le Conseil de presse du Québec est un organisme privé, à but non lucratif, qui œuvre depuis près de 50 ans à la protection de la liberté de la presse et à la défense du droit du public à une information de qualité. Son action s'étend à tous les médias d'information distribués ou diffusés au Québec, qu'ils soient membres ou non du Conseil, qu'ils appartiennent à la presse écrite ou électronique. Le Conseil reçoit les plaintes du public et rend des décisions relativement à la déontologie journalistique. Mécanisme d'autorégulation de la presse, le Conseil ne peut être assimilé à un tribunal civil, il ne possède aucun pouvoir judiciaire, réglementaire, législatif ou coercitif; il n'impose aucune autre sanction que morale.
Le Conseil de presse remercie Cision d'avoir rendu possible l'envoi de ce communiqué.
SOURCE CONSEIL DE PRESSE DU QUEBEC
Caroline Locher, secrétaire générale, Conseil de presse du Québec, [email protected]
Partager cet article